Une collaboration entre l’armée israélienne et l’université de Tel Aviv (TAU) a suscité de vives réactions de la part d’enseignants et d’étudiants palestiniens qui critiquent la militarisation de l’institution universitaire.
Quand les étudiants reviendront à l’université de Tel Aviv (TAU) la semaine prochaine pour le début de l’année universitaire, ils seront en compagnie de 80 à 100 soldats israéliens en uniforme. L’université accueille en collaboration avec l’armée israélienne un nouveau programme dénommé “Erez”, destiné à permettre à ceux qui reçoivent une formation d’officiers d’achever une licence complète avant même d’avoir terminé leur formation, et visant à faire d’eux des “officiers de combat et des universitaires instruits”.
La doyenne de la Faculté des sciences humaines de TAU, Rachel Gali Cinamon, a fait l’éloge de la mise en place de ce programme. “Je ne pense pas qu’il y ait une autre armée dans le monde qui fasse une chose pareille, qui forme des soldats aux valeurs humanistes pendant le service militaire”, a-t-elle dit à +972. “Il y a ici un immense potentiel en vue d’un dialogue éducatif dont la société israélienne a besoin.”
L’annonce, cependant, a provoqué des réactions extrêmement vives de la part d’un certain nombre d’étudiants et d’enseignants, en particulier des citoyens palestiniens d’Israël. “Ça va transformer le campus en base militaire”, a déclaré Yousef Taha, coordinateur du groupe étudiant de l’université affilié au parti politique arabe Balad, et l’un des signataires d’une lettre cinglante envoyée à Cinamon par des étudiants palestiniens pour exiger l’annulation du programme.
La coopération entre les universités israéliennes et l’armée n’est pas une nouveauté. L’université Ben-Gourion, dans le Néguev, donne des cours à des cadets (élèves-officiers) en train de recevoir une formation de pilotes ; l’université de Haïfa accorde des diplômes à trois instituts militaires, notamment l’Institut du Commandement et de l’État-major, dépendant de l’armée ; l’Université hébraïque de Jérusalem propose le programme Havatzalot destiné aux futurs agents du renseignement ; quant à TAU elle-même, elle accueille déjà le programme Arazim, dont l’objectif est d’intégrer les meilleurs étudiants-chercheurs dans le domaine technologique et mathématique aux divisions de l’armée consacrées au renseignement et à la cyberdéfense.
Cependant, le nouveau programme de TAU représente une autre étape vers la militarisation de l’enseignement supérieur israélien et la normalisation sociale de ce processus. Les termes de l’accord étant encore quelque peu flous, les critiques qui s’expriment parmi les étudiants et le corps enseignant craignent que l’université ne soit en train d’accorder à l’armée un contrôle croissant des salles de cours.
Préoccupations relatives au contenu et aux conditions
TAU a remporté l’appel d’offres pour le programme Erez rendu public par le ministère israélien de la Défense, prévu à l’origine pour trois cohortes de 200 soldats au total, une option prévoyant trois cohortes supplémentaires. Le ministère de la Défense versera approximativement 8,2 millions de shekels (plus de 2 millions d’euros) pour l’enseignement dispensé aux soldats, auxquels s’ajoutent des versements pour les cours d’anglais, la psychométrie, les repas et l’hébergement, si du moins les soldats vivent sur le campus plutôt que sur une base militaire proche. Au total, selon une estimation donnée par The Marker, TAU recevra environ 15 millions de shekels (plus de 3,5 millions d’euros) en rapport avec le programme.
Selon l’appel d’offres, “les formations militaire et universitaire sont étroitement liées”. L’objectif du programme, tel qu’exposé, est “la formation de commandants intellectuels et larges d’esprit, dotés d’une vaste culture militaire et de qualités universitaires ; l’épanouissement d’officiers de combat pleins de curiosité et d’esprit critique … [et] le développement de combattants matures, faisant usage de leur jugement et de leur pensée éthique et morale.” Sur les six semestres pendant lesquels les cadets prépareront leur diplôme, le cinquième se déroulera dans un établissement militaire tandis que le sixième se passera entièrement à la Base d’entraînement n°1 des FDI, une école de formation d’officiers à Mitzpe Ramon. Au total, entre 16 et 24 des 120 crédits nécessaires à l’obtention d’une licence seront assurés par un “personnel militaire sous supervision universitaire”.
Bien que l’appel d’offres affirme à plusieurs reprises que le cursus répondra à tous les critères universitaires, la tonalité militaire du programme est évidente. Même avant d’être recrutés, les cadets seront soumis à une période prémilitaire pendant laquelle ils suivront des “ cours non-universitaires dans les domaines militaire et de sécurité”, le but étant de “fournir une base de connaissance et un langage commun à la profession militaire”. Les cours “seront dispensés par un personnel militaire expert, sous la supervision et le contrôle de l’institution universitaire et avec son approbation”.
