Israël traite les territoires palestiniens comme des colonies, dit la rapporteure de l’ONU

Francesca Albanese dit qu’Israël maintient son occupation pour avoir autant de terres que possible pour les Juifs

Israël traite les Territoires Palestiniens comme ses colonies, a dit la rapporteure spéciale de l’ONU sur les droits humains dans les territoires occupés, à l’occasion de sa première visite à Londres depuis qu’elle a été nommée l’année dernière.

Francesca Albanese, avocate italienne et universitaire spécialisée sur les droits humains, a été confrontée à des appels à la démission de la part de ministres du gouvernement israélien, tel Amichaï Chikli, qui l’ont accusée de « déverser la haine et l’antisémitisme » et par des groupes sionistes qui l’ont présentée comme tendancieuse.

Les soutiens d’Albanese ont, en retour, fait appel aux représentants officiels de haut niveau de l’ONU qui l’ont appointée l’an dernier pour qu’ils fassent plus d’efforts pour la défendre. Elle a parlé de ces attaques comme de « l’intimidation, ni plus ni moins », mais elle dit qu’elles auront autant d’effet qu’en ont « des chiens aboyant vers des avions »

Exposant son point de vue sur la question de la Palestine, Albanese a dit : « pour moi, l’apartheid est un symptôme et une conséquence des ambitions territoriales d’Israël sur la terre de ce qui reste d’une Palestine encerclée… La cause en est dans les colonies. Israël est un pouvoir colonial qui maintient l’occupation de façon à se procurer autant de terres que possible pour le seul peuple juif. Et c’est ce qui conduit aux nombreuses violations du droit international ».

Albanese a ajouté : « Si des États sont réellement engagés sur la solution à deux États, comme le Royaume Uni semble l’être (c’est de la rhétorique à mon avis) comme tous les autres États occidentaux, ils devraient s’assurer qu’Israël se conduit en adéquation avec la possibilité d’avoir un État palestinien, c’est à dire souverain des points de vue politique, économique et culturel. Le droit à l’autodétermination devrait être le point de départ.

« Les États membres doivent cesser de faire des commentaires sur les violations ici ou là, ou sur l’escalade de la violence, étant donné que la violence dans le territoire palestinien occupé est cyclique, ce n’est pas quelque chose qui explose accidentellement. Il n’y a qu’un moyen de l’arrêter, et c’est de s’assurer qu’Israël se conforme au droit international ».

Albanese doit se rendre à l’ambassade de Palestine à Londres pour la commémoration de la Nakba (catastrophe en arabe, en référence au déplacement violent des Palestiniens de 1947 à 1949). Elle va aussi rencontrer des députés et des groupes juifs progressistes et elle va consulter des universitaires. C’et la première fois dans son histoire que l’ONU marque officiellement le jour de la Nakba.

Albanese a été accusée par quelques groupes israéliens de mettre sur le même plan la Nakba et l’Holocauste – accusation qu’elle a réfutée. « Tout autant que l’Holocauste a été un moment décisif dans la vie collective du peuple juif, il en va de même pour la Nakba pour le peuple palestinien » a-t-elle dit. « Donc, je n’ai pas dit que ce sont les mêmes, tout simplement parce qu’ils ne le sont pas. Pourquoi comparer deux tragédies ? »

Elle a aussi nié avoir jamais dit qu’Israël n’avait pas le droit à l’autodéfense. « Israël a le droit de se défendre, de défendre ses citoyens, son territoire, peu importe qu’il n’ait pas défini ses frontières, mais il ne peut justifier l’occupation au nom de l’autodéfense, ni l’horreur qu’il impose aux Palestiniens au nom de l’autodéfense » a-t-elle dit.

Son premier rapport sur le droit des Palestiniens à l’autodétermination été présenté à l’assemblée générale de l’ONU. Il est suivi d’un rapport pour le conseil sur les droits humains, sur la privation de liberté à travers ce qu’elle décrit comme les « arrestations systémiques de Palestiniens sur des bases de sécurité et d’ordre public ».

Albanese a dit qu’une “caractéristique tragique » de l’engagement occidental au Moyen Orient était son échec à faire respecter le droit sans double standards, le Royaume Uni particulièrement, qui a été un pouvoir colonial en Palestine.

« La responsabilité du Royaume Uni est supérieure à celle des autres si l’on considère son héritage historique dans cette région » a-t-elle dit. « Le Royaume Uni ne semble pas actif sur ce programme de respect du droit international. Le temps est venu d’un changement de paradigme sur la question de la Palestine ».