Crise de Gaza : Des centaines d’universitaires signent une lettre appelant les universités irlandaises à suspendre tout lien avec les institutions israéliennes

Des universitaires écrivent : «  L’ampleur et l’intensité de la guerre en cours d’Israël contre la Bande de Gaza ont dépassé tous les précédents niveaux de violence dans l’occupation israélienne, prolongée et brutale, de la Palestine »

Monsieur,

Nous vous écrivons en tant qu’universitaires et intellectuels basés en Irlande ou originaires d’Irlande. L’ampleur et l’intensité de la guerre en cours d’Israël contre la Bande de Gaza ont dépassé tous les précédents niveaux de violence dans l’occupation israélienne, prolongée et brutale, de la Palestine. C’est une campagne de nettoyage ethnique et, selon de nombreux experts, de violence génocidaire.

L’incursion de groupes armés palestiniens le 7 octobre incluait des attaques criminelles contre des civils.

Mais, dans aucune circonstance, le droit international ne permet le bombardement systématique et la punition collective de civils dans un territoire occupé et assiégé.

Les termes et les tropes déshumanisants qu’utilisent largement les dirigeants israéliens en se référant aux Palestiniens répètent ceux qui sont typiquement associés à une incitation et à une intention génocidaires.

Au cours des trois dernières semaines, les actions militaires d’Israël se sont alignées sur ces mots, tuant plus de 9000 Palestiniens à l’intérieur de Gaza, dont quelque 3700 enfants (plus que le nombre annuel d’enfants tués dans l’ensemble des conflits armés du reste du monde combinés).

Davantage encore de Palestiniens meurent du manque de combustibles, d’eau, d’électricité et de fournitures médicales dans ce blocus délibéré. Les hôpitaux de Gaza sont à peine capables de fonctionner — pas de courant pour les respirateurs, du vinaigre utilisé comme antiseptique, des opérations chirurgicales sans anesthésiques — et continuent d’être touchés par des frappes aériennes israéliennes. La situation est au-delà de l’inhumain.

Des spécialistes juifs et Israéliens de premier plan de l’Holocauste et des études sur les génocides ont appelé cette situation un « cas d’école de génocide ». Des experts du génocide bosniaque ont affirmé également que « ce qui arrive à Gaza est un génocide ».

Après la première semaine de l’offensive israélienne, un groupe international de plus de 800 avocats et experts sur le génocide a « ressenti la nécessité de tirer un signal d’alarme sur la possibilité qu’un génocide soit en train d’être perpétré par les forces israéliennes », et des rapporteurs spéciaux des droits humains aux Nations unies ont averti « du risque de génocide contre le peuple palestinien », appelant tous les Etats et toutes les organisations internationales à remplir leurs obligations pour empêcher un génocide.

Les assassinats et la destruction n’ont fait que s’intensifier depuis. Plus de 60 Etats membres des Nations unies ont maintenant utilisé le terme de génocide pour décrire les attaques d’Israël sur la population de Gaza. Cette semaine, le ministre des Affaires étrangères d’Afrique du sud a fait référence au génocide au Rwanda et « rappelé à la communauté internationale de ne pas rester inactive alors que déroule un autre génocide ».

Les atrocités à Gaza s’ajoutant maintenant aux 75 ans de colonisation et d’occupation des terres palestiniennes par Israël, rien de ce qui approche du « business as usual » [« comme si de rien n’était »] ne devrait se maintenir.

De nombreuses universités irlandaises et des projets de recherche subventionnés par l’Union européenne ont des collaborations actives avec des universités israéliennes. Les universités israéliennes sont, comme le dit la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël, « des complices majeures, volontaires et persistantes du régime d’occupation d’Israël » et de ses infrastructures militaires.

Pendant ce temps, plusieurs universités palestiniennes de Gaza ont été détruites par les frappes aériennes israéliennes, quelque 70 universitaires et 2000 étudiants et étudiantes figurent parmi les civils tués.

Nous appelons toutes les universités en Irlande à couper immédiatement tout partenariat institutionnel existant et toute affiliation avec des institutions israéliennes. Ces liens devraient être suspendus jusqu’à ce que l’occupation du territoire palestinien prenne fin, que les droits palestiniens à l’égalité et à l’auto-détermination soient validés et que le droit au retour des réfugiés palestiniens soit facilité.

Au stade où nous sommes, quoi que ce soit de moindre équivaudrait à un soutien tacite de crimes contre l’humanité.

Avec l’expression etc.,

La liste complète des signataires est disponible ici