De surcroît, dès leur arrivée à TAU, l’accent mis sur la formation de sécurité et militaire sera évident. Les cadets suivront un “cours fondamental obligatoire” orienté vers des études militaires et de sécurité de base qui se dérouleront dans une “salle de cours fermée”. Même les cours en option seront “en rapport, autant que possible, avec les domaines militaires et de sécurité” et comporteront des modules “contribuant de façon significative et se rattachant immédiatement au rôle d’un officier de combat”.
Par exemple, dans le domaine des science politiques, les cours en option comporteront “le conflit judéo-arabe, les relations armée-société, le peuple juif à l’époque moderne, la résolution de conflits violents, l’entreprise sioniste — la pensée politique juive, la stratégie et la sécurité nationale, la géostratégie du Moyen-Orient, et une introduction au droit international”.
Pour les études du Moyen-Orient et islamiques, les étudiants auront à choisir des cours dans les domaines suivants : “introduction à l’islam, au terrorisme et à la guerre de guérilla” et “l’Iran depuis la Révolution islamique”. Dans le domaine militaire et de sécurité, ils étudieront “la guerre et l’histoire à l’époque moderne, la pensée militaire à l’époque moderne, l’armée et le droit international/éthique et morale, l’histoire des guerres israélo-arabes, et un séminaire sur l’étude des batailles”.
Mais le contenu éducatif et les éléments hors-site du programme ne sont pas les seuls éléments préoccupants pour les étudiants et enseignants de l’université. Dans la clause de confidentialité de l’appel d’offres, on peut lire que “l’institution universitaire fournira à l’agent de sécurité des FDI des réponses aux questions et exigences sur certains aspects de la sécurité sur le terrain, en cas de besoin”. Ce chapitre, aux yeux de certains enseignants, est particulièrement inquiétant, car il pourrait impliquer que des informations sur les étudiants soient partagées avec un organisme militaire et il pourrait créer une situation dans laquelle des réunions universitaires imposeraient une habilitation de sécurité.
Une autre clause controversée de l’appel d’offres original demandait que les agents de sécurité de l’université autorisent les cadets et leurs accompagnants militaires à porter des armes sur le site de l’université, ce que les critiques ont considéré comme une militarisation directe du campus. Depuis, cette demande a été abandonnée, mais les cadets auront toujours à porter leur uniforme de l’armée sur le campus. On pense qu’ils devront déposer leurs armes dans une armurerie installée à l’entrée du campus ou dans les dortoirs, mais TAU n’a pas répondu directement à la demande de commentaire de +972 sur cette question.
Cependant, la clause qui a suscité l’indignation la plus vive est la suivante : “l’institution universitaire s’engage à veiller à ce que le personnel universitaire évite tout propos offensant envers les soldats des FDI qui étudient dans l’institution, qu’il s’agisse de déclarations concernant leur service militaire aux FDI ou concernant leur port de l’uniforme. Cet engagement est essentiel.” En d’autres termes, dès qu’un enseignant de TAU dit quelque chose de négatif sur les soldats qui étudient sur le campus, me ministère de la Défense peut annuler le contrat.
Engendrer la peur
Un groupe d’enseignants de TAU a exprimé son opposition à ces clauses essentielles de l’appel d’offres. Lors d’une réunion du conseil de la Faculté des sciences humaines, à la mi-août, ce groupe a proposé une résolution demandant la suppression de la condition interdisant les “propos offensants” contre les soldats, et objectant au transfert aux autorités militaires d’informations sur les étudiants. Ces enseignants ont également demandé que les cadets n’aient pas la permission de porter des armes ou d’être vêtus d’uniformes sur le campus.
En réponse, la doyenne a proposé au nom du corps enseignant une contre-résolution qui ne se référait pas explicitement à l’interdiction des “propos offensants”, mais affirmait ceci : “le corps enseignant insiste pour préserver les principes de liberté d’expression pour tous les membres de la communauté y, tant le personnel que les étudiants”, ce qui semble être un léger adoucissement de cette clause. En ce qui concerne le transfert des informations relatives aux étudiants, la contre-résolution affirmait ceci : “il ne sera effectué que conformément à la loi”. Elle disposait également que les soldats ne porteraient pas d’armes, mais qu’il ne leur serait pas interdit de porter un uniforme. La proposition de la doyenne a été adoptée à une majorité de 65 contre 35.
Rien de cela n’a rassuré les étudiants palestiniens de l’université, dont on estime qu’ils représentent de 12 à 16 % du corps étudiant de la TAU. Les étudiants affiliés à Balad, au parti Hadash et à d’autres groupes politiques arabes du campus ont envoyé une lettre solennelle à la doyenne, exprimant leur « inquiétude et leur panique » à l’idée que l’entrée de dizaines de soldats en uniforme aggraverait « les divisions et les tensions politiques » et « encouragerait la militarisation ». Ils ont également exprimé leur inquiétude quant au fait que les études sur le Moyen-Orient et l’islam passeraient ouvertement de l’étude au nom de la connaissance à l’étude pour « connaître l’ennemi ».
