Une faim extrême s’accroît tandis que les politiciens israéliens refusent les appels à permettre l’entrée de provisions dans l’enclave détruite.
Le Programme Alimentaire Mondial a épuisé ses réserves alimentaires pour les Palestiniens de Gaza, 54 jours après qu’Israël a mis sous un siège total l’enclave détruite, dans une tentative de forcer le Hamas à libérer les otages qu’il détient encore.
Cette Agence de l’ONU est le plus gros fournisseur de produits servant à faire des repas chauds à Gaza, où presque la totalité de la population de plus de 2 millions de civils a été déplacée et dépend d’organisations d’aide pour l’alimentation et les soins.
Il n’y a qu’un petit nombre de plus petites agences actuellement en mesure de fournir de la nourriture, aussi la faim et la malnutrition atteignent des niveaux extrêmes à Gaza. Les fruits et les légumes ont presque disparu des marchés de l’enclave ou sont vendus à des prix exorbitants.
Israël a rejeté des demandes de ses voisins arabes et d’alliés européens de se plier à ses obligations internationales et de permettre l’entrée de nourriture à Gaza, tout en effectuant des vagues de frappes aériennes dont il dit qu’elles sont nécessaires pour mettre le Hamas à genoux et qu’il libère 59 otages – dont 24 sont encore vivants – sans se mettre d’accord formellement sur une trêve.
Vendredi, le PAM a dit avoir distribué ses dernières réserves à environ 50 cuisines où des centaines de milliers de gens font la queue tous les jours pour apporter de la nourriture à leur famille.
L’Agence avait déjà épuisé ses paquets de nourriture à distribuer à des familles sur place, a dit un agent du PAM et les boulangeries qui avaient l’habitude de recevoir de la farine du PAM n’avaient plus de carburant depuis des semaines, ce qui les mettait dans l’obligation de faire brûler des palettes en bois pour allumer les fours avant d’être obligés de fermer le 31 mars.
« Aucun bien humanitaire ou commercial n’est entré à Gaza depuis plus de sept semaines alors que tous les principaux points de passage aux frontières restent fermés. C’est la plus longue fermeture que la bande de Gaza ait jamais connue » a dit l’Agence de l’ONU.
« Les gens n’ont plus les moyens de faire face, et les progrès fragiles obtenus durant le bref cessez-le feu ont été réduits à néant ».
D’autres agences, dont la World Central Kitchen (cuisine centrale mondiale), l’un des plus gros fournisseurs de repas chauds à Gaza après le PAM, sont aussi à court de nourriture. Le PAM a déclaré jeudi qu’il n’avait plus aucun produit protéinique et fonctionnait avec la dernière boulangerie ouverte à Gaza, qui ne pouvait faire qu’environ 90 miches de pain par jour. L’ONG a été obligée de faire les poubelles pour trouver du bois permettant de maintenir ses fours allumés.
Le siège d’Israël – condamné par les groupes de défense des droits comme tactique pour faire mourir de faim – est appuyé par les États-Unis, a dit l’ambassadeur Mike Huckabee dans un des premiers commentaires qu’il a fait dans sa position d’ambassadeur, au début de la semaine. Dans une vidéo sur X , il a répété ce que prétendent le premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, à savoir que l’aide était détournée par le Hamas.
Mais des ONG internationales et des agences de l’ONU qui travaillent à Gaza disent qu’il y a peu de preuves de détournement par le groupe combattant et que la réimposition du siège par Israël en brisant le cessez-le feu au début de mars avait conduit les civils de l’enclave à un état d’extrême insécurité alimentaire.
Les niveaux de malnutrition, en particulier chez les enfants, ont connu une augmentation de 80% en mars, en comparaison du mois précédent, avec environ 4000 enfants identifiés par les agences de santé de l’ONU comme en état de malnutrition avancée. Des images se sont multipliés sur les réseaux sociaux de jeunes enfants décharnés, amenés dans ces centres de soins, leurs côtes apparentes, leurs ventres distendus avec d’autres signes identifiables de faim prolongée.
Mais, même à l’hôpital, les infirmières ne peuvent pas faire grand-chose. Les compléments alimentaires pour enfants sont rares, la distribution en est tombée de 70% depuis mars, a déclaré l’ONU.
Des milliers de camions font la queue aux portes de Gaza, attendant une permission d’Israël pour entrer dans l’enclave. Ils transportent plus de 116 000 tonnes de nourriture – assez pour nourrir les habitants de Gaza pendant au moins deux mois, a dit l’agent de l’ONU.
Le PAM est aussi à court d’argent pour nourrir ceux qui ont faim, ses financements ayant été réduits de 40% en 2025 à cause des coupes décidées par l’administration Trump aux États-Unis.
Cela place environ 60 millions de personnes dans le monde en « risque imminent de perte d’accès à l’aide alimentaire » a déclaré l’agence.