Le Financial Times appelle les États Unis et les pays européens à menacer d’interdire les importations de Cisjordanie

Le quotidien international des affaires fait appel aux États-Unis et aux pays d’Europe pour qu’ils menacent d’interdire l’importation de produits des colonies de Cisjordanie

Le Financial Times a publié mardi un éditorial appelant les pays occidentaux à menacer de prendre des mesures concrètes contre la violence des colons israéliens de Cisjordanie, en y incluant la menace d’un boycott des produits fabriqués dans les colonies.

« Étant donnée la gravité de ce qu’il se passe », dit l’éditorial du journal, « Washington et les capitales européennes – qui pour la plupart considèrent les colonies israéliennes comme illégales et soutiennent une solution à deux États, devraient adopter une ligne plus dure. Cela veut dire menacer d’interdire les marchandises produites dans les colonies et dire clairement que les entités israéliennes dans les territoires occupés ne seront pas traitées comme une partie d’Israël ».

L’éditorial fait référence à l’expansion en cours des colonies de Cisjordanie par le gouvernement israélien et à l’escalade dans la situation sécuritaire entre Israël et les Palestiniens.

Alors que «les États-Unis ont dit s’opposer aux actions unilatérales menées par Israël pour accélérer la colonisation de la Cisjordanie , qui « rendent plus difficile la mise en œuvre de la solution à deux États », une action plus conséquente est nécessaire pour soutenir cette affirmation, insiste l’éditorial du journal.

L’éditorial a tracé un parallèle entre la position occidentale sur les colonies de Cisjordanie et l’opposition à l’invasion de l’Ukraine.

« Une position robuste vis-à-vis du gouvernement extrémiste de Netanyahou est importante, pas juste pour essayer de réduire la violence en Cisjordanie  et sauver ce qui peut demeurer du processus de paix, mais pour envoyer un message plus large », a déclaré le Financial Times. « Alors que les situations sont extrêmement différentes, les Palestiniens et les Musulmans dans tout le Moyen Orient remarquent que l’Occident s’est vigoureusement opposé à la prise par la Russie de parties de l’Ukraine mais est resté longtemps muet dans ses réactions à l’égard de l’annexion rampante de la Cisjordanie par Israël ».

L’éditorial s’est conclu par ces mots : “ Si les USA et l’Europe veulent que d’autres pays se joignent à leur condamnation de Moscou, ils doivent éviter d’apparaître hypocrites faute de condamner correctement un comportement inacceptable s’il vient d’un allié traditionnel ».

La comparaison dans la communauté internationale entre l’occupation israélienne et l’invasion et l’occupation de portions de l’Ukraine par la Russie qui a rencontré une vive opposition dans tout l’Occident, a provoqué de l’inquiétude en Israël.

La semaine dernière, Haaretz a signalé que l’Union Européenne  a renforcé sa mise en vigueur de l’étiquetage des produits fabriqués dans les colonies de Cisjordanie par un plan qui impose aux importateurs européens d’utiliser un code spécial pour confirmer que les produits ne viennent pas des colonies.

L’année dernière, l’UE a adopté des règles similaires pour assurer que des produits n’étaient pas importés de zones d’Ukraine occupées par la Russie. Dans le cas de produits de ces zones, néanmoins, l’UE a imposé une interdiction totale d’importer. Dans le cas des produits des colonies de Cisjordanie, il est seulement refusé à la marchandise un statut préférentiel pour les droits de douane accordés aux produits d’Israël.

La nouvelle directive sur les produits des colonies a reçu peu d’attention des médias en Israël, mais certains pays membres de l’UE, dont l’Espagne et la Belgique, ont déjà révisé leurs propres directives commerciales publiées en ligne. C’est le premier pas de l’UE depuis une décision de 2015 exigeant l’étiquetage des produits des colonies.

D’un autre côté, le gouvernement du Royaume Uni, qui n’est plus un État membre de l’UE, prépare une législation qui empêcherait les autorités locales du pays de boycotter officiellement Israël ou les colonies. L’éditorial du Financial Times a exprimé une opposition au projet de loi, disant qu’il « envoie le mauvais message » à Israël.

La semaine dernière, un autre quotidien britannique, le Guardian, a signalé que des membres du parlement du parti conservateur au pouvoir avaient exprimé leur préoccupation sur ce projet de loi et avaient appelé à l’adoucir. Une députée a dit au journal : « Nous ne devrions pas faire une loi spécifique à un pays, car cela affaiblit notre politique étrangère ».

Ce n’est pas le premier éditorial du Financial Times qui se montre critique vis-à-vis d’Israël. En février, le journal a dénoncé la réforme judiciaire du gouvernement de Netanyahou dans son éditorial comme « une prise de pouvoir extensive », disant que « ce sont de sombres jours pour Israël ».

Le New York Times, le Washington Post et The Economist s’étaient aussi auparavant exprimés contre plan visant à ôter au système judiciaire d’Israël sa capacité à nuire . Le Wall Street Journal a, pour sa part, défendu la réforme ».