Une jeune autiste a été tuée par des soldats israéliens. Sa mère ne l’a appris qu’un jour plus tard

Fulla al-Masalmeh, âgée de 15 ans, roulait dans une voiture conduite par Anas Hassouna, âgé de 26 ans, qui, aux dires de l’armée, a accéléré en direction des soldats qui ont alors ouvert le feu, tuant Masalmeh et blessant Hassouna. La famille d’al-Masalmeh n’a appris sa mort que le lendemain, tandis qu’Hassouna na été libéré de sa détention que quelques jours plus tard.

Avant que Fulla al-Masalmeh, jeune autiste de 15 ans de la ville d’El-Bireh en Cisjordanie, soit abattue par les soldats des FDI il y a environ deux semaines, elle a disparu pendant des heures.

Masalmeh a été abattue alors qu’elle roulait dans une voiture conduite par un Palestinien de 26 ans, Anas Hassouna. D’après l’armée, le conducteur a accéléré en direction des soldats et, en réponse, ils ont ouvert le feu sur le véhicule.

Hassouna, qui a également été blessé dans l’incident, a été arrêté. Il a nié avoir accéléré en direction des soldats et a été libéré de sa détention quelques jours plus tard lorsque l’armée n’a pas pu parvenir à la conclusion qu’il avait l’intention de perpétrer une attaque terroriste.

D’après le porte-parole de l’armée, l’Avocat Général de l’Armée a ordonné à la Police Militaire d’étudier l’incident pour décider s’il fallait lancer une enquête.

La famille Masalmeh a dit à Haaretz que, la nuit où Fulla a été tuée, sa mère s’est réveillée vers minuit et a réalisé qu’elle n’était pas à la maison. Une sœur aînée de Fulla, Dalia, a dit à Haaretz que, plus tôt dans la soirée, sa mère avait fermé la porte à clef et caché la clef parce qu’elle craignait que Fulla, qui est autiste, quitte la maison sans surveillance, comme cela lui était déjà arrivé.

D’après la sœur, dans des occasions antérieures, la mère s’était tournée vers la Police palestinienne quand Fulla avait disparu, mais cette fois-ci, elle ne l’a pas fait – parce que ses tentatives précédentes n’avaient été d’aucun secours. De toutes façons, la famille n’a pas su où elle était pendant plusieurs heures. Ce n’est que l’après-midi du lendemain que la famille a découvert qu’elle avait été tuée. « Ma mère ne voulait pas qu’elle sorte de la maison ; elle ne fait pas la différence entre le jour et la nuit, » a dit sa sœur Dalia la semaine dernière à Haaretz.

La famille ne sait pas de façon sure comment Fulla s’est retrouvée dans la voiture d’Hassouna. Hassouna, qui vit dans le village de Bituniya à l’ouest de Ramallah en Cisjordanie, a dit à Haaretz la semaine dernière qu’il a vu Fulla qui se tenait au bord de la route et lui faisait signe de s’arrêter. « Je rentrais chez moi à 3 H. du matin après une sortie. Je l’ai vue dans la rue. Je ne savais même pas son nom. Elle a dit qu’elle était d’El Bireh et qu’elle voulait rentrer chez elle. » Hassouna a ajouté qu’il avait l’intention de la conduire chez elle à proximité d’El Bireh.

Masalmeh et Hassouna ont été atteints par balles vers 3 H. du matin à Bituniya. D’après l’armée, les soldats, qui menaient une opération dans la ville, ont repéré la voiture d’Hassouna et lui ont fait signe de s’arrêter. Les soldats ont dit que la voiture s’est arrêtée quelques secondes puis a accéléré dans leur direction, et ils ont répondu en ouvrant le feu. Hassouna a dit qu’il n’avait pas accéléré et qu’il conduisant lentement puisqu’il était dans une zone résidentielle. « Je n’ai pas vu l’armée, personne ne m’a fait signe de m’arrêter et les tirs m’ont surpris. Pourquoi est-ce arrivé ? Pourquoi ont-ils tiré sur moi ? » a-t-il dit.

Un témoin visuel, qui a parlé avec Haaretz le jour de l’incident, soutient le récit d’Hassouna. D’après le témoin, la voiture que conduisait Hassouna se dirigeait en direction de la jeep des FDI à 20 ou 30 kilomètres à l’heure à cause des ralentisseurs disposés dans la rue à ce niveau. Le témoin a dit que les soldats qui étaient face à la voiture ont commencé à tirer, puis d’autres groupes de soldats qui étaient à proximité et derrière la voiture ont eux aussi commencé à tirer.

Les FDI prétendent également qu’ils ont trouvé des traces d’alcool dans le sang d’Hassouna, mais Hassouna nie avoir bu cette nuit là.

Fulla livait à El Bireh, près de Ramallah au nord de la Cisjordanie, avec sa mère et ses sœurs. D’après sa sœur Dalia, Fulla n’allait pas à l’école et il y avait deux autres enfants autistes dans la famille. Dalia a dit que Fulla avait déjà quitté la maison un certain nombre de fois, mais qu’elle était toujours revenue. « Nous ne comprenons pas pourquoi quelque chose comme ça nous est arrivé », a-t-elle dit.

Dalia a dit aussi que la famille vit dans une zone industrielle, loin des autres maisons, et qu’aucune des filles ne conduit. Et donc, elle n’ont pas pu aller chercher Fulla ou demander de l’aide à des voisins. C’est peut-être pourquoi les responsables palestiniens n’ont pas correctement identifié Fulla et les médias palestiniens ont cité le nom d’une autre femme. Ce n’est que plus tard que Fulla a été identifiée et que la famille a été informée.

L’armée a répondu : « L’examen préliminaire montre qu’une force des FDI en opération à Bituniya a identifié une voiture suspecte qui roulait dans leur direction et lui a ordonné de s’arrêter. La voiture s’est arrêtée quelques secondes, puis a accéléré vers les soldats, qui ont répondu en ouvrant le feu. Après l’incident, on a découvert que le conducteur était sous l’influence de l’alcool. A la suite de l’incident, l’Avocat Général de l’armée a ordonné un examen préliminaire par la Police Militaire.