« Dans ce programme, nous voyons une partie d’un processus par lequel la société israélienne passe pour tout militariser », a déclaré Taha, du groupe d’étudiants Balad. « Je comprends que [la plupart des Israéliens] aillent à l’armée, mais voir des gens avec des uniformes et des armes dans un établissement d’enseignement supérieur suscitera la peur.”
Des Palestiniens et des militants étudiants israéliens de gauche participent à un rassemblement marquant l’anniversaire de la Nakba à l’université de Tel Aviv, le 15 mai 2022. (Tomer Neuberg/Flash90)
Taha a expliqué que les étudiants arabes se sentent particulièrement menacés depuis les événements de mai 2021, qui ont donné lieu à des manifestations historiques dans toute la Palestine historique, connues sous le nom d' »Intifada de l’unité » ou d’ »l’Intifada de la dignité » ; à l’époque, les étudiants juifs se promenaient armés dans les dortoirs. Aujourd’hui, craint-il, la situation sera bien pire et « dans chaque guerre contre Gaza, nos étudiants seront harcelés ».
Le fait que des soldats étudient à la faculté des sciences humaines est particulièrement problématique pour Taha, car c’est là que les étudiants arabes se sentent traditionnellement le plus à l’aise. « Parler en arabe à la cafétéria, c’est un endroit où nous nous sentons à notre place », a-t-il déclaré.
L’expérience des soldats en uniforme qui ont fréquenté l’université hébraïque de Jérusalem ces dernières années montre que les inquiétudes de Taha sont fondées. « La plupart de nos craintes se sont concrétisées », a déclaré un universitaire qui a participé à la lutte contre l’introduction du programme à l’université. « Avant tout, [nous avons constaté] un effet négatif sur les étudiants palestiniens de Jérusalem-Est. Je ne peux même pas imaginer ce qu’ils ressentent, alors que je me sens moi-même mal à l’aise lorsque [les soldats] passent en grands groupes dans le couloir. »
Taha souligne l’hypocrisie du fait que les étudiants palestiniens de la TAU n’ont pas le droit de « lever une pancarte contre la violence, au motif que le campus est ‘propre’ et ‘académique’ », alors que maintenant ils remplissent la zone avec des soldats en uniforme. « Soit vous investissez dans l’égalité, soit vous transformez le campus en base militaire », a-t-il déclaré.
Les étudiants palestiniens ont demandé à rencontrer la doyenne pour exprimer leur opposition au programme, mais cette rencontre n’a pas encore eu lieu. Taha se réjouit du soutien qu’ils ont reçu de la part de certains membres du personnel, mais regrette qu’il s’agisse d’une minorité. Il considère que la volonté de l’université d’accueillir le programme est une question « d’argent avant tout » et n’exclut pas la possibilité que les étudiants palestiniens prennent des mesures contre le programme lorsque les cours commenceront la semaine prochaine.
“Une secte, une caste”
Répondant à ces critiques, le professeur Cinamon a déclaré à +972 que le corps étudiant palestinien « n’est pas seulement cher à mon cœur, il est prioritaire dans mon administration ». Elle a également déclaré qu’elle comprenait la résistance de certains membres du personnel, étant donné que les soldats sont censés venir en tant qu’unité et que la mise en œuvre du plan est donc complexe. Néanmoins, elle insiste sur le fait que le programme a « un grand potentiel pour transmettre les valeurs humanistes des sciences humaines aux jeunes soldats ».
Des étudiants vus à l’université de Tel Aviv à la rentrée de la nouvelle année universitaire, 14 octobre 2018 (Flash 90)
Tout en soulignant qu’elle serait plus heureuse s’ils ne portaient pas d’uniforme, elle a expliqué : « Il ne s’agit pas d’une force militaire à l’intérieur du campus. Ils sont soumis aux règles comme tous les étudiants. Il y a là un énorme potentiel pour un dialogue éducatif dont la société israélienne a besoin ».
Les étudiants palestiniens, explique Mme Cinamon, « voient ces soldats dans le train lorsqu’ils viennent de Baqa, de Jatt ou de Qalansawa [localités palestiniennes situées dans la région israélienne du « Triangle »], et ils les voient à la télévision. Mais [ces étudiants] vivent aussi dans l’État d’Israël, et les soldats les protègent également, et pas seulement les citoyens juifs ».
