La Rapporteuse spéciale dira au Conseil des droits de l’homme que les actions d’Israël « révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe ».
Une experte sur les droits humains des Nations Unies présentera ce mardi [26 mars 2024] un rapport disant qu’Israël a exécuté des actes de génocide à Gaza et devrait être placé sous un embargo des armes.
Francesca Albanese, Rapporteuse spéciale des Nations Unies pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens, a dit dans son rapport qu’il y avait « des motifs raisonnables » pour penser qu’Israël exécutait trois des cinq actes définis comme génocidaires : tuer des Palestiniens, leur causer des dommages sérieux, physiques et mentaux, et « infliger délibérément des conditions de vie calculées pour mener à la destruction physique » de la population, totalement ou en partie.
« La nature accablante et l’échelle de l’attaque israélienne sur Gaza, et les conditions de vie destructrices qu’elle a infligées révèlent une intention de détruire physiquement les Palestiniens en tant que groupe », dit le rapport d’Albanese.
Le rapport, qui a été vu par le Guardian, doit être présenté ce mardi au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, qui a nommé l’avocate italienne en 2022. Elle ne parle pas au nom des Nations Unies en général.
Israël a imposé une interdiction de visa à Albanese en février, après qu’elle a soutenu que le massacre de civils israéliens, le 7 octobre, massacre qui a démarré cette guerre, n’était pas un acte d’antisémitisme.
« Les victimes du 7 octobre n’ont pas été tuées à cause de leur judaïsme, mais en réponse à l’oppression d’Israël », avait écrit Albanese le 10 février sur la plateforme de réseaux sociaux X.
La mission diplomatique d’Israël à Gaza a dit que le pays « rejette totalement le rapport » et le décrit comme « une simple extension de la campagne visant à saper l’établissement même de l’État juif ».
« La guerre d’Israël est contre le Hamas, pas contre les civils palestiniens », dit-elle dans une déclaration citée par l’Agence France-Presse, cinglant les « scandaleuses accusations » d’Albanese.
La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye évalue actuellement un cas soumis à la Cour par l’Afrique du Sud selon la Convention de 1948 sur le génocide. La Cour a fourni en janvier « des mesures provisionnelles » visant à limiter le risque de génocide pendant qu’elle pesait son jugement, appelant à agir contre les politiciens israéliens usant d’une rhétorique génocidaire et exhortant à fournir à large échelle une assistance humanitaire. Le gouvernement israélien n’a toujours pas satisfait à ces mesures.
Le rapport d’Albanese dit qu’Israël a cherché à cacher sa « conduite exterminationniste des hostilités » en la revêtant du langage du droit humanitaire international et en désignant les Gazaouis en général comme « terroristes » ou « soutenant le terrorisme ». L’utilisation d’un tel langage, dit le rapport, a transformé « tout et tous en une cible ou un dommage collatéral, qu’il est donc permis de tuer ou de détruire ».
Le rapport recommande que les États membres des Nations Unies « mettent en oeuvre immédiatement un embargo des armes vers Israël, puisqu’il apparaît ne pas avoir respecté les mesures contraignantes ordonnées par la CIJ ».