Une université israélienne blâme un professeur qui avait exprimé sa sympathie à la fois pour Israël et pour les victimes de Gaza.

Les étudiants, le corps enseignant et l’administration de l’université Bar Ilan protestent avec véhémence contre un courrier électronique envoyé par un professeur de droit à ses étudiants, qui commence par….

Les étudiants, le corps enseignant et l’administration de l’université Bar Ilan protestent avec véhémence contre un courrier électronique envoyé par un professeur de droit à ses étudiants, qui commence par l’expression de sa sympathie pour l’ensemble des victimes de la guerre entre Israël et Gaza, leur rappelant implicitement qu’une écrasante majorité de ces victimes sont des Gazaouis.

Le courrier du Professeur Hanoch Sheinman était destiné à rassurer ses étudiants en droit de deuxième année, car la situation de la sécurité ayant perturbé les routines des étudiants, une date supplémentaire était prévue pour l’examen final de son cours. Mais Sheinman a commencé son message en disant qu’il espérait que le message « vous trouverait en sécurité, que vous, vos familles et tous ceux qui vous sont chers ne font pas partie des centaines de personnes tuées, des milliers de blessés ou des dizaines de milliers dont les maisons ont été détruites ou qui ont été forcés de les quitter pendant, ou à cause de, la violente confrontation dans la bande de Gaza et ses environs ».

Sheinman poursuivait ensuite en informant les étudiants de la date additionnelle pour l’examen. La référence de Sheinman aux victimes du combat sans spécifier leur affiliation nationale a conduit beaucoup d’étudiants à se plaindre au doyen de la Faculté de droit, le professeur Shahar Lifshitz, qui a envoyé hier en urgence un message aux étudiants. “J’ai été choqué d’être informé du message électronique que vous a envoyé le Professeur Sheinman », a écrit Lifshitz. “C’était une lettre blessante, et depuis ce matin, nous avons légitimement été inondés de messages des étudiants et de membres de leurs familles, dont beaucoup sont impliqués en ce moment même dans les batailles au Sud ». Lifshitz ajoutait : « Aussi bien le contenu que le style de la lettre enfreignent les valeurs de l’université et de la Faculté de droit. La Faculté défend les valeurs de pluralisme, de tolérance et la liberté d’expression, mais l’inclusion de positions telles que celles exprimées dans le message administratif envoyé par Prof. Sheinman aux étudiants à propos d’une question relative aux examens n’entre d’aucune manière acceptable dans le cadre de la liberté académique ou de la liberté d’expression personnelle. Ceci constitue un usage inapproprié du pouvoir donné à un enseignant d’exploiter la plate-forme qui lui est offerte en tant que professeur de droit pour transmettre des messages reflétant ses positions, d’une manière qui, comme je l’ai indiqué, a offensé sérieusement les étudiants et leurs familles ».

Le doyen s’excuse pour la lettre de l’enseignant 

Lifshitz a présenté ses excuses pour la lettre de Sheinman et promis que « la question serait traitée avec tout le sérieux approprié ». L’université Bar-Ilan, quant à elle, a réagi en disant : “Dans sa lettre à ses étudiants, Prof. Sheinman a fait un usage inapproprié du pouvoir donné à un enseignant d’exploiter la plate-forme qui lui est offerte en tant que professeur pour transmettre des messages reflétant ses positions politiques, d’une manière qui a offensé les étudiants et leurs famille ».
La réponse de Sheinman n’a pu être obtenue. Hier le Coordinating Council of the University Faculty Associations (Conseil de coordination des associations des universitaires), qui représente les professeurs de toutes les universités israéliennes, a écrit au Committee of University Heads (Comité des présidents d’universités) en réponse aux avertissements émis il y a quelques jours par les universités de Tel Aviv et Ben-Gourion contre « des expressions extrêmes et inappropriées » sur Internet, de la part d’étudiants ou d’enseignants. « Sanctifier les principes de la démocratie veut dire respecter le droit de protester et de critiquer, et non le limiter », a écrit le conseil. « [Le droit à] la liberté d’expression est fait pour [protéger] des déclarations scandaleuses, pas des déclarations agréables ».