Un mois après l’ordonnance de la CIJ, Israël poursuit le génocide qu’il a entrepris à Gaza depuis 142 jours

Le présent document recense les violations principales des mesures conservatoires de la CIJ au cours du mois qui vient de s’écouler.

Le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a examiné s’il était plausible qu’Israël soit l’auteur d’un génocide contre les Palestiniens de Gaza, et a pris une ordonnance demandant à Israël les mesures suivantes :

  1. Empêcher que soient commis des actes de génocide
  2. Prévenir et punir l’incitation publique à commettre le génocide
  3. Faire en sorte que l’aide et les services soient fournis aux Palestiniens
  4. Soumettre un rapport à la CIJ sur les mesures prises pour exécuter l’ordonnance dans un délai d’un mois à compter de la date de celle-ci.

Dans le mois écoulé depuis l’ordonnance de la CIJ, Israël a poursuivi sa campagne militaire génocidaire contre Gaza en usant de bombardements intenses et d’attaques aériennes, terrestres et maritimes, causant la mort de 3.524 Palestiniens, faisant 5.266 blessés [1], et provoquant des destructions et des déplacements massifs. Les autorités israéliennes ont continué à manifester leur intention de commettre un génocide, entre autres en dressant des plans d’invasion terrestre à Rafah, où 1,5 million de Palestiniens sont déplacés. La fourniture de l’aide a diminué depuis l’ordonnance de la Cour, tandis qu’Israël amplifiait sa campagne de délégitimisation contre l’UNRWA. Pendant ce temps, Israël continue à attaquer délibérément les hôpitaux, mettant hors d’usage le secteur sanitaire, tout en utilisant la famine comme une arme de guerre.

Le présent document recense les violations principales des mesures conservatoires de la CIJ au cours du mois qui vient de s’écouler.

Actes de génocide continus – Meurtre

  • Dans le mois écoulé depuis l’ordonnance de la CIJ, Israël a tué environ 3.524 Palestiniens, et en a blessé 5.266 [2], ce qui fait monter le nombre total de personnes tuées depuis le 7 octobre 2023 à environ 29.692, dont au moins 12.500 enfants, et le nombre de blessés à 69 879.

Ci-après sont énumérés certains des cas de meurtre les plus horribles commis le mois dernier, sur la base d’informations préliminaires :

  • Le 17 février, des avions de chasse et des navires de guerre israéliens ont effectué des dizaines de frappes aériennes, visant au moins 15 habitations, deux mosquées, et des terres agricoles à Rafah. L’attaque a causé la mort de 83 Palestiniens, dont 27 enfants, comptant parmi eux des Palestiniens déplacés qui dormaient dans leurs tentes, et 125 autres ont été blessés [3].
  • Un enregistrement audio de la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS) retrace les moments pendant lesquels un char israélien a massacré une famille dans son véhicule. L’appel de détresse d’une durée de deux heures lancé par Hind, six ans, à la PRCS révèle que l’enfant terrifiée est entourée des corps de son oncle, de sa tante et de quatre cousins. Pendant 12 jours, Hind a été portée disparue, jusqu’à ce que son corps soit retrouvé aux côtés de deux membres de la PRCS dans leur ambulance, partis “en mission autorisée” pour lui porter secours.
  • Le 13 février, un détenu palestinien menotté, Jamal Al-Deen Mohammed Abu Al-Ola, portant un équipement de protection individuelle de couleur blanche, a été envoyé par l’armée israélienne à Khan Younis, à l’hôpital Nasser assiégé, pour remettre un message aux personnes présentes dans l’hôpital pour qu’elles évacuent les lieux. Alors qu’il sortait de l’hôpital, en étant encore dans son enceinte, il a été tué devant sa propre mère par un soldat israélien [4]. Selon le ministère palestinien de la Santé, des snipers israéliens ont tué trois autres Palestiniens à cet hôpital le même jour.
  • Deux défenseuses des droits humains ont été tuées ainsi que leurs familles par des frappes aériennes israéliennes. Le 20 février, une frappe aérienne israélienne a tué Nour Abu Al-Nour, juriste au Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) et sept membres de sa famille, dont sa fille âgée de deux ans, dans l’habitation de sa famille à Rafah. Le 22 février, Dana Yaghi, également juriste dans l’unité du PCHR pour les droits des femmes, a été tuée ainsi que 40 personnes ou davantage, dont la majorité appartenait à sa famille, dans la maison familiale à Deir Al-Balah. Ces deux maisons ont été ciblées alors que leurs habitants s’y trouvaient, sans avertissement préalable.
  • Israël a continué à prendre systématiquement les journalistes pour cibles afin d’étouffer la vérité et de réduire les témoins au silence. Selon le Comité pour la protection des journalistes, au cours des 10 premières semaines de son génocide à Gaza, Israël a tué plus de journalistes qu’aucune autre armée ou entité ne l’a jamais fait en un an. Depuis que la Cour a rendu son ordonnance, les forces israéliennes ont tué douze journalistes, dont quatre le même jour, faisant passer à 132 le nombre de journalistes palestiniens tués depuis le 7 octobre. Selon la Fédération internationale des journalistes, la proportion de journalistes basés à Gaza tués par l’armée israélienne est de presque un sur dix.
  • On a trouvé dans le nord de la bande de Gaza un charnier contenant 30 cadavres de Palestiniens menottés, les yeux bandés. Le ministère palestinien des Affaires étrangères a demandé instamment une enquête relative aux accusations selon lesquelles l’armée israélienne exécuterait ses prisonniers “de manière particulièrement atroce”.
  • Les corps d’une centaine de Palestiniens ont été retrouvés après que les forces israéliennes se sont retirées des quartiers de Tal al-Hawa et de Remal à Gaza Ville.

