Aux fins du développement durable du Territoire palestinien occupé, il est indispensable de mettre fin à l’occupation de la zone C de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, ce qui permettra au peuple palestinien de développer sa croissance économique.
Le peuple palestinien a payé un lourd tribut, estimé à 50 milliards de dollars au total entre 2000 et 2020, aux restrictions supplémentaires imposées par Israël dans la partie de la zone C de la Cisjordanie disponible pour le développement palestinien, selon le dernier rapport de la CNUCED à l’Assemblée générale des Nations Unies.
Dans ce rapport, intitulé «Les coûts économiques de l’occupation israélienne pour le peuple palestinien : coût des restrictions supplémentaires imposées dans la zone C, 2000-2020», la CNUCED estime le coût des restrictions supplémentaires à 2,5 milliards de dollars par an. On peut y lire que le coût cumulé entre 2000 et 2020 équivaut à trois fois le PIB de la Cisjordanie en 2020 et à plus de 2,5 fois le PIB palestinien la même année.
La zone C de la Cisjordanie occupée représente environ 60 % de la Cisjordanie et contient toutes les colonies israéliennes. Cette zone est sous contrôle israélien pour des questions civiles et sécuritaires.
Même si, dans plusieurs de leurs résolutions, le Conseil de sécurité de l’ONU et l’Assemblée générale des Nations Unies ont souligné l’illégalité, au regard du droit international, des colonies et de l’acquisition de territoires par la force, les colonies continuent de se multiplier et de s’étendre.
La puissance occupante a pris des mesures d’incitation généreuses en faveur des colons et des entrepreneurs en vue de faciliter l’activité des entreprises industrielles et agricoles. Ceci a encouragé des centaines de milliers de citoyens israéliens à s’installer dans des colonies subventionnées, où ils bénéficient en général d’un niveau de vie supérieur à celui qui prévaut en Israël, d’après diverses sources.
La puissance occupante place 70 % de la zone C sous la juridiction des conseils régionaux des colonies, rendant cette partie inaccessible au développement palestinien, alors même que la zone C’est la plus vaste de Cisjordanie, et l’unique territoire palestinien d’un seul tenant. En outre, elle recense les terres les plus fertiles et les ressources naturelles les plus précieuses.
Par ailleurs, l’accès des Palestiniens au reste de la zone C (30 %) reste très restreint. Dans le rapport, la CNUCED évalue l’impact économique des restrictions supplémentaires sur les activités économiques dans cette partie de la zone C.
Les restrictions et les colonies nuisent aux activités économiques
L’éventail de restrictions imposées par la Puissance occupante limite les activités économiques et la circulation des personnes et des biens dans les zones A, B et C. Il est interdit d’importer certaines technologies et certains intrants, un régime de permis rigoureux est appliqué, des contrôles bureaucratiques sont effectués, auxquels s’ajoutent, outre le mur, des points de contrôle, tels que portes, monticules de terre, barrages routiers et tranchées.
Pour faciliter l’expansion des colonies, Israël restreint encore davantage les activités économiques des Palestiniens dans la zone C. En conséquence, l’activité économique observée est nettement plus faible dans les 30 % de la zone C qui ne relèvent pas de la juridiction des conseils régionaux des colonies que dans les zones A et B.
Dans le rapport, le coût de ces restrictions supplémentaires est estimé à 25 % du PIB de la Cisjordanie. En d’autres termes, si le niveau des restrictions au développement palestinien dans les 30 % de la zone C disponibles pour ce développement était le même que celui appliqué dans les zones A et B, la taille de l’économie de la Cisjordanie serait sensiblement plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui.
Les avantages tirés par la puissance occupante des colonies dans la zone occupée C et à Jérusalem-Est constituent la face cachée du coût pour le peuple palestinien.
Dans le rapport, la CNUCED estime que la contribution annuelle de ces colonies à l’économie de la puissance occupante est de 41 milliards de dollars, soit 227 % du PIB palestinien total en 2021. Ce PIB, produit à partir de terres et de ressources naturelles palestiniennes, est lui aussi révélateur du lourd tribut que le peuple palestinien paie du fait de l’apparition et de la croissance continue des colonies.
Le coût estimé dans le rapport ne représente qu’une fraction du coût de l’occupation israélienne de la zone C et de Jérusalem-Est, qui ne constitue elle-même qu’une petite part du coût économique total qu’entraîne l’occupation pour le peuple palestinien en Cisjordanie et à Gaza.
L’accès des Palestiniens à l’ensemble de la zone C est une condition nécessaire au développement durable du Territoire palestinien occupé et à l’émergence d’un État palestinien viable et d’un seul tenant, fondé sur la solution des deux États, conformément aux résolutions pertinentes des organes de l’ONU.
La CNUCED conclut le rapport en insistant sur la nécessité de lever toutes les restrictions à l’activité économique palestinienne dans la zone C, ce qui permettrait à l’économie palestinienne de disposer des ressources économiques et naturelles dont elle a grand besoin pour se développer et inverser la tendance actuelle, à savoir une aggravation de la crise budgétaire et un accroissement des privations socioéconomiques.