Des soldats israéliens ont violemment attaqué deux frères palestiniens. Quand les frères se sont plaints, la police militaire s’est moquée d’eux.

Les deux frères ont déclaré que les soldats les avaient frappés, leur avaient craché dessus, et avaient jeté des objets sur eux, laissant l’un d’eux avec une main brisée et des blessures génitales. Quand leur avocate s’est plainte que les enquêteurs de la police militaire israélienne avaient ri pendant leur témoignage, on lui a dit qu’ils « étaient jeunes et ne pouvaient s’en empêcher ».

En janvier, des soldats israéliens ont violemment attaqué et humilié deux frères palestiniens en Cisjordanie et quand l’un d’eux a porté plainte auprès de la police militaire, des enquêteurs ont ri de lui alors qu’il rapportait l’incident.

Selon les frères, l’attaque a inclus des violences verbales, des crachats, des attaques sexuelles et des jets d’objets sur eux. L’un d’eux souffre d’une main cassée et de blessures génitales.

Quand l’un d’eux a porté plainte à la police militaire, on lui a ri au nez — et quand leur avocate a contacté la police militaire pour protester contre ce traitement, on lui a dit que les enquêteurs étaient « des jeunes soldats qui ne pouvaient pas se contrôler ». Une plainte formelle concernant les enquêteurs a été soumise à l’Avocat général des forces armées.

L’attaque a eu lieu mi-janvier quand des membres d’une famille du village cisjordanien d’Al-Mughayyir, accompagnés par des militants étrangers et israéliens, se trouvaient sur une parcelle de terrain proche, où se dresse la tente familiale. « Soudainement, une Toyota blanche avec des plaques militaires est arrivée, avec des soldats », a dit un des frères, Rabea, un père de trois enfants de 34 ans.

Selon les deux frères et d’autres militants israéliens, rien d’inhabituel ne s’est produit avant l’attaque, à part qu’une voiture les observait d’un avant-poste proche. Des images vidéo du début de l’incident montrent trois soldats masqués et un autre portant des lunettes de soleil arrivant sur la scène. Dans une autre vidéo, un soldat est vu en train de danser et de chanter face caméra, se moquant d’un militant qui filmait et refusait de s’éloigner.

Les deux frères et un militant israélien qui était avec eux ont déclaré que les soldats affirmaient être venus démonter des toilettes portatives qui avaient été placées sur le terrain. Ils ont ensuite exigé la clé d’une voiture non enregistrée parquée là, mais la famille ne les a pas transmises. Les soldats ont confisqué les passeports des deux militants étrangers, ainsi que les téléphones et les cartes d’identité des Palestiniens.

Les soldats ont ensuite montré une ordonnance indiquant que la zone était militaire et fermée et ont demandé que les militants israéliens et étrangers partent. Rabea les a conduits plus loin après avoir promis de revenir. À ce moment, les soldats avaient passé sur le site environ deux heures.

Pendant que Rabea conduisait les militants, les soldats ont arrêté son frère, Mohammed. « Ils ont découvert une image d’une personne armée sur mon téléphone, image qui n’était pas la mienne », a dit Mohammed. « Elle a été probablement téléchargée automatiquement d’un groupe Telegram ».

« Ils ont affirmé que j’étais un terroriste et que c’était moi sur l’image », a-t-il continué. « Ils ont cogné ma tête contre la vitre de la voiture, m’ont jeté par terre, et m’ont tiré dans la tente, où ils m’ont frappé avec leurs poings et leurs armes. »

Mohammed a dit qu’après l’attaque, la plupart des soldats ont quitté la tente, sauf un – le même soldat qui se moquait auparavant d’un militant en train de filmer.

Pendant ce temps, Rabea était revenu et il a été surpris de ne plus voir sa famille. Une autre jeep militaire est arrivée à ce moment. « Alors que je m’approchais dans ma voiture, les soldats ont commencé à crier : ‘Arrêtez, arrêtez !’», a-t-il expliqué. « Ensuite un soldat a pris mes clés par le vitre, et un autre a ouvert la porte et m’a attrapé par le cou ». Selon Rabea, les soldats l’ont violemment fouillé, l’ont fourré dans la tente et jeté à terre.

« À l’intérieur de la tente, j’ai découvert mon frère étendu face contre terre », a-t-il dit. « Le soldat lui marchait sur la tête, et à chaque fois que mon frère essayait de tourner la tête, le soldat le frappait. Mon visage était contre le sol et à chaque fois que j’essayais de tourner la tête, il frappait mon visage, et me maudissait terriblement.

« Il m’a dit : ‘Je veux te baiser ’ », a dit Rabea, notant que les soldats le disaient en arabe. Il a ajouté que le soldat lui a soulevé ensuite la tête alors qu’il était encore étendu par terre et lui a craché au visage. Il a dit que le soldat écrasait aussi lourdement sa main pendant un long moment jusqu’à ce qu’il entende un craquement — qui s’est révélé plus tard être celui d’un os brisé.

