Dans les hôpitaux dévastés de Gaza, des patients traitables connaissent « une mort lente, silencieuse »

Saignant de blessures bénignes d’éclats d’obus. Mourant de maladies que les médecins n’ont pas le temps de soigner. Devenant aveugle dans l’attente d’évacuation à l’étranger. Ce sont les multiples victimes de la guerre d’Israël contre le système de santé de Gaza.

Récemment, des détails sont apparus sur un massacre israélien particulièrement horrible qui vise des équipes médicales dans le sud de Gaza. Le 23 mars, une équipe du Croissant Rouge et du personnel de la défense civile ont été envoyés en mission pour secourir des collègues qui avaient été visés plus tôt dans la journée dans le gouvernorat de Rafah. À un moment, la liaison avec l’équipe a été perdue et celle-ci a été considérée morte.

Mais ce ne fut que plusieurs jours après, lorsqu’un groupe d’équipes du Bureau de l’ONU pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA), du Croissant Rouge et de la Défense Civile ont eu accès au site et qu’ils ont pu exhumer, que la réalité dans toute son horreur a été révélée : mains et pieds attachés, signes d’exécution à bout portant et cops mutilés méconnaissables. Ce n’étaient pas des blessures de tirs croisés. Les forces israéliennes les avaient exécutés de sang-froid, avant de prendre un bulldozer pour  enterrer leurs véhicules écrasés au-dessus de leurs corps.

« Nous les déterrons dans leurs uniformes, avec leurs gants » a dit Jonathan Whittall d’OCHA dans une déclaration faite après la découverte de la fosse commune à Tel Al-Sultan. « L’un d’eux avait été déshabillé et un autre décapité » a expliqué Mahmoud Basal, un porte-parole de la Défense Civile.

Selon le service des médias de Gaza, l’armée israélienne a tué 1402 travailleurs médicaux depuis le 7 octobre, ce qui représente une des campagnes les plus meurtrières de l’histoire moderne contre des travailleurs de la santé. Le ciblage de personnel médical fait partie d’une attaque plus large sur l’infrastructure de santé de Gaza : 34 hôpitaux ont été détruits et mis hors service, avec 240 centres et services de santé et 142 ambulances qui ont aussi été visées. La totalité des dégâts sur le secteur de la santé est estimée à plus de 3 milliards de dollars (2,73 milliards €), ce qui le met complètement dans l’incapacité de répondre aux besoins urgents d’une population piégée par un siège et par des bombardements.Haut du formulaireBas du formulaire

Dans le cours de la guerre, les forces israéliennes ont aussi attaqué de nombreux services de santé et les ont transformés en avant-postes militaires, ainsi que l’a documenté  une récente enquête de Human Rights Watch. Les principaux hôpitaux dont Al-Shifa et Nasser n’ont pas seulement été assiégés mais occupés, mettant en danger les patients et le personnel, ce qui a causé la mort de patients qui ont été sortis de force ou laissés sans traitement.

Ces actions, combinées au blocus plus large et à la privation d’aide essentielle, reflètent une stratégie délibérée de démantèlement du système de soins de santé de Gaza  — une tactique qui peut s’apparenter à des crimes contre l’humanité incluant l’extermination et des actes de génocide.

Pendant le récent cessez-le feu, les services de santé de Gaza étaient au bord de l’effondrement , handicapés par la suite ininterrompue de 15 mois d’attaques israéliennes. Mais avec la reprise de la campagne militaire d’Israël et du blocus total, les hôpitaux de la bande de Gaza ont déclaré que le système de santé dévasté était désormais entré dans un état de « mort clinique ».

Le docteur Mohammed Zaqout, directeur général du secteur hospitalier du ministère de la santé, a averti que la guerre poursuivie par Israël aggrave ce qu’il a appelé « une crise humanitaire déjà insupportable ». Il a insisté sur le fait que la fermeture continue des points de passage aux frontières  par les forces israéliennes avait bloqué l’entrée de médicaments, d’équipements médicaux et de carburant désespérément attendus.

