Un rapport des Nations Unies accuse Israël « d’actes génocidaires » à Gaza, Israël rejette les allégations – Israel News – Haaretz.com

Les Nations Unies ont accusé les forces de sécurité d’Israël d’utiliser le déshabillage public forcé et les attaques sexuelles dans le cadre de leurs procédures d’opérations standards pour punir les Palestiniens après l’attaque du Hamas du 7 octobre — des allégations qu’Israël a rejetées comme « non fondées ».

Israël a exécuté des « actes génocidaires » contre les Palestiniens en détruisant systématiquement les établissements de soin pour femmes pendant le conflit à Gaza et ont utilisé la violence sexuelle comme stratégie de guerre, selon un nouveau rapport des experts des Nations Unies publié jeudi.

« Les autorités israéliennes ont détruit en partie la capacité reproductive des Palestiniens de Gaza en tant que groupe, y compris en imposant des mesures conçues pour empêcher les naissances, ce qui constitue une des catégories des actes de génocide selon le Statut de Rome et la Convention sur le génocide », a dit le rapport, écrit par la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le Territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est, et Israël.

Ces actions, en plus d’une augmentation des décès en maternité à cause d’un accès restreint aux fournitures médicales, reviennent à un crime contre l’humanité d’extermination, a déclaré la commission.

Le rapport a accusé les forces de sécurité d’Israël d’utiliser le déshabillage public forcé et les attaques sexuelles dans le cadre de leurs procédures d’opérations standards pour punir les Palestiniens après les attaques menées par le Hamas dans le sud d’Israël en octobre 2023.

Dans un cas mentionné dans le rapport, plusieurs soldats mâles des Forces de défense d’Israël sont entrés dans la maison d’une Gazaouie, l’ont interrogée avec violence et l’ont menacée de viol. Dans un autre incident, le rapport dit qu’une jeune fille de 14 ans a été trainée par des soldats des Forces de défense dans un lieu qui n’avait pas de caméras, où elle a été soumis à de la violence et à des attaques sexuelles.

Le rapport inclut des témoignages de Gazaouis ainsi que de Palestiniens de Cisjordanie, dont certains décrivent des incidents où des civils ont été dépouillés de leurs vêtements, parfois sans séparation entre hommes et femmes.

La mission permanente d’Israël aux Nations Unies à Genève a décrit les allégations du rapport comme non fondées, biaisées et manquant de crédibilité.

« Dans une tentative éhontée d’incriminer les Forces de défense d’Israël et de fabriquer l’illusion d’une utilisation ‘systématique’ de [la violence sexuelle ou basée sur le genre], la [Commission d’enquête] adopte délibérément un bas niveau de corroboration dans son rapport, ce qui lui permet d’inclure des informations venant de sources uniques, de seconde main et non corroborées », a dit la mission dans une déclaration jeudi.

« Cela signifie que les forces israéliennes sont soumises à un standard complètement différent de tout autre acteur — toute information non confirmée qui soutient le récit prédéterminé de la Commission d’enquête est perçue comme crédible, même si elle n’a pas été vérifiée. De fait, la Commission a appliqué différents standards dans ses conclusions de juin 2024 sur l’utilisation de la violence sexuelle par le Hamas, le 7 octobre, où seules des informations corroborées ont été présentées. »

« Les Forces de défense d’Israël ont des directives concrètes … et des politiques qui interdisent sans équivoque de tels manquements », a dit la mission, ajoutant que leurs procédures d’évaluation sont alignées sur les standards internationaux.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a appelé le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies « un organisme antisémite, corrompu, soutenant le terrorisme et sans pertinence ».

« Au lieu de se focaliser sur des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis par l’organisation terroriste du Hamas dans le pire massacre contre le peuple juif depuis l’Holocauste, les Nations Unies une fois encore choisissent d’attaquer Israël avec de fausses accusations, y compris des allégations absurdes de violence sexuelle », a ajouté Netanyahou.

Attention : La suite de cet article inclut des détails explicites de violence sexuelle

Le rapport présente des témoignages de civils — dont beaucoup, venant de Palestiniennes, ont été collectés par des organisations de droits humains— concernant des déshabillages forcés et des humiliations de femmes pendant l’évacuation de la population du nord vers le sud de Gaza, au checkpoint de Salah al-Din Road, et dans d’autres lieux de toute la Bande de Gaza.

Sur la base de ces témoignages, le rapport conclut que des soldats ont déshabillé de force des femmes, ont touché leurs corps, les ont menacées de viol, et les ont forcées à retirer leur hijabs.

Dans un cas détaillé dans le rapport, une femme a témoigné que plusieurs soldats mâles sont entrés dans sa maison à Gaza, l’ont frappée et se sont frottés à elle. Elle a de plus affirmé qu’un soldat avait menacé de « vérifier si elle était encore vierge ».

Un Gazaoui a témoigné devant la commission des Nations Unis que début novembre 2023, quand sa famille et lui ont été expulsés de leur maison, on leur a ordonné — ainsi qu’à d’autres personnes déplacées — de se déshabiller, tout en étant entourés de soldats armés, de snipers et de tanks.

Selon son témoignage, les hommes et les femmes n’étaient pas séparés. Les hommes ont été complètement déshabillés, les femmes laissées seulement dans leurs sous-vêtements. Ils ont reçu pour instruction de tenir leurs cartes d’identité en l’air tout en se déshabillant. Le témoin a affirmé que les soldats menaçaient de tirer sur eux s’ils n’obéissaient pas.

