Le personnel médical et les services d’urgence disent que les personnes tuées dans l’attaque incluent beaucoup de femmes et d’enfants.
De très nombreux Palestiniens, dont beaucoup de femmes et d’enfants, ont été tués dans une frappe aérienne israélienne sur un immeuble d’appartements surpeuplé dans la ville gazaouie de Beit Lahiya, alors Israël poursuit son intense attaque de plusieurs semaines sur le nord de la Bande côtière.
L’agence de défense civile de Gaza. a déclaré que 93 personnes avaient été tuées et que 40 étaient portées disparues, dont beaucoup de victimes de la famille Abu Nasr ainsi que des Palestiniens déplacés d’autres zones. Le porte-parole du Département d’État des États-Unis, Matthew Miller, a qualifié la frappe « d’incident horrible avec un résultat horrible ».
Mohamed El-Azamy, 34 ans, qui a été déplacé plus de 15 fois dans l’année, était dans un bâtiment proche de celui ciblé. « La nuit dernière a été l’une des pires nuits que j’ai passées pendant cette guerre », a-t-il dit au Guardian. « Il y a eu des bombardements de toutes les directions. Nous étions réveillés et attendions l’obus ou le missile qui écraserait nos vies jusqu’à quatre heures du matin, quand le bâtiment de nos voisins a été bombardé ».
« La scène était horrible. La plupart [des victimes que j’ai vues] étaient des enfants. Les corps étaient mutilés. Ce qui m’a le plus bouleversé a été la vue des corps d’enfants qui étaient rassemblés et placés sur le bord de la route, leurs vêtements étaient déchirés et gris à cause des décombres. »
Ce dernier incident impliquant des morts civiles à grande échelle s’est produit alors que le Programme alimentaire mondial des Nations Unies appelait à une action immédiate pour éviter une famine, avertissant que la situation dans la partie nord de Gaza « continue à se détériorer, la probabilité qu’un groupe plus grand soit impacté par la famine augmentera sûrement ».
L’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que Washington rejetait « toutes les tentatives israéliennes pour affamer les Palestiniens à Jabaliya, ou n’importe où ailleurs » dans la Bande de Gaza. « Les paroles d’Israël doivent être en correspondance avec leur action [à propos de l’aide humanitaire] sur le terrain. En ce moment même, cela ne se produit pas. Cela doit changer – immédiatement », a-t-elle déclaré au Conseil de sécurité.
La frappe de mardi matin a été déclenchée quelques heures à peine après le vote par le Parlement israélien de deux lois qui pourraient empêcher l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), le fournisseur le plus grand d’aide humanitaire à Gaza, d’opérer dans les territoires palestiniens. Cela marque le point culminant d’une longue campagne contre l’Unrwa, qu’Israël prétend être infiltrée par le Hamas, une allégation que l’agence dénie.
Juste après la frappe, les travailleurs humanitaires et les voisins ont été confrontés à des scènes d’horreur alors qu’ils fouillaient dans des décombres de béton. Des restes de victimes ont été enveloppés dans des couvertures et descendus par une corde, d’un balcon jusqu’au sol ensanglanté. Des membres dépassaient de morceaux de maçonnerie poussiéreuse et des fils de fer tordus.
Les morts incluent une mère et ses cinq enfants, dont quelques-uns étaient adultes, et une autre mère avec ses six enfants, selon une liste initiale des victimes fournie par les services d’urgence.
Une vidéo de l’attaque postée sur les réseaux sociaux montrait des corps enveloppés dans des tapis et des couvertures sur le sol, à l’extérieur du bâtiment, avec le son des drones israéliens audible au-dessus du site.
Ramez Rizk, âgé de 45 ans, était proche du bâtiment quand il a été frappé. « Là où nous étions, cela s’est rempli de l’odeur de la poudre et la dernière fenêtre de la maison a été brisée par la force de l’attaque, mais heureusement personne de ma famille n’a été blessé.
« Les gens du voisinage se sont rassemblés et ont commencé à enlever les corps, à rassembler les restes et à transporter les blessés à l’hôpital Kamal Adwan, bien qu’il soit assiégé et n’ait plus de services fonctionnels. Il y a encore des corps enterrés sous les décombres, le reste des corps qui ont été enlevés ont été transportés sur des ânes et des charrettes à cheval vers les cimetières. »
Dr Hussam Abu Safia, le directeur de l’hôpital Kamal Adwan à proximité, où plusieurs membres du personnel médical ont été emprisonnés lors d’un raid par les troupes israéliennes la semaine dernière, a dit que des dizaines de blessés étaient arrivés dans l’établissement débordé. « Le système de santé s’est complètement écroulé », a-t-il dit, ajoutant que les personnes qui arrivaient blessées mouraient parce qu’il n’y avait aucun moyen de les soigner.
Les Forces de défense d’Israël ont dit qu’elles regardaient les rapports sur ce qui était arrivé à ce bâtiment.
La dernière opération majeure d’Israël dans le nord de Gaza, centralisée sur le camp de réfugiés de Jabaliya et à proximité, a tué des centaines de personnes et a chassé des dizaines de milliers d’autres de leurs maisons dans une nouvelle vague de déplacement de masse, après plus d’un an de guerre.
Israël a fortement restreint l’aide humanitaire au nord ce mois-ci, déclenchant l’avertissement des États-Unis que ne pas faciliter des efforts humanitaires plus étendus pourrait conduire à une réduction de leur aide militaire.
La violence continue au nord de Gaza a lieu avec en arrière-fond les peurs des Palestiniens qu’Israël ne soit en train de mettre en oeuvre un plan proposé par un groupe d’anciens généraux pour ordonner à la population du nord d’évacuer, couper les provisions d’aide humanitaire et considérer toute personne restant sur place comme un militant.
L’armée a nié mettre en oeuvre un tel plan, tandis que le gouvernement n’a pas dit s’il allait le mettre en oeuvre, totalement ou en partie.
Les commentaires de Thomas-Greenfield à propos de la « famine » ont été faits après que les États-Unis ont dit à Israël dans une lettre du 13 octobre qu’il devait prendre des mesures sous 30 jours pour améliorer la situation humanitaire dans Gaza ou serait sinon confronté à des restrictions de l’aide militaire des États-Unis.
Thomas-Greenfield a dit plus tôt ce mois-ci que Washington observait afin de garantir que les actions d’Israël sur le terrain ne montraient pas qu’il avait une politique d’affamement dans le nord.