Actes de génocide continus – atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale

  • Le 19 février, des expertes de l’ONU ont dénoncé des cas de violences, de coups, de tortures, de traitements dégradants, dont des violences sexuelles, et ont signalé des cas de viols et de menaces de viol par des soldats israéliens envers des femmes et jeunes filles palestiniennes à Gaza.
  • Des soldats israéliens ont continué à se filmer tandis qu’ils torturent des détenus palestiniens et leur infligent des traitements dégradants et inhumains. Une vidéo montre un soldat israélien contraignant des détenus aux yeux bandés prendre un engagement d’esclavage. Le soldat israélien Yosi Gamzoo a publié une vidéo, qu’il a supprimée par la suite, où on le voit interroger un détenu palestinien menotté et déshabillé à l’exception de ses sous-vêtements, assis sur une chaise, le corps portant des marques de torture ainsi qu’une blessure à la cuisse. Le même soldat a posté une autre vidéo, où l’on voit des centaines de détenus palestiniens dans le stade Yarmouk, à Gaza. La plupart d’entre eux ne portaient que des sous-vêtements, certains avaient les yeux bandés et se tenaient à genoux, en rangs, sous la surveillance de soldats israéliens. Dans la même vidéo, on voit aussi trois femmes aux yeux bandés, agenouillées derrière une cage de but.
  • Au cours du mois qui vient de s’écouler, les Palestiniens de Gaza libérés après leur détention par Israël ont partagé des récits déchirants de tortures, de coups, d’affamement, d’humiliation et de sévices commis par des soldats israéliens. Le PCHR a pu obtenir des dizaines de témoignages bouleversants de la part de détenus de Gaza libérés, apportant des éléments sur les tortures et les traitements inhumains qui leur ont été infligés par l’armée israélienne. Parmi les cas qui font l’objet de ces témoignages, citons un  journaliste, un défenseur des droits humains, un secouriste, un ouvrier et  une femme. Il convient de noter que, à l’heure où nous publions le présent document, le sort, la situation, la localisation et l’état de santé de centaines de détenus palestiniens restent inconnus puisqu’Israël continue à ne donner aucune information et à n’accorder un droit de visite ni aux avocats ni aux familles.

