Un petit enfant palestinien touché par un tir de l’armée israélienne meurt de ses blessures

Muhammad Tamimi âgé de deux ans et demi et son père Haytam ont été abattus devant leur maison en Cisjordanie

Muhammad Tamimi, un enfant de deux ans et demi blessé par un tir de l’armée israélienne la semaine dernière dans le village de Nabi Saleh en Cisjordanie est mort de ses blessures, lundi.

La famille Tamimi a fait une déclaration disant que Muhammad est mort « à cause des crimes de l’occupation » ; elle a confirmé que la procession des funérailles partirait de Ramallah en direction de Nabi Saleh mardi matin.

Le ministère palestinien des affaires étrangères a publié lundi une déclaration à la suite de la mort où il condamne « la responsabilité d’Israël pour le meurtre de 28 enfants palestiniens depuis le début de l’année ». La déclaration a aussi réclamé une enquête internationale et a demandé que la Cour Pénale Internationale prenne des mesures contre Israël.

Dans sa déclaration le bureau de l’AP a aussi qualifié l’enquête israélienne sur ce cas de « non pertinente étant donné que son seul but est de blanchir, mentir et protéger les niveaux supérieurs de la politique et de l’armée ».

L’armée israélienne a reconnu l’incident dans lequel Muhammad et son père Haytam ont été abattus et elle a rédigé une déclaration dans laquelle « nous regrettons les blessures subies par des non-combattants et nous travaillons à la prévention de tels incidents. L’incident fera l’objet d’une enquête ». L’enquête n’en est qu’à ses débuts.

Selon l’armée israélienne, Haytam Tamimi et son fils Muhammad ont été blessés près de la colonie israélienne de Neveh Tzuf, juste au nord de Ramallah, lorsque des militants armés ont ouvert le feu sur la colonie et que les soldats israéliens ont répliqué par des tirs.

Le père et le fils ont été amenés à l’entrée de la colonie pour recevoir un traitement médical d’urgence. Le petit enfant, qui a été touché à la tête a été évacué dans un hélicoptère militaire à l’hôpital Tel Hashomer de Ramat Gan.

La déclaration de l’armée a ajouté que « selon notre enquête initiale, deux terroristes ont ouvert le feu pendant plusieurs minutes sur la (colonie), un membre de l’armée a identifié le tir et a riposté. Il semble que ce faisant, nos soldats aient touché deux Palestiniens ».

Selon une enquête militaire sur l’incident, encore incomplète, il s’est passé à 20h jeudi, dans le village cisjordanien de Nabi Saleh. Un soldat posté sous une casemate est celui qui a tiré sur le père et l’enfant. Selon ce soldat, il a ouvert le feu après avoir identifié par erreur la voiture comme étant celle d’où des coups de feu étaient tirés sur lui. L’armée a dit qu’un autre Palestinien avait tiré en direction de la casemate pendant environ 10 minutes, mais que la source des tirs n’avait pu être identifiée.

S’adressant à des médias arabes, le père a dit qu’il était à l’entrée de sa maison avec son fils. « Nous ne savions pas que l’armée était en opération (dans le village). Nous allions sortir – moi, mon fils et mon cousin – avec ma voiture. Une balle nous a touché nous et la voiture ». Il a ajouté qu’ils n’ont pas vu ce qui arrivait ni qui leur avait tiré dessus.

Le récit de plusieurs autres habitants de Nabi Saleh qui ont parlé à Haaretz a corroboré celui de Haytam : ils ont dit qu’ils n’avaient entendu aucun coup de feu tiré depuis le lieu où se trouve la maison de la famille.

La mère de Muhammad, Marwa, âgée de 31 ans, a parlé à Haaretz alors qu’elle se trouvait hors de la chambre d’hôpital de son fils en lutte pour survivre. « Moi, mon mari et mon fils voulions rendre visite à des membres de notre famille. J’étais encore à l’intérieur de la maison quand mon mari et mon fils sont entrés dans la voiture. Juste au moment où il mettait le contact, il a été abattu » a-t-elle dit.

Haytam a pris une balle dans l’épaule et a été touché à la poitrine par un shrapnel. Il a subi une intervention chirurgicale dans un hôpital de Ramallah et il est actuellement dans un coma artificiel.

« C’était comme une exécution » a-t-elle ajouté. « Je veux porter plainte et que lui et mon fils soient indemnisés. Mon mari est un homme de paix, toujours au travail ou avec les enfants ».

La maison des Tamimi est située à peu près à 300 m de la casemate militaire qui est à l’entrée du village, mais Tamimi croit que les soldats étaient plus proches. Elle a dit que des soldats vont souvent se cacher près de l’entrée, à 50m environ de la maison. Au fil des années, dit-elle, les fenêtres de la maison ont été brisées par des coups de feu et des grenades assourdissantes ont été lancées sur leur terrain. L’armée a rejeté l’argument que les coups de feu avaient été tirés depuis l’entrée de la cour de la maison familiale.