Après la sidération quotidienne des informations et images médiatiques, après les batailles de mots, les décryptages à l’emporte-pièce et l’échantillon des manœuvres prescriptives qui ont occupé et miné les espaces de parole publics, arrivent les premières approches historiennes de ce qui se déroule à Gaza et en Cisjordanie depuis le 7 octobre, et les réflexions sur le monde qui a rendu cela possible, qui y assiste ou y participe, et qui y survivra. La parole des concernés, si elle a tardé à se faire entendre, commence d’émerger, faisant apparaître des visages et des noms. Parallèlement aux écrits poétiques issus de la Palestine et de sa diaspora, paraissent en volume des témoignages et textes de survivants de l’extermination en cours, qu’on n’avait pu lire jusqu’ici qu’au coup par coup, le plus souvent grâce aux réseaux sociaux et à des associations de militants. On appréhendait ces récits. On avait raison. Là où nous entendions parler de bombardements, de déplacements, d’évacuations d’hôpitaux, ils nous font saisir de l’intérieur les réalités vécues, et on tremble.