Poursuite d’actes génocidaires – Transfert forcé et conditions de vie infligées conduisant à une destruction physique :

  • Au cours du mois écoulé, Israël a intensifié ses attaques sur le secteur de la santé à Gaza, notamment sur des hôpitaux et des équipes médicales. Entre le 7 octobre et le 12 février, il y a eu  378 attaques sur la santé dans la bande de Gaza, qui ont affecté 98 services de santé et 98 ambulances. À la date du 22 février, aucun hôpital de Gaza ne fonctionne pleinement, 12 des 36 hôpitaux ne fonctionnant que partiellement .
  • Israël a imposé un siège sur l’hôpital Nasser à Khan Younis pendant plus d’un mois, avec des tirs des forces israéliennes sur des personnes qu’ils ont tuées à proximité de l’hôpital et dans la cour de l’hôpital. Le 9 février, des snipers israéliens ont tué  au moins 21 Palestiniens dans le voisinage de l’hôpital assiégé, des membres du personnel médical faisant partie des personnes ciblées. Le même jour, un sniper a tiré sur une infirmière en salle d’opération. Le 12 février, les forces israéliennes ont tué sept  Palestiniens et blessé 14 autres dans la cour de l’hôpital. Les forces israéliennes ont lancé des avertissements pour que tout le monde soit évacué de l’hôpital à partir du 13 février. Le 13 février, des milliers de personnes ont été filmées forcées d’évacuer l’hôpital où elles avaient trouvé refuge. Le 15 février, l’armée israélienne a bombardé le service d’orthopédie de l’hôpital, des snipers positionnés autour de l’hôpital ont ouvert le feu sur des handicapés, tandis que les forces israéliennes prenaient d’assaut l’hôpital, donnant l’ordre à toute personne se trouvant à l’intérieur de se diriger vers Rafah. Une vidéo montre les couloirs de l’hôpital où des coups de feu se font entendre, enfumés et chaotiques. Les forces israéliennes ont continué à cibler des gens qui fuyaient dans la direction indiquée comme sûre, en en blessant un grand nombre. De plus, les forces israéliennes ont arrêté  70 employés des services médical et administratif. Le 18 février, l’Organisation Mondiale de la Santé, (OMS) a déclaré  que l’hôpital Nasser ne fonctionnait plus. Le 23 février, environ 140 patients, leurs familles et des travailleurs de la santé étaient encore dans l’hôpital, des centaines de patients et une partie du personnel ayant été relocalisés dans un bâtiment de l’hôpital. L’hôpital n’a pas du tout d’électricité, de nourriture en quantité suffisante ni d’eau mais un débordement d’eaux usées, une accumulation de déchets médicaux et les corps en décomposition de huit patients en soins intensifs morts de manque d’oxygène. Un rapport  a fait état de la fin de l’attaque israélienne de l’hôpital le 22 février [5]
  • L’hôpital Al Amal de Khan Younis, géré par la PRCS, est toujours sous le coup d’une attaque israélienne qui dure depuis plus d’un mois. Le 30 janvier, Israël a lancé un raid sur l’hôpital, exigeant du personnel et des personnes déplacées s’y étant réfugiées qu’ils évacuent, sous la menace des armes . Les forces israéliennes ont aussi tué deux membres du personnel de la PRCS près de l’hôpital. L’hôpital assiégé a été mis hors service. La PRCS  a fait état  du déplacement le 5 février hors de l’hôpital d’environ 8.000 personnes déplacées à l’intérieur, à cause du bombardement permanent autour de l’hôpital. Lors d’une attaque de dix heures contre l’hôpital le 9 février, les forces israéliennes ont endommagé le domaine hospitalier, humilié, frappé et soumis à interrogatoire le personnel, avant d’arrêter huit membres de l’équipe de la PRCS de cet hôpital, ainsi que quatre patients et cinq accompagnants de patients. Le 17 février, la PRCS a publié des images montrant des signes de torture de deux médecins détenus la semaine précédente. À la date du 21 février, sept membres de l’équipe de la PRCS sont toujours  détenus par les forces israéliennes. La PRCS continue à faire état de la poursuite de tirs d’artillerie sur l’hôpital qui entraînent des dommages  majeurs sur des services. Le 22 février, la PRCS a déclaré que le système VHF, qui est le système central de communication avec toutes les équipes de terrain de la PRCS, était neutralisé du fait des bombardements israéliens dans le voisinage de l’hôpital Al Amal. L’hôpital est face  à un manque de réserves du carburant nécessaire à générer de l’électricité pour les patients à haut risque et proche de l’extinction de produits alimentaires.
