Un enfant palestinien de Gaza est tué toutes les 15 minutes par les forces israéliennes

Un garçon palestinien se tient au bord d’un grand cratère après une frappe aérienne israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 octobre 2023. (Photo : Said Khatib / AFP)

Ramallah, 16 octobre 2023 Plus de 1 000 enfants palestiniens de Gaza ont été tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre, les enfants survivants souffrant d’incalculables répercussions physiques et émotionnelles des suites du bombardement israélien intensif et d’un déplacement intérieur sans précédent.

Les forces israéliennes ont tué un enfant palestinien à peu près toutes les 15 minutes depuis que l’armée israélienne a déclenché une offensive militaire massive sur la Bande de Gaza le 7 octobre,  après que des groupes armés palestiniens ont tiré des roquettes vers Israël et franchi la clôture d’enceinte israélienne autour de Gaza, lançant des attaques à l’intérieur d’Israël. Les forces israéliennes ont initié une opération militaire à vaste échelle baptisée « Opération Epée de fer  ».

« Les répercussions de cette guerre n’affecteront pas seulement les victimes que nous avons perdues, et dont certaines sont encore prises au piège des décombres de leurs maisons, et pas seulement non plus les zones résidentielles qui ont été complètement détruites, y inclus nos propres maisons : l’impact psychologique sur nous civils et sur nos enfants sera aussi catastrophique », a déclaré Mohammad Abu Rukbeh, chercheur principal à Gaza de l’organisation Défense des enfants International -Palestine (DCIP – Defense for Children International-Palestine).

Le nombre de morts et de blessés fourni par le ministère de la Santé à Gaza ne tient compte que des personnes admises dans les hôpitaux, et on estime qu’au moins 1000 Palestiniens de plus ont disparu dans les décombres des bâtiments détruits, selon le ministère de l’Intérieur, ce qui indique que le bilan des décès est bien supérieur.

Les enfants palestiniens qui ont jusqu’à présent survécu au bombardement intense de l’armée israélienne sur la Bande de Gaza subissent une crise humanitaire d’origine humaine de plus en plus grave, sous le cumul des traumatismes mentaux et émotionnels causés par 16 ans de siège et d’offensives militaires israéliennes.

On estime à un million le nombre de Palestiniens de Gaza déplacés, selon les Nations unies, dont plus de 600 000 personnes habitant dans les parties centrale et septentrionale de Gaza, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA)

Depuis le 11 octobre à 14h, Gaza a subi un black-out total