Après cela, a dit Rabea, le soldat lui a jeté des ustensiles de cuisine qui se trouvaient à l’intérieur de la tente. « Il a jeté sur moi une bouilloire et un pot pour faire du café », a-t-il dit. Parmi les objets jetés se trouvait une assiette de plastique dur. « Il a mis son pied sous mon estomac, m’a soulevé, a placé l’assiette sous moi et ensuite m’a marché dessus », a-t-il dit.

Selon Rabea, le puissant coup qu’il a reçu alors que l’assiette était sous ses parties génitales a provoqué une blessure qui a conduit à un saignement et à une perte de sensation dans la zone pendant dix jours. Ses cris, a-t-il ajouté, ont poussé d’autres soldats à entrer dans la tente. « Il était clair que les autres soldats m’ont entendu crier et ils ont entendu qu’il jetait des ustensiles sur moi », a-t-il dit. « Vous entendez cela et ne venez pas voir ce qui se passe ? ».

Les soldats ont demandé que les frères appellent un parent pour apporter la clé de la voiture non enregistrée. Dans l’intervalle, le soldat violent est resté seul avec eux.

« Il m’a dit : ‘Je veux baiser ta mère et ta sœur’ », a dit Rabea. « Ensuite, il a reculé, a saisi mes pantalons et a essayé de les descendre. J’ai saisi sa main et je lui ai dit de reculer. Quand je lui ai dit cela, il m’a répondu : ‘Je veux te baiser, fils de pute’. »

Son frère, qui était présent pendant tout ce temps, a dit qu’il a entendu Rabea crier au soldat d’enlever ses mains. Selon les deux frères, à peu près cinq minutes plus tard, après la livraison de la clé de la voiture, les soldats les ont relâchés, filmant le moment où ils leur ont rendu leurs passeports et leurs téléphones.

Rabea a dit qu’il s’était éloigné en voiture en conduisant seulement d’une main jusqu’à ce qu’il rencontre un parent qui l’a conduit à l’hôpital. « Quand ma femme et mes enfants m’ont vu, ils ont commencé à crier et à pleurer », a-t-il dit. « Je me suis écroulé sur le sol, incapable de bouger. Ils m’ont placé sur le siège et mon parent nous a conduits jusqu’à la clinique ».

Les deux frères ont été soignés à l’hôpital. Rabea a dit que quand il est arrivé, on lui a placé une sonde car il était incapable d’uriner. Il est sorti de l’hôpital le soir même mais il a dû revenu plus tard car la douleur de sa main persistait, et les médecins ont alors confirmé qu’elle était cassée.

Selon un rapport du ministre palestinien de la Santé, Rabea a été blessé à l’abdomen, dans les testicules, à la cuisse et à l’épaule, et sa main brisée a nécessité une opération. Il doit avoir une autre opération dans deux mois et prend des médicaments pour ses blessures.

Le 19 février, les frères sont allés porter plainte à propos de l’attaque au poste de police militaire près de la colonie de Beit El. Mohammed est entré le premier. « Quand j’ai commencé à leur dire ce qui était arrivé à Rabea, ils se sont mis à rire entre eux et à se moquer de moi », a-t-il dit.

« L’un d’eux a dit : ‘Est-ce qu’ils vous ont aussi battu ? Donné des coups de pied ? Ont-ils frappé votre frère dans le cul ?’ », a dit Mohammed. « Je leur ai demandé si cela prendrait longtemps et ils ont dit : ‘Oui, vous allez être ici pendant longtemps’ ».

Selon lui, pendant qu’il apportait son témoignage, les enquêteurs parlaient entre eux en hébreu et riaient. « Je ne veux pas y retourner », a-t-il dit.

L’avocate Riham Nassra, qui représente les deux frères, a dit que quand elle a appelé la police militaire pour se plaindre de la manière dont ils avaient été traités, le soldat qui a répondu n’a pas nié ce qui s’était passé. « [Le soldat qui a pris la plainte] a dit qu’ils riaient parce que c’étaient de jeunes soldats qui ne pouvaient pas se contrôler », a dit Nassra.

Rabea a dit qu’avant l’attaque, il ne croyait pas que des soldats pouvaient se comporter de cette façon. « Quand j’ai entendu ce qui se passait avec des prisonniers de Gaza et ce qu’ils leur faisaient, vraiment, je ne le croyais pas tout à fait », a-t-il dit, se référant aux rapports sur les mauvais traitements subis par les détenus à la base de l’armée de Sde Teiman. « Mais après ce qui m’est arrivé, je le crois. Je n’ai pas pleuré à cause de ce qui m’est arrivé, mais à cause de la position dans laquelle ils m’ont mis. Parce que c’est comme cela qu’ils traitent quelqu’un qui n’a rien fait. »

En réponse à une demande de commentaire, l’unité des porte-parole des Forces de défense d’Israël a affirmé : « Une enquête de la police militaire a été ouverte à propos de cet incident. Comme l’enquête est en cours, aucun détail supplémentaire ne peut être fourni en ce moment ».