Selon le rapport, le comité a documenté plus de dix cas dans lesquels des hommes et de jeunes garçons ont été filmés dans des circonstances dégradantes et humiliantes tout en étant soumis à des « actes de nature sexuelle, dont la nudité et le déshabillage forcés en public, complets ou partiels. »

Dans une vidéo, que le rapport dit avoir probablement été filmée à la prison Ofer et publiée sur Telegram en novembre 2023, des Palestiniens ont été complètement dénudés, les yeux bandés, tout en étant poussés de force dans un bus par les soldats des Forces de défense d’Israël.

Le comité a environ 20 vidéos et images documentant ces incidents. Certaines de ces images et photographies dépeignent les arrestations de masse de Gazaouis en décembre 2023 à Beit Lahia et dans un stade de la ville de Gaza.

Le rapport dit que des images de ces événements, montrant des hommes enchaînés portant seulement des sous-vêtements, ont circulé largement en ligne. Un ancien porte-parole des Forces de défense d’Israël, Daniel Hagari, a nié que les images provenaient de l’armée israélienne.

Certains des cas mentionnés dans le rapport décrivent la destruction des établissements de santé, dont des cliniques de fertilité et des maternités. Selon le rapport, la plus grande clinique de fertilité de Gaza a été bombardée en décembre 2023. Des rapports indiquent que la destruction de l’établissement a conduit à la perte d’environ 4000 embryons congelés, ainsi que d’environ 1000 échantillons de dons d’ovules et de sperme.

Le rapport affirme qu’un an après le déclenchement de la guerre, environ 45000 femmes enceintes ont souffert de la faim à différents degrés. Plusieurs femmes ont témoigné devant le comité qu’à cause d’une famine sévère, elles étaient incapables de produire du lait maternel pour leurs bébés ; des experts de santé ont confirmé leurs témoignages.

Le comité a aussi rapporté qu’il a documenté des instances de violence sexuelle contre des détenus palestiniens dans plus de dix établissements de détention des Forces de défense et du service de prisons d’Israël, particulièrement au centre de détention de Sde Teiman, où des hommes étaient emprisonnés et dans deux autres prisons où des femmes étaient détenues.

Selon le rapport, des Palestiniennes en détention ont témoigné de harcèlement sexuel, de tentatives d’attaques sexuelles, de coups ciblant leur zone génitale et de cas où les soldats ont touché leurs poitrines ou essayé de les embrasser. Une détenue a raconté qu’un soldat lui a demandé : « Comment veux-tu que nous te violions ? Un par un ou tous ensemble ? » Après avoir rapporté la menace à son avocat, elle a témoigné qu’on lui avait refusé le droit de le voir.

Dans un autre cas, une Palestinienne transférée vers une prison israélienne a été sexuellement harcelée et physiquement attaquée devant son mari. Selon son témoignage, un soldat a dézippé son pantalon devant elle et a menacé de la forcer à s’asseoir sur ses genoux. Un autre soldat a fait des commentaires dégradants sur son corps. Plus tard, selon le témoignage, la femme — qui avait accouché deux mois plus tôt — a été frappée par les soldats jusqu’à ce qu’elle perde connaissance.

Le député israélien de l’opposition Benny Gantz a dit que « le rapport des Nations Unies affirmant qu’Israël exerçait des ‘actes génocidaires’ et utilisait la ‘violence sexuelle’ comme arme de guerre n’est pas seulement trompeusement faux, il montre une nouvelle baisse dégradante dans la dépravation morale des Nations Unies ». Il a ajouté que le rapport colporte « des diffamations antisémites et fait le jeu de terroristes meurtriers ». 

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Oren Marmorstein, a appelé le rapport « un des pires cas de diffamation par le sang que le monde ait jamais vus », ajoutant qu’il « accuse les victimes des crimes commis contre elles ».

« Le Hamas est l’organisation qui a commis d’horribles crimes sexuels contre des Israéliens et Israéliennes. C’est vraiment un document répugnant que seule une organisation antisémite comme les Nations Unies pouvait produire », a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

L’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a décrit les Nations Unies comme « l’‘idiot utile’ du Hamas », ajoutant que « les pires régimes de l’histoire accusaient leurs ennemis de ce qu’ils faisaient eux-mêmes … C’est le HAMAS qui a attaqué, violé et assassiné des Israéliens. »

Un rapport antérieur publié par la Commission en juin 2024 a accusé le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens de sérieuses violations des droits dans leur attaque du 7 octobre, en particulier de torture et de traitements dégradants.

Israël fait partie de la Convention sur le génocide et a reçu l’ordre en janvier 2024 par la Cour internationale de justice de prendre des mesures pour prévenir des actes de génocide pendant la guerre contre le Hamas.

Il ne fait pas partie du Statut de Rome, qui donne juridiction à la Cour pénale internationale pour juger de cas criminels individuels, dont le génocide et les crimes contre l’humanité.

L’Afrique du Sud a saisi d’un cas de génocide la Cour internationale de justice contre les actions d’Israël à Gaza.

Israël a officiellement informé les Nations Unies en février 2022 qu’il ne coopérerait pas avec sa Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le Territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est, et Israël, et n’autoriserait pas ses représentants à entrer dans le pays.

La position de longue date d’Israël est que le Conseil des droits de l’Homme des Nations Unies est un organisme politiquement biaisé qui le discrimine.