Les gens disent que la situation dans le territoire a empiré depuis que les hostilités ont éclaté entre Israël et l’Iran la semaine dernière
Au moins huit Palestiniens ont été tués et des dizaines d’autres blessés dimanche lors de tirs proches de points de distribution de nourriture à Gaza, tandis que les habitants décrivent une escalade des attaques israéliennes, avec en arrière-plan la nouvelle guerre contre l’Iran.
Bien qu’Israël ait dit que Gaza était un théâtre d’opérations secondaire par rapport à l’Iran, des Palestiniens ont rapporté que de graves violences continuent, dont des tirs autour de points de distribution assurés par les USA et Israël et que la crainte existe que l’attention mondiale s’écarte de Gaza.
« Il y a eu des blessés, des morts et des martyrs » a dit dimanche à Associated Press Ahmed al-Masri, revenant les mains vides d’un de ces sites. « C’est un piège »
Oum Hosni al-Najjar a dit qu’elle avait rejoint la foule qui se dirigeait vers le lieu de l’aide dans le quartier de Tal al-Sultan de Rafah vers 4h30 du matin. Elle a dit que les tirs ont commencé alors que les gens avançaient vers le site, quelques minutes après son arrivée.
Les derniers meurtres de Palestiniens près des distributions d’aide gérées par la Gaza Humanitarian Foundation (GHF – Fondation Humanitaire de Gaza) ont eu lieu alors que Tom Fletcher, le sous-secrétaire général de l’ONU pour les affaires humanitaires et coordinateur des secours d’urgence, lançait un avertissement à propos des opérations de cette fondation.
Il a dit : « On ne doit jamais répondre à la faim par des balles. Les humanitaires doivent être autorisés à effectuer leur travail. L’aide vitale doit atteindre les gens qui en ont besoin, selon les principes humanitaires ».
« Sans un accès immédiat et massivement augmenté aux éléments basiques de survie, nous risquons de sombrer dans la famine, dans davantage de chaos et de perdre plus de vies » a-t-il dit.
Les tirs ont été presque quotidiens près de ces sites depuis qu’ils ont ouvert le mois dernier. Des témoins disent que les forces israéliennes ont fait feu à plusieurs reprises sur les foules et les agents de santé disent que des tas de gens ont été tués. L’armée a reconnu des tirs d’avertissement sur ce qu’elle dit avoir été des suspects s’approchant des soldats.
Dans le dernier incident, des Palestiniens ont dit que les forces israéliennes ont ouvert le feu aux alentours de l’aube vers des foules de Palestiniens se dirigeant vers deux sites d’aide à Rafah.
Les attaques à Gaza ont lieu alors que l’inquiétude monte à l’idée que le territoire soit oublié.
Mahmoud Abu Haloub, âgé de trente-deux ans, qui a été déplacé six fois pendant la guerre, a dit au Guardian que la situation à Gaza avait empiré depuis l’ouverture des hostilités contre l’Iran la semaine dernière.
Il a dit : « Le nombre de camions a baissé et il est désormais plus dangereux d’aller chercher de l’aide. L’armée israélienne est plus meurtrière qu’avant, tirant des obus et jetant des bombes qui font beaucoup de morts sans que qui que ce soit ne parle de ces massacres ».
Mohammed Zuhair, de la zone de Beit Lahiya a dit : « Le déplacement de l’attention du monde vers ce qu’il se passe en Iran est un désastre pour les gens de Gaza, en particulier dans le contexte actuel de famine.
« Le centrage sur la cause palestinienne a diminué et le monde nous a oubliés. Notre sort a été marginalisé alors que nous vivons une crise suffocante sous l’agression et le blocus israélien, dans un manque de nourriture et de soins.
Maryam Al-Shafie, une veuve de 65 ans, mère de 12 enfants, a dit : « Hier, mon petit-fils s’est rendu aux camions d’aide mais il est revenu sans rien. C’était la première fois qu’il y allait et nous ne le laisserons pas y retourner après que le massacre a eu lieu et que les morts ont été nombreux.
« Depuis que les événements entre l’Iran et Israël ont commencé, c’est une catastrophe pour nous. La situation est devenue encore plus insupportable. Nous attendions un allègement de la pression sur Gaza mais elle n’a fait que s’accroître. Personne n’en parle – toutes les nouvelles portent sur ce qu’il se passe en Iran ».
Des experts et des travailleurs humanitaires disent que le blocus et la campagne militaire d’Israël ont généralisé la faim et ont élevé le risque de famine.
Les tirs se sont produits à des centaines de mètres des sites gérés par GHF, un groupe qu’Israël et les États-Unis espèrent mettre à la place du système de distribution de l’aide géré par l’ONU.
L’ONU a rejeté le nouveau système, disant qu’il viole les principes humanitaires.
Le système d’aide lancé le mois dernier a été entaché par le chaos et la violence, tandis que le système de l’ONU a lutté pour livrer de la nourriture à cause des restrictions israéliennes et un effondrement de l’ordre public, en dépit de l’allègement par Israël du blocus total qu’l avait imposé du début de mars à la mi-mai.
GHF a dit qu’il n’y a pas eu de violence aux points de distribution ni autour. Il a averti les gens de rester sur les voies prévues à cet usage et a fait récemment une pause dans la distribution pour discuter avec l’armée de mesures de sécurité.
La campagne militaire d’Israël a tué plus de 55 000 Palestiniens selon le ministère de la santé de Gaza.