Cinamon poursuit : « Pensez-vous qu’il est important qu’un jour il y ait un échange significatif entre les Arabes et les Juifs d’Israël ? Quand cela se produira-t-il ? Ils n’étudient pas dans les mêmes écoles, ils ne servent pas ensemble dans l’armée. Le seul endroit où cela peut se produire et se produit est l’université. Ce dialogue est nécessaire, c’est l’accomplissement du vivre ensemble, tout en sachant que la communauté des étudiants palestiniens a besoin d’être protégée. Dans mon imagination, il peut y avoir de grandes amitiés, et les amitiés dans les études sont des amitiés qui durent de nombreuses années ».
Les cadets, a souligné Mme Cinamon, ne bénéficieront d’aucune réduction sur leurs frais d’études, et tout cours pour lequel les études se déroulent à l’extérieur du site sera examiné selon des critères académiques stricts. Elle a également rejeté l’idée que les études sur le Moyen-Orient se transformeraient en un cours sur la « connaissance de l’ennemi ».
Mais Cinamon n’a pas nié que l’une des principales raisons pour lesquelles la faculté des sciences humaines a accepté d’accueillir des dizaines de soldats en uniforme est « le fait que les sciences humaines sont vraiment en perte de vitesse, nous manquons d’étudiants ». Elle a ajouté : « [Le programme] a un énorme potentiel pour relancer ce merveilleux domaine. Une partie de la crise que traverse actuellement la société israélienne est due au fait que les sciences humaines ne sont pas suffisamment enseignées, que ce soit dans les lycées ou dans les universités. »
Contrairement à l’enthousiasme de Cinamon concernant l’apprentissage des valeurs humanistes par les soldats, Yagil Levy, chercheur en relations sociales militaires à l’Université ouverte d’Israël, considère qu’il s’agit d’un pas en arrière. « Le personnel de l’armée avait l’habitude d’étudier avec d’autres étudiants dans le cadre du programme d’études normal », explique-t-il. « L’armée étant devenue plus professionnelle, elle s’inquiète de toutes sortes d’influences problématiques et crée donc des cadres distincts – avec des uniformes, des cours propres et toutes sortes de conditions de base telles que la prévention des offenses aux soldats.
Des soldats israéliens assistent à une cérémonie de prestation de serment alors qu’ils entrent dans l’unité de la brigade Givati, au mur des lamentations dans la vieille ville de Jérusalem, le 23 juin 2016. (Flash90)
« Dans les années 1980, poursuit M. Levy, l’armée israélienne envoyait des officiers étudier la philosophie, même avec des conférenciers considérés à l’époque comme radicaux, tels qu’Asa Kasher. Aujourd’hui, l’armée se ferme à la société. Elle est devenue une secte, une caste. Elle passe d’un militarisme doux à un militarisme dur. L’armée considère que le monde universitaire doit être à son service ».
Bien que la clause interdisant les « déclarations offensantes » ait apparemment été assouplie, M. Levy craint que son esprit reste en suspens. « Seuls certains conférenciers pourront enseigner », a-t-il déclaré. « Après tout, l’armée sera représentée au sein de l’université, et celle-ci ne voudra pas placer devant les soldats des conférenciers qui les défieront. Quiconque se présentera devant la classe devra répondre de ses actes ».
Pour Levy, le monde universitaire israélien se recroqueville devant l’armée. « L’instinct économique prévaut sur toute autre considération », a-t-il déclaré. « Le monde universitaire pense qu’il doit intérioriser les normes militaires pour survivre. À titre d’exemple, il cite la collaboration entre l’Open University et le Defense College for Innovation des FDI : « Le Collège d’innovation de l’armée est une innovation pour tuer ; il normalise la violence », a fait remarquer M. Levy.
Cinamon n’a pas pu dire si l’armée avait renoncé à toutes ses exigences dans l’appel d’offres concernant les « déclarations offensantes » ou le transfert d’informations sur les étudiants, et a déclaré qu’à sa connaissance, le contrat entre l’armée et l’université n’avait pas encore été signé.
Un porte-parole de la TAU a déclaré à +972 que l’université était « très fière que les FDI ait choisi les cadres académiques de l’université pour diriger le nouveau programme d’élite pour la formation du personnel de commandement supérieur de l’armée ». Les nouveaux étudiants seront intégrés dans une variété de domaines dans des filières à double spécialisation en études sociales, sciences humaines, gestion, [et] sciences, et considère cela comme une autre expression de sa contribution à la résilience et au développement de la société et de l’État. »
La déclaration précise que « les soldats participant au programme ne sont pas censés porter des armes sur le campus pendant leurs études » et que « le personnel universitaire pourra continuer à s’exprimer dans le cadre des règles et des lois de l’université, comme aujourd’hui ». Quant à l’affirmation selon laquelle il aurait été demandé à l’université de partager avec l’armée des informations sur les étudiants et les enseignants, elle est sans fondement ».
Une version de cet article a d’abord été publiée en hébreu sur Local Call. Lire l’article ici.