  • Le 9 février, l’hôpital Al Shifa a de la ville de Gaza est de nouveau repassé à un mode de fonctionnement minimal après des jours d’attaques israéliennes intenses dans sa proximité. Le Dr Mohammad Abu Silmiyeh, le directeur de l’hôpital Al Shifa, a été soumis à la torture sur le lieu de sa détention. Il a été frappé, maintenu dévêtu pendant une longue durée, soumis à des traitements dégradants et déshumanisants et ses deux mains ont été cassées [6]. Le sort du Dr. Silmiyeh et son lieu de détention restent inconnus.
  • Le 26 janvier, Israël a donné l’ordre  aux habitants de Khan Younis d’évacuer vers la zone de Al Mawasi. De nouveau, le 29 janvier, Israël a donné l’ordre à plusieurs quartiers de la ville de Gaza d’évacuer vers le sud. Cette zone comprenait environ 88.000 Palestiniens déplacés qui sont déplacés de force une fois de plus. Le 20 février, Israël a donné l’ordre  d’évacuer aux habitants de deux zones spécifiques de la ville de Gaza, vers Al Mawasi à Khan Younis.  
  • Depuis la décision de la CIJ, les représentants d’Israël se sont préparés à une invasion terrestre de Rafah. Il y a maintenant environ 1.5 millions de Palestiniens à Rafah, dont la plupart sont des déplacés de l’intérieur depuis le 7 octobre,  “entassés en pleine insécurité et dans un manque sévère d’abri, de nourriture, d’eau propre et de soins médicaux » . Malgré des condamnations internationales y compris de la part d’États, malgré le Procureur de la Cour Pénale Internationale et une autre requête  auprès de la CIJ de la part de l’Afrique du Sud, sur l’offensive terrestre anticipée sur Rafah, Israël a promis de poursuivre son offensive terrestre. Dans un bombardement nocturne  le 12 février, les frappes israéliennes ont tué 67 Palestiniens et en ont blessé des dizaines à Rafah. Les frappes aériennes se sont intensifiées sur Rafah et ont entraîné le déplacement  forcé de personnes vers Deir al Balah.
  • Le 4 février, OCHA a fait savoir que 2,2 millions de personnes à Gaza sont dans un danger imminent  de famine. Parmi eux, 378.000 personnes souffrent d’un manque criant de nourriture, de faim, d’un épuisement de leurs capacités de faire face et 939000 personnes sont au niveau de l’urgence vitale. Le 12 février, l’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a dit: “Chaque jour, de plus en plus de gens sont au bord de situations de famine… Les niveaux d’insécurité alimentaire aiguë, de faim et de situations proches de la famine sont sans précédent à Gaza ».  Dans une vidéo du 19 février, on voit courir des milliers de Palestiniens de la ville de Gaza pour obtenir de l’aide alimentaire derrière des camions et les forces israéliennes ouvrir le feu sur eux. Le 22 février, Save The Children a informé  que des familles étaient forcées de « chercher des restes ou des aliments laissés par les rats et de manger des feuilles dans un effort désespéré pour survivre » dans le contexte de la baisse de l’apport de l’aide.
  • Les niveaux catastrophiques de famine augmentent dans tout Gaza, avec un risque croissant  qu’il y ait des morts de faim, en particulier dans le nord de Gaza. Le 11 février, Anera a mis l’accent sur le fait que « dans les circonstances tragiques de la faim à Gaza, il y a un cumul de problèmes : nombre de ceux qui meurent de symptômes liés à la faim ne sont pas correctement recensés. Leurs morts sont souvent attribuées à d’autres causes physiques qui masquent le véritable prix de la famine.
  • Le 13 février, l’UNRWA  a fait état de l’apparition de l’hépatite A et de niveaux alarmants de diarrhée à Rafah pouvant être mortels s’il n‘y a pas assez d’eau propre. L’OMS a déclaré  qu’entre le 16 octobre et le 13 février 2024,  312.693 cas d’infections respiratoires aiguës se sont produits, 222.620 cas de diarrhées liquides aiguës, 74.712 cas de gale et d’infestation par des poux, 49.052 cas d’éruptions cutanées, 6.625 cas de varicelle et  8.829 de jaunisse aiguë.
  • Pas d’accès à de l’eau  potable dans les gouvernorats du nord.

