Ha’aretz : Des médecins israéliens se mobilisent contre une lettre anti-Israël parue dans The Lancet

Une lettre ouverte accuse Israël de masquer un massacre

Des membres du corps médical d’Israël se mobilisent contre une lettre ouverte publiée dans la prestigieuse revue médicale britannique The Lancet qui dénonce l’ « agression » d’Israël à Gaza.

Les cinq auteurs de la lettre, écrivant au nom de 24 signataires, demandent à leurs confrères de se joindre à leur dénonciation.

« Nous récusons la perversité d’une propagande qui justifie la création d’une urgence pour masquer un massacre, une soi-disant « agression défensive » », écrivent-ils. « En réalité, il s’agit d’une agression impitoyable d’une durée, d’une étendue, et d’une intensité illimitées. » Les auteurs critiquent également l’absence d’opposition de la part des universitaires israéliens à cette campagne d’Israël à Gaza.

Le professeur Gad Keren, directeur du département cardiologie de l’hôpital Ichilov à Tel Aviv, appelle les responsables des professions universitaires et médicales d’Israël à prendre position publiquement contre la lettre ouverte parue dans The Lancet.

« Cette revue respectée a commencé ces dernières années à prendre des positions politiques, particulièrement à propos du conflit israélo-palestinien. Elle fait preuve d’incitation et de parti pris contre l’État d’Israël d’une manière unilatérale, tendancieuse » écrit-il.

Et le professeur Keren d’affirmer, « La récente campagne déclarant qu’Israël commet des crimes de guerre à Gaza est une attaque vile, unilatérale sur un sujet qu’il n’est absolument pas dans son rôle d’aborder. C’est un nouveau pic de mensonges sur l’armée israélienne et l’État d’Israël qui se propage par cette revue qui a lancé une attaque dure contre Israël, lequel, comme il a été dit, n’agit que pour protéger ses citoyens contre les attaques d’un groupe terroriste. »

Il s’élève aussi contre la lettre car dans son contenu, il n’y a « pas un mot de critique contre une organisation terroriste cruelle qui tire des roquettes sur Israël et creuse des tunnels au-dessous des communautés et kibboutz israéliens. »

Keren alors appelle « les établissements médicaux d’Israël, le milieu universitaire israélien et tous les médecins en Israël à répondre avec une grande sévérité en utilisant chaque tribune possible, à réfuter la campagne et à dénoncer la revue pour son action unilatérale qui n’a aucun équivalent dans le journalisme scientifique ailleurs dans le monde universitaire. » Il met en garde contre toute indifférence à l’égard de cette lettre car la revue est largement diffusée et lue par les meilleurs scientifiques et médecins du monde.

« Au contraire, nous devons défendre la réputation d’Israël et de l’armée israélienne, qui est l’armée la plus morale sur terre, à travers le monde, » ajoute-t-il.

Le professeur Zvi Ram, directeur du département neurochirurgie du même hôpital Ichilov, a rédigé une réponse à la lettre, dans laquelle il souligne qu’il partage « les appels à l’arrêt de la guerre et des souffrances de tous les côtés », en tant que médecin, père et grand-père, mais qu’il défie les auteurs à s’engager dans un dialogue.

« Je vois bien la subjectivité dans chaque information « objective » dont nous sommes successivement (y compris les auteurs) abreuvés » écrit-il. « Je reconnais aussi le cynisme de la politique et j’accepte, avec consternation, la réalité qui fait souvent de nous de simples pions aux mains d’intérêts commerciaux et religieux mondiaux, beaucoup plus forts que nous pouvons même l’imaginer. »

Il encourage ensuite les auteurs de la lettre et celles et ceux qui les soutiennent à proposer une solution à la crise de Gaza. « Apparemment, cette impasse exige une réflexion miraculeuse et ingénieuse, et moi, comme beaucoup d’autres de chaque côté du conflit, je serais heureux de l’entendre et d’implorer nos dirigeants d’adopter un tel cap, » écrit-il.

« Accepter la charte du Hamas en faveur de l’anéantissement des juifs et de l’État d’Israël n’est pas, bizarrement, une option très attrayante. J’attends avec impatience une discussion constructive et juste. »

The Lancet, créée en 1823, est considérée comme l’une des plus importantes revues dans les domaines de la science et de la médecine. La lettre ouverte publiée critique le blocus de Gaza qui conduit les habitants de Gaza à souffrir « de la faim, de la soif, de la pollution de l’air, du manque de médicaments et des difficultés à gagner leur vie » et aussi « du manque de carburant et des coupures d’électricité et de conditions de vie déplorables. » Elle fait aussi l’éloge des efforts des Gazaouis en dépit « des conditions difficiles » pour « résoudre leur conflit « sans armes ni dommage » grâce au processus de réconciliation entre les factions, leur direction renonçant à leurs titres et positions, de sorte qu’un gouvernement d’unité peut être formé qui abolisse les politiques factionnelles de discorde menées depuis 2007. »

Ils ajoutent, « Le massacre de Gaza n’épargne personne, il frappe les handicapés et les malades dans les hôpitaux, les enfants qui jouent sur la plage ou sur les terrasses, avec une grande majorité de non-combattants. Les hôpitaux, cliniques, ambulances, mosquées, écoles, et les sièges de la presse sont attaqués, avec des milliers de maisons privées, dans des tirs manifestement dirigés pour cibler des familles entières, les tuant à l’intérieur de leurs maisons, privant des familles de leurs maisons en les chassant quelques minutes avant leur destruction ».

Les auteurs dénoncent « le mythe propagé par Israël selon lequel l’agression prendrait bien soin d’épargner les vies civiles et le bien-être des enfants. »

Ils expriment leur consternation devant le fait que « seuls, 5 % de leurs confrères universitaires israéliens ont signé l’appel à leur gouvernement pour l’arrêt de l’opération militaire contre Gaza ». Et d’ajouter, « Nous sommes tentés de conclure qu’à l’exception de ces 5 %, le restant des universitaires israéliens est complice dans le massacre et la destruction de Gaza. »

Les auteurs ne limitent pas leurs critiques à leurs confrères israéliens cependant, « Nous voyons aussi la complicité de nos pays en Europe et en Amérique du Nord dans ce massacre, et l’impuissance, une fois encore, des institutions et organisations internationales à arrêter ce massacre » écrivent-ils.