Déclaration sur le retrait du financement du gouvernement allemand à Zochrot
Depuis 2020, Zochrot est partenaire de KURVE WUSTROW, avec l’approbation du BMZ, le ministère fédéral de la coopération économique et du développement du gouvernement allemand, dans le cadre d’un programme CPS. Ce partenariat a inclus une subvention annuelle et un soutien technique de la part de KURVE WUSTROW. Nous avons obtenu des subventions complémentaires ces dernières années de la part d’autres organisations financées par le BMZ.
Nous avons été informés à la fin de l’année 2024 que ce soutien financier et le soutien technique prendraient fin du fait d’une décision du gouvernement et malgré tous les efforts de KURVE WUSTROW pour les maintenir.
Bien que cette décision nous place dans une position financière difficile, nous la comprenons comme cohérente avec le soutien inconditionnel du gouvernement allemand à l’État d’Israël tandis que ce dernier poursuit ses crimes contre le peuple palestinien à Gaza et partout.
Au cours de discussions avec des représentants allemands à Tel Aviv et à Berlin, ainsi que lors de demandes de clarifications complémentaires, il nous a été constamment demandé si nous reconnaissons l’existence d’Israël, si nous le reconnaissons comme État juif et démocratique et il nous a été dit que l’Allemagne est engagée auprès de l’État d’Israël à cause de son propre passé nazi. On nous a répété que si la commémoration de la Nakba est importante, le soutien au droit au retour des Palestiniens est inacceptable.
Nous rejetons fermement ce principe dans sa totalité
Premièrement, s’attacher à l’idée d’un État juif, plutôt qu’à la sécurité et au bien-être de tous les gens qui vivent sur cette terre c’est adhérer à une idéologie suprématiste. C’est une leçon erronée du génocide commis par le régime nazi sur les Juifs, les Rrom et les Sinti. C’est particulièrement monstrueux maintenant qu’un autre génocide se produit juste sous nos yeux. L’Allemagne n’est pas seulement complice du génocide en cours mais aussi activement impliquée dans le racisme anti-palestinien, comme le montre à l’évidence la répression de l’expression palestinienne en Allemagne. Son rejet du droit des Palestiniens qui ont été déplacés de force à retourner dans leurs maisons est encore une manifestation supplémentaire de ce racisme.
Deuxièmement, le droit au retour est ancré dans le droit international. En particulier, le droit au retour des Palestiniens a été reconnu par l’ONU il y a plusieurs décennies. Non seulement le gouvernement allemand néglige son obligation de défendre ce droit, mais il collabore aussi en faisant taire les voix qui plaident pour ce droit dans la société israélienne – des voix qui cherchent une solution véritable, durable et la justice. Prétendre qu’il est important de s’informer de la Nakba et en même temps refuser de reconnaître que c’est un processus qui continue ou de s’engager à ne serait-ce que discuter de la façon de procéder à des réparations est à la fois absurde et malhonnête.
Troisièmement, répéter « un État juif et démocratique » ne peut pas masquer le caractère non démocratique d’Israël, ni ne peut cacher le fait que les quelques libertés limitées dont jouissent certains Israéliens s’effritent à un rythme effréné. Parmi elles, le droit à la liberté de parole et le droit de protester de s’organiser. En retirant le soutien à Zochrot et à d’autres organisations et en manquant au soutien des organisations palestiniennes, le gouvernement allemand est complice de cet effritement comme il l’est dans le fait de s’attaquer à la vie des Palestiniens.
Nous sommes fiers d’être une voix de premier plan qui plaide pour le droit au retour des Palestiniens. Nous sommes aussi fiers de notre travail pionnier d’éducation qui a éveillé des milliers d’Israéliens aux injustices sur lesquelles cet État a été bâti. Pendant des années nous avons promu une vision de vraie justice et de retour. Quel que soit le financement du gouvernement, notre engagement demeure inébranlable et nous poursuivrons nos efforts jusqu’à ce que la Palestine soit libre, et que tout son peuple – y compris les réfugiés de retour – puisse vivre ensemble dans la paix et la dignité.