Perturbation de l’aide humanitaire

  • Israël a entravé l’accès des travailleurs humanitaires et la livraison de l’aide à Gaza.
  • Le 12 février, l’OMS  a déclaré  que l’aide humanitaire fournie jusqu’ici à Gaza était « une goutte d’eau dans l’océan des besoins qui continuent de croître tous les jours ». Le Secrétaire Général de l’ONU Guterres a dit  qu’il s’inquiétait devant la détérioration des conditions auxquelles font face les travailleurs humanitaires à Gaza où les convois arrivent parfois sous les tirs des forces israéliennes.
  • Il est arrivé moins d’aide à Gaza si on compare à la moyenne des camions qui entraient quotidiennement à Gaza avant le 26 janvier. Avant le 7 octobre, le nombre moyen de camions qui entraient tous les jours à Gaza était d’environ 500. Dans les semaines entre le 12 et le 25 janvier, 156 camions en moyenne  entraient quotidiennement. Au cours des semaines entre le 26 janvier et le 8 février, en moyenne 134 camions entraient quotidiennement. La livraison de l’aide a continué de décliner pendant les semaines entre le 9 et le 22 février jusqu’à  une moyenne  de 55 camions par jour.
  • Le refus de l’acheminement de l’aide au nord de Gaza est particulièrement inquiétant. D’après OCHA, entre le 1er janvier et le 15 février, moins de 20 % des missions d’aide vers le nord du Wadi Gaza ont été rendues possibles par les autorités israéliennes et 51 % ont été refusées. L’UNRWA a rapporté que, la dernière fois qu’elle a pu livrer de l’aide alimentaire au nord de Gaza, c’était le 23 janvier.
  • Le 20 février, le Programme Alimentaire Mondial a dit  qu’il suspendait la fourniture d’aide au nord de Gaza « jusqu’à la mise en place de conditions sûres pour notre équipe et les gens que nous essayons d’atteindre ».
  • Dès après l’ordre donné par la CIJ à Israël de s’assurer que les services essentiels et l’aide humanitaire atteignent les Palestiniens, Israël a prétendu que des employés de l’UNRWA avaient été impliqués dans l’attaque du 7 octobre. Dans la foulée, 18 États ont suspendu leur financement de l’agence. Le ministre israélien du Logement et de la Construction Goldknopf a donné l’ordre  à l’Autorité Foncière d’Israël d’annuler tous ses accords de location avec l’UNRWA et de l’expulser de son siège principal à Jérusalem. Le 11 février, le chef de l’UNRWA a dit  que l’agence faisait face à des obstacles administratifs croissants de la part d’Israël, avec une cargaison représentant un mois de fournitures alimentaires bloquée.
  • Au cours du mois dernier, les Israéliens ont manifesté  pour bloquer les camions d’aide humanitaire entrant à Gaza par le passage de Karem Abu Salem.
  • Le ciblage de la police civile par Israël entrave  la livraison de l’aide.
  • Israël a poursuivi son ciblage des camions d’aide humanitaire. Le 5 février, les forces israéliennes ont tiré sur un convoi de l’ONU qui transportait des fournitures alimentaires vitales au centre de Gaza avant d’empêcher finalement les camions d’avancer jusqu’à la partie nord du territoire, en dépit de l’accord entre l’ONU et Israël sur le trajet du convoi. Résultat, la majeure partie du contenu de ce convoi, essentiellement de la farine de blé, a été détruite.
  • On continue de rapporter des incidents de ciblage des Palestiniens qui attendent les convois d’aide humanitaire à Gaza ville. Le 19 février , cinq Palestiniens ont été tués par des quadrirotors israéliens alors qu’ils se rassemblaient pour une possible livraison d’aide humanitaire au rond-point d’Al Kuwaiti. Le 18 février, au moins un Palestinien a été tué et d’autres blessés alors qu’un groupe qui attendait de l’aide humanitaire au rond-point d’Al-Nabulsi a été ciblé par balles.

