Des travailleurs en mission pour aider des collègues ont été enterrés dans une fosse commune au sud de Gaza, dit le bureau humanitaire.
Quinze auxiliaires médicaux et secouristes palestiniens, incluant au moins un employé des Nations Unies, ont été tués par les forces israéliennes « un par un » et enterrés dans une fosse commune il y a huit jours au sud de Gaza, ont déclaré les Nations Unies.
Selon le bureau des Affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha), le Croissant rouge palestinien (PRCS) et des travailleurs de la défense civile étaient en mission pour sauver des collègues victimes de tirs plus tôt dans la journée, quand leurs véhicules clairement marqués ont été la cible de tirs fournis israéliens dans le district de Tel al-Sultan de la ville de Rafah. Un responsable du Croissant rouge à Gaza a dit qu’il y avait des preuves qu’au moins une personne a été arrêtée avant d’être tuée, car le corps de l’un des morts a été découvert avec les mains liées.
Les fusillades ont eu lieu le 23 mars, un jour après le début de la reprise de l’offensive israélienne dans la zone proche de la frontière égyptienne. Un autre travailleur du Croissant rouge qui faisait partie de la mission est porté disparu.
« Il y a sept jours, les ambulances de la défense civile et du PRCS sont arrivés sur les lieux », a dit le chef de Ocha en Palestine, Jonathan Whittall, dans une déclaration vidéo. « Un par un, [les auxiliaires médicaux et les travailleurs de la défense civile] ont été touchés, frappés. Leurs corps ont été rassemblés et enterrés dans cette fosse commune.
« Nous les exhumons dans leurs uniformes, avec leurs gants. Ils étaient là pour sauver des vies. Au lieu de cela, ils ont fini dans une fosse commune », a dit Whittall. « Ces ambulances ont été enterrées dans le sable. Il y a un véhicule des Nations Unies ici, enterré dans le sable. Un bulldozer — un bulldozer des forces israéliennes — les a enterrés. »
Philippe Lazzarini, le chef de l’Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’Unrwa, a dit que l’un de ses employés faisait partie des morts trouvés à Rafah.
« Le corps de notre collègue tué à Rafah a été récupéré hier, avec les travailleurs de l’aide humanitaire du [Croissant rouge palestinien], tous jetés dans des fosses peu profondes — une violation profonde de la dignité humaine », a écrit Lazzarini dans un post sur les réseaux sociaux.
L’armée israélienne a dit que son « évaluation préliminaire » de l’incident avait conclu que ses troupes avaient ouvert le feu contre plusieurs véhicules « avançant de manière suspecte vers les troupes des Forces de défense israéliennes, sans phares ni signaux d’urgence ».
Elle a ajouté que le mouvement du véhicule n’avait pas été coordonné à l’avance avec les Forces de défense israéliennes, et que la zone était une « zone de combat active ». Le Croissant rouge a dit que le district de Tel-al-Sultan avait été considéré comme sûr et que le mouvement là était normal, « ne requérant aucune coordination ».
Lundi, les Forces de défense israéliennes avaient émis des ordres d’évacuation couvrant la plus grande partie de Rafah, indiquant qu’elles lanceraient bientôt une autre opération terrestre importante, huit jours après que les auxiliaires médicaux et les secouristes ont été tués.
Les Forces de défense n’avaient pas répondu lundi à une demande de commentaires sur les rapports selon lesquels les auxiliaires médicaux et les secouristes avaient été enterrés dans une fosse commune sur la scène de la fusillade. Elles affirmaient plus tôt avoir tué neuf militants du Hamas et du Jihad islamique le 23 mars, mais cette déclaration ne disait pas clairement si elles prétendaient que les militants s’étaient trouvés dans des ambulances du Croissant rouge ou avaient été touchés par une frappe aérienne sur Rafah plus tôt dans la nuit.
Selon le Croissant rouge, une ambulance a été envoyée pour récupérer des victimes de la frappe aérienne dans les premières heures du 23 mars et a appelé une ambulance de renfort. La première ambulance est arrivée à l’hôpital en sécurité mais le contact avait été perdu avec l’ambulance de renfort à 3h30 du matin. Un rapport initial de la scène a dit qu’elle avait subi des tirs et que deux auxiliaires médicaux à l’intérieur avaient été tués.