Ce que l’on voit dans les hôpitaux de Gaza ne correspond plus à des services médicaux. Des patients jonchent un sol maculé de sang, leurs blessures ne sont pas traitées. Certains cherchent de l’air alors que l’oxygène s’épuise ; d’autres sont étendus, silencieux, dans l’attente d’un soulagement qui ne viendra jamais. C’est un système de santé qui n’est pas juste assiégé, mais délibérément démantelé.

« Nos hôpitaux sont submergés et nous manquons de tout » a dit Zaqout. « Nous ne parlons pas juste d’insuffisance – nous parlons d’absence totale ».

‘Nous agissons à mains nues et avec des lampes de poche – c’est moyenâgeux’

Ce qui un jour a fonctionné comme un réseau vital d’hôpitaux, de cliniques et de voies d’accès à Gaza a été réduit à un paysage anéanti de champs de tentes, d’abris surpeuplés et de salles de soins de fortune. Tout cela souvent sans électricité, eau propre ou fournitures médicales de base. Les médecins restants, assiégés et ciblés avec leurs patients, travaillent bien au-delà de la capacité humaine, oeuvrant avec à peine plus que de la gaze et de la détermination.

Pourtant, les équipes médicales continuent à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider leurs patients. « Nous n’avons pas le luxe de nous reposer » a dit à +972 Ahmed Khalil (pseudonyme), un médecin qui a passé 540 jours à se déplacer entre des hôpitaux bombardés. « Nous traitons des patients sur le sol, sans électricité, sans anesthésie, à mains nues et avec des lampes de poche – c’est moyenâgeux ».

En mars 2024, les forces israéliennes ont encerclé et assiégé l’hôpital Al-Shifa de la ville de Gaza – le plus important établissement médical de l’enclave – pour la deuxième fois, condamnant l’accès à la nourriture, au carburant et aux fournitures médicales. Piégé à l’intérieur pendant plusieurs jours, Khalil l’a vu se transformer d’un centre de soins actif en cible militaire. « Nous étions environnés de tanks, de drones qui bourdonnaient au-dessus de nos têtes, pas d’électricité, pas de nourriture. Nous agissions à la lumière des téléphones mobiles » a-t-il rappelé.

« Lorsque les appareils à oxygène ont commencé à faiblir et les moniteurs cardiaques à s’éteindre, je savais que nous n’étions plus un hôpital » a dit à +972 Amna, une infirmière de 32 ans qui travaille à Al-Shifa depuis une dizaine d’années. « Nous étions dans une fosse commune en train de se creuser ».

Amna a vécu de précédentes guerres et de précédents sièges, mais ce qui est arrivé ce mois-là, a-t-elle dit, était différent de tout ce qui s’est passé auparavant. « C’était trop » se souvient-elle. « Nous devions faire des choix impossibles – qui traiter en premier, qui nous pouvions essayer de sauver, et qui nous devions laisser partir. Nombreux sont ceux qui sont morts, non parce que leurs blessures étaient trop graves mais parce qu’il n’y avait pas d’appareils, d’espace, de mains libres pour aider ».

Lorsque les forces israéliennes ont envahi Al-Shifa, Khalil – avec des patients, du personnel et des civils déplacés – a été obligé d’évacuer sous le feu. Son chemin vers le sud l’a conduit à travers des quartiers écrasés et des abris surpeuplés, jusqu’à ce qu’il atteigne l’hôpital Nasser de Khan Younis, un des derniers centres médicaux de Gaza à fonctionner à moitié. Mais même là, les conditions étaient cauchemardesques. 

« Les gens saignaient dans les couloirs » dit-il. « Il n’y avait pas de morphine. Pas d’antibiotiques. Parfois, même pas de gaze ». Les équipes médicales étaient dans l’incapacité de sauver de nombreux blessés en attente d’admission dans des unités de soins intensifs ». J’ai vu des patients – des enfants, des personnes âgées – mourir dans la file d’attente d’une aide qui n’est jamais venue ».

Un souvenir hante toujours le docteur Khalil, celle d’un jeune homme d’une vingtaine d’années blessé à l’abdomen par des éclats d’obus, transporté par des parents sur un morceau de contreplaqué. « Nous n’avions pas de matériel de radiographie, pas de salle d’opération, pas d’antidouleur. Il est mort dans l’heure – non parce que nous ne savions pas comment le sauver, mais parce que nous n’avions rien pour le sauver ».

Les conditions que Khalil et ses collègues ont endurées seraient inimaginables dans n’importe quel autre contexte. « Nous avons opéré pendant 48 heures sans sommeil » a-t-il dit. « Nous n’avons pas mangé – il n’y a pas à manger. Parfois nous travaillons des périodes entières sans une goutte d’eau propre. Nous travaillons alors que nos familles sont déplacées ou enterrées. Parfois nous traitons des patients en sachant qu’il n’y a aucune chance, mais nous essayons quand même. Parce qu’il le faut ».

Des bombes tombent à proximité tandis que des opérations sont réalisées ; le ronronnement des drones et les cris des blessés s’entendent dans les couloirs obscurcis. « Nous ne traitons pas que des traumatismes – nous les vivons « a ajouté Khalil. « Nous sommes les blessés traitant les blessés. Mais nous refusons de laisser notre peuple mourir seul ».

‘Personne n’avait de temps pour quelqu’un qui n’était pas blessé’

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 50 000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre. Mais ces chiffres ne donnent pas à voir l’étendue de la crise : de nombreuses morts additionnelles auraient pu être évitées si le système de santé de Gaza n’avait pas été démantelé morceau par morceau.

Le 2 mars 2025, Haithm Hasan Hajaj, un ingénieur civil de 41 ans, père de trois enfants, est mort dans le nord de Gaza après des mois de souffrances d’une maladie traitable – une des nombreuses morts silencieuses dans un système de santé détruit où les besoins médicaux deviennent des demandes impossibles.

Sa femme, Mona, ne peut toujours pas l’accepter. « Il n’a pas été tué par une frappe aérienne. Il est mort lentement, doucement parce que personne ne pouvait l’aider ».  a dit cette femme de 37 ans à +972, en retenant ses larmes. « Nous avons cherché de l’aide pendant neuf mois. Nous avons sollicité un diagnostic, des médicaments, n’importe quoi. Mais il n’y a rien eu ».

Les symptômes d’Hajaj ont commencé en juillet 2024 : douleurs de l’estomac, fatigue et anémie inexpliquée. « D’abord, nous avons cru que c’était du stress dû à la guerre et aux privations » a dit Mona. « Mais en quelques semaines, il pouvait à peine se ternir debout. Nous allions d’un endroit à l’autre mais chaque hôpital était surchargé. Ils nous disaient : ‘Nous ne traitons que les blessures de guerre’. Personne n’avait de temps pour quelqu’un qui n’était pas en sang ».

Coincés au nord assiégé, ils n’ont pas eu accès à des spécialistes ni à des laboratoires en fonctionnement. « Un jour, nous sommes allés à l’Hôpital Baptiste » a expliqué Mona. Nous avons attendu de six heures du matin à 10 heures du soir – 16 heures à faire la queue. Mais ils nous ont renvoyés. Le laboratoire n’avait pas de matériel. Ils ne pouvaient même pas faire une analyse de sang ».

Les mois passant, l’état d‘Hajaj a empiré. Sa peau s’est effritée en éruptions douloureuses. Il a perdu 30 kg. « En janvier, il n’avait que la peau sur les os. Mes enfants avaient peur de le toucher – non qu’ils aient eu peur de lui mais parce qu’ils pouvaient voir qu’il souffrait ».

Finalement, au septième mois de son déclin, ils ont appris qu’il avait une maladie coeliaque, déclenchée par l’intolérance au gluten. La solution aurait pu être simple : ôter la farine de son alimentation. Mais à Gaza, il n’y avait pas le choix. « Tout ce que nous avions était du blé et cela même était rare » a dit Mona. « Nous ne savions même pas. Pendant des mois il a mangé ce qui le tuait, pour survivre ».

Deux mois plus tard, Hajaj est mort – non de la maladie coeliaque elle-même mais de l’absence de tout ce que Gaza ne pouvait plus fournir : des outils de diagnostic, un traitement, la sécurité alimentaire et la dignité. Leurs enfants âgés de 9, 11 et 13 ans posent maintenant des questions auxquelles Mona ne sait pas comment répondre. « Ils ne cessent de demander quand Papa va revenir » dit-elle. « Le petit m’a dit : ‘on peut partager notre pain avec lui maintenant. Peut-être ça va lui faire du bien ‘. Comment expliquer à un enfant que son père est mort parce que nous ne pouvions même pas trouver un pain qui ne lui fasse pas de mal ?»

Avant la guerre, Hajaj était sur le point de terminer son doctorat. « Il ne lui restait que quelques mois pour le finir » a dit Mona. « Il avait des rêves. Il voulait enseigner. Il voulait construire quelque chose pour son pays. Nous avions acheté une maison à Tel Al-Hawsa, l’année précédant la guerre. Nous avons appris en novembre dernier qu’elle a été détruite par une frappe aérienne. Mais Haithm ne s’est pas plaint. Il a juste dit : ‘nous la reconstruirons – pour les enfants’ ».  Elle a marqué une pause, s’étouffant. « Mais maintenant il est parti. Et je ne sais pas comment reconstruire sans lui. Comment puis-je vivre sans lui ? »

Leur fils de 13 ans, Hasan, essaie de prendre la place de son père. « Hasan veut être l’homme de la maison, pour aider son petit frère et sa petite sœur » a dit Mona. « Hier, il est rentré en pleurs, sanglotant, disant :’j’aurais voulu mourir avec Papa. Je ne veux pas vivre comme ça’. Il avait essayé de trouver de la nourriture pour nous, mais il n’avait pas réussi. Ce n’est qu’un enfant. Marcher dans les rues où tombent des bombes le terrifie. Il a besoin de son père – nous tous en avons besoin. Je ne sais pas comment les faire se sentir de nouveau en sécurité ».

‘Ce n’est pas qu’une question de médicaments. Il s’agit de dignité’

Pour Zafer âgé de 64 ans (révélation complète, c’est l’oncle de l’auteur), la guerre ne lui a pas pris la vie – mais sa vue, son indépendance et son rôle de soutien d’une famille luttant déjà pour survivre.

Avant le début de la guerre, Zafer recevait un traitement régulier pour un glaucome sévère. Deux fois par semaine, il se rendait à l’hôpital pour des injections oculaires pour gérer la pression et préserver ce qui lui restait de vision. Il était prévu qu’il aille en Égypte en février 2024 pour une opération destinée à installer des valves de drainage dans ses yeux, une procédure relativement simple qui aurait pu lui sauver la vue.

Mais à la fin de 2023, dans l’intensification de l’assaut israélien, l’accès à des injections oculaires devint presque impossible à Gaza. Et, en l’absence d’un système de référencement qui fonctionne, Zafer ne s’en est pas sorti – l’un des plus de 10 000 habitants de Gaza dont les demandes d’évacuation médicale n’ont jamais été approuvée pendant la première année de la guerre. « Les médecins nous ont dit : ‘s’il n’est pas opéré maintenant, il va perdre la vue’ – et après il était trop tard » a dit sa femme, Hanan à +972.

« D’abord, il a commencé à voir des ombres », a continué sa femme qui a 58 ans. « Puis les chose se sont complètement brouillées. Jour après jour, nous voyions sa vue s’affaiblir. À la fin de novembre il était complètement aveugle ».

La perte de la vue a changé tous les aspects de la vie de de Zafer et a eu une profonde influence sur la vie de sa famille. Il était le seul pourvoyeur d’une maisonnée déjà marquée par les épreuves : deux enfants, Hani et Sarah vivant avec des handicaps ; une fille veuve et Hanan elle-même.

« Il faisait tout » a-t-elle dit. « Il arrangeait des choses à la maison, se déplaçait pour acheter à manger et il aidait ses enfants. Maintenant il ne peut même plus voir leurs visages ».

Les journées de Zafzer sont maintenant emplies de silence et de peur. « Il me demande tout le temps :’Et si nous devons évacuer encore une fois ? Qui va m’aider ?’ » a dit Hanan. « Il me dit : ‘Laisse-moi là – mais ne laisse surtout pas Hani et Sarah. Assure-toi qu’ils sont en sécurité. C’est tout ce que je veux ».

Parfois il s’assied près de la fenêtre et lui demande de décrire la rue – les gens, le ciel, les arbres. « Il veut se souvenir de ce à quoi ressemble le monde » a-t-elle dit la voix tremblante. « Mais plus que cela, voir ses enfants lui manque ». 

Il n’arrête pas de demander : ‘quand la frontière va-t-elle s’ouvrir ? Peut-être que je peux encore y aller ? » a continué Hanan. Mais au fond de nous, nous savons tous les deux qu’il n’y a rien à attendre de l’autre côté. Ce n’est pas qu’une question de remède, c’est une question de dignité – et cela nous est enlevé jour après jour ».

‘Tout ce que je veux c’est quitter Gaza avant qu’il ne soit trop tard’

Au cours des six derniers mois, le jeune Ata Ahmed de 18 ans (pseudonyme) a été étendu sur le dos sous une tente, paralysé à partir de la taille vers le bas du corps. Sa vie a changé en un instant le 12 septembre 2024 lorsqu’une frappe aérienne israélienne a touché une maison voisine dans le quartier de Shuja’iyya. Des éclats d’obus de l’explosion ont déchiré sa colonne vertébrale, lui laissant des séquelles permanentes et une longue liste de complications. Il a, depuis, subi plusieurs opérations – mais les médecins ont dit avoir fait tout ce qu’ils pouvaient.

« Chaque jour je sens mon état empirer » a dit Ata à +972. « J’ai fait une demande pour être orienté vers un traitement à l’étranger, il y a des mois ; je ne peux pas attendre beaucoup plus. Tout ce que je souhaite c’est quitter Gaza et obtenir un traitement approprié avant qu’il ne soit trop tard. Le cessez-le feu m’a donné de l’espoir, mais maintenant je sens que tout est fermé ».

Ata est juste un des 35 000 blessés et atteints de maladies chroniques de Gaza actuellement coincés sur des listes d’évacuation médicale. Avec des hôpitaux paralysés par des bombardements répétés, des pénuries graves et l’effondrement complet de l’infrastructure médicale, des milliers de personnes se voient refuser l’accès à des soins vitaux. Selon le ministère de la santé de Gaza, au moins 40% de ceux qui ont fait des demandes de traitement à l’étranger depuis le début de la guerre sont morts en attendant – victimes de la fermeture des frontières, d’un système de référencement rompu et d’un système de santé qui ne fonctionne plus.

Dans le complexe médical Nasser de Khan Younis, l’un des derniers établissements fonctionnant partiellement dans le sud de Gaza, Oum Saeed Ghabaeen, âgée de 81 ans s’appuie sur une chaise en plastique, visiblement épuisée, alors qu’une nouvelle séance de dialyse commence. Elle se bat contre une insuffisance rénale depuis trois ans et dépend d’une routine de dialyse pour sa survie. Mais depuis le début de la guerre, son état s’est gravement détérioré. Le déplacement forcé, de graves pénuries de médicaments, et même un manque d’eau propre ont mis sa vie en péril constant.

« Depuis que nous nous sommes enfuis de chez nous, tout a changé » a-t-elle dit. « Les séances sont plus courtes. Les appareils sont moins nombreux. Les soins sont plus faibles. Et je me sens plus fatiguée chaque jour »

Avec seulement quelques unités de dialyse encore en fonctionnement au sud, les hôpitaux ont été forcés de réduire le nombre de séances hebdomadaires et de raccourcir leur durée – un compromis dangereux, en particulier pour les patients âgés. Les médecins avertissent que ces changements pourraient aboutir à une vague de morts évitables.

« Nous sommes poussés au bout de nos forces » a dit Ghabareen. « Certains jours je me demande si je vais survivre jusqu’à la séance suivante ».

Mahmoud Mushtaha est journaliste et activiste des droits humains à Gaza. Il poursuit actuellement un MA Médias et communication internationales à l’Université de Leicester, au Royaume Uni. Il a récemment publié son premier livre en espagnol « Survivre au génocide à Gaza ».

  • Photo : Des Palestiniens blessés s’entassent sur le sol de l’hôpital Nasser après le bombardement d’une zone résidentielle porche d’une école où s’abritaient un grand nombre de personnes déplacées, Khan Younis, sud de la bande de Gaza, 3 décembre 2023 (Mohammed Zaanoun/Activestills)