Incitation publique au génocide

  • Aucune charge n’a été retenue contre aucun fonctionnaire pour incitation publique au génocide.
  • Le 28 janvier, 11 ministres israéliens et 15 membres de la Knesset ont assisté à une conférence à Jérusalem, intitulée « Les Colonies Procurent la Sécurité » appelant à la reconstruction de colonies réservées aux seuls Juifs à Gaza et au déplacement des Palestiniens. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré : « Si Dieu le veut, nous nous établirons et nous serons vainqueurs. » Le ministre de la Sécurité Nationale Itamar Ben Gvir a dit à l’auditoire qu’il était « temps de retourner chez nous à Gush Katif » – nom du bloc de colonies illégales israéliennes construit à Gaza et démantelé en 2005. Le ministre des Communications Shlomo Karhi a appelé à construire des colonies à Gaza et « à encourager l’émigration volontaire ».
  • Commentant l’invasion terrestre de Rafah, le premier ministre Netanyahou  a dit  le 11 février : « Nous allons le faire. Nous allons avoir les derniers bataillons terroristes du Hamas à Rafah, qui représente le dernier bastion, mais nous allons le faire… Nous avons réussi jusqu’ici et nous allons à nouveau réussir. Ceux qui disent que, en aucun cas, nous ne devrions entrer à Rafah parlent fondamentalement de perdre la guerre. »
  • Pendant ce temps, le ministre israélien des Affaires étrangères Katz, prétendant qu’Israël respecte le droit international, a dit : « Les appels à limiter la défense d’Israël ne font que renforcer le Hamas. Soyez assurés qu’Israël est résolu dans sa mission de démantèlement du Hamas. »
  • Le ministre israélien des Finances Smotrich a dit : « La pression américaine ou la crainte de faire du tort à des civils ne devraient pas nous détourner de l’occupation de Rafah et de la destruction du Hamas. »
  • Smotrich a dit  en outre qu’il était décidé à bloquer le transfert de l’aide alimentaire à Gaza.
  • Le 13 février, le Chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi a dit que ses forces avaient réalisé de « très grands exploits militaires » à Gaza, mais qu’il restait « un long chemin à parcourir… Dans les décennies passées, aucune armée n’a manœuvré dans une zone ainsi urbaine et dense… Les soldats des FDI s’en occupent avec de grands succès et les résultats militaires sont extraordinaires. 
  • Le 12 février, au cours d’une réunion de cabinet, Ben Gvir a demandé  à l’armée de tirer sur les femmes et les enfants à Gaza.
  • Pendant un débat à la Knesset le 19 février, May Golan, ministre israélienne de la Promotion de la Femme, a exprimé sa fierté devant les « ruines » de Gaza assiégée et a dit: « Nous n’avons pas honte de dire que nous voulons voir les soldats israéliens, les saints héros parmi les nôtres, attraper Sinwar [chef du Hamas] et ses terroristes par les oreilles et les traîner à travers la Bande de Gaza en route vers les cachots de l’Autorité Pénitentiaire… Ou dans le meilleur des cas du scénario, vers un cercueil. Je suis personnellement fier des ruines de Gaza, et que chaque bébé, même dans 80 ans, puisse raconter à ses petits-enfants ce que les Juifs ont fait… Pas une colombe, pas une branche d’olivier, seulement une épée pour trancher la tête de Sinwar. »

*** Ce dossier a été préparé par :

1. L’Institut Palestinien pour la Diplomatie Publique (PIPD)

2. Le Centre Bisan pour la Recherche et le Développement

3. Le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR)

4. Le Centre Al Mezan pour les Droits de l’Homme

5. Le Centre des Femmes pour l’Aide et le Conseil Juridiques (WCLAC)

6. L’Initiative Palestinienne pour la Promotion du Dialogue Mondial et la Démocratie – MIFTAH

7. Al-Haq, le Droit au Service de l’Homme

8. L’Association Addameer de Soutien aux Prisonniers et aux Droits de l’Homme

9. Le Comité National Palestinien BDS

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[1] D’après le Ministère palestinien de la Santé entre le 26 janvier et le 25 février 2024.

[2] Ibid.

[3] Selon le suivi du Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR)

[4] Ibid.

[5] Les témoignages de médecins de l’hôpital depuis le 13 février, peuvent être consultés sur le Google drive suivant : https://drive.google.com/drive/folders/1JfjU8mH3YOz-v5wvw3ziM6nwMCzaPN0M

[6] Témoignage du Dr Billa Azzam au nom du Dr Mohammad Abu Silmiyeh, à la conférence internationale pour la reconstruction du secteur de la santé de Gaza, 7 février 2024, Jordanie