Un convoi de cinq véhicules, incluant des ambulances, des camions de la défense civile et deux voitures du ministère de la Santé, a été envoyé pour récupérer les corps. Ce convoi a alors subi des tirs et le Croissant rouge a dit que la plupart des morts étaient dus à cette attaque. Huit des morts faisaient partie du Croissant rouge, six de la défense civile et un était un employé des Nations Unies.
Dr Bashar Murad, le directeur des programmes de santé du Croissant rouge, a dit que l’un des auxiliaires médicaux du convoi était au téléphone avec ses collègues au poste d’ambulances quand l’attaque a eu lieu.
« Il nous a informés qu’il était blessé et avait besoin d’assistance et qu’une autre personne était aussi blessée », a dit Murad. « Quelques minutes plus tard, pendant l’appel, nous avons entendu le son des soldats israéliens arrivant sur place, parlant en hébreu. La conversation portait sur le rassemblement de l’équipe, avec des déclarations du genre : ‘Rassemble-les contre le mur et apporte des entraves pour les attacher’. Cela indiquait qu’un grand nombre du personnel médical était encore en vie. »
Le président du Croissant rouge palestinien, Younis al-Khatib, a dit que les Forces de défense avaient entravé la récupération des corps pendant plusieurs jours. Les Forces de défense ont dit qu’elles avaient facilité l’évacuation des corps dès que le permettaient « les conditions opérationnelles ».
« Les corps ont été récupérés difficilement parce qu’ils étaient enterrés dans le sable, certains montrant des signes de décomposition », a dit le Croissant rouge.
Leur enterrement a été suspendu en attendant des autopsies, a dit Murad. « Ce qui est certain et très clair est qu’ils ont été touchés dans les parties supérieures de leurs corps, ensuite rassemblés dans un trou les uns au-dessus des autres, avec du sable jeté sur eux, et enterrés », a-t-il dit. Il a dit que le corps de l’une des victimes a été récupéré dans la fosse aves les mains encore liées. L’affirmation n’a pas pu être confirmée indépendamment.
Whittall a décrit la mission de récupération des corps comme difficile. « Tout en traversant la zone le cinquième jour, nous avons rencontré des centaines de civils fuyant sous les tirs », a-t-il dit. « Nous avons vu une femme abattue par un tir à l’arrière de la tête. Quand un jeune homme a essayé de la récupérer, on lui a aussi tiré dessus. Nous avons pu récupérer son corps en utilisant notre véhicule des Nations Unies. »
« Ce qui est arrivé ici est une horreur absolue », a-t-il ajouté. « Cela ne devrait jamais arriver, les travailleurs de santé ne devraient jamais être une cible ».
Jens Lærke, un porte-parole de Ocha à Genève, a dit : « L’information disponible indique que la première équipe a été tuée par les forces israéliennes le 23 mars, et que d’autres équipes de secours et d’aide humanitaire ont été frappées l’une après l’autre au cours de plusieurs heures, alors qu’ils cherchaient leurs collègues disparus.
« Ils ont été enterrés sous le sable, à côté des épaves de leurs véhicules d’urgence — des ambulances clairement indiquées comme telles, un camion de pompiers et une voiture des Nations Unies. »
Le Croissant rouge a donné les noms des employés tués le 23 mars : Mustafa Khafaja, Ezzedine Shaat, Saleh Muammar, Rifaat Radwan, Mohammed Bahloul, Ashraf Abu Labda, Mohammed Hilieh et Raed Al-Sharif. L’incident a été l’attaque la plus meurtrière contre des travailleurs du Croissant rouge ou de la Croix rouge depuis 2017, a dit la Fédération internationale des Sociétés de la Croix rouge et du Croissant rouge (IFRC).
« J’ai le cœur brisé. Ces ambulanciers dévoués répondaient aux appels des personnes blessées. C’étaient des humanitaires », a dit le Secrétaire général de l’IFRC, Jagan Chapagain. « Ils portaient des emblèmes qui auraient dû les protéger ; leurs ambulances étaient clairement marquées. »
Selon les Nations Unies, au moins 1060 travailleurs de santé ont été tués dans les dix-huit mois qui ont suivi le début de l’offensive d’Israël à Gaza. Celle-ci a commencé après que les combattants du Hamas ont fait irruption dans des communautés du sud d’Israël le 7 octobre 2023, tuant 1200 personnes. L’organisme mondial réduit son personnel international à Gaza d’un tiers à cause d’inquiétudes sur la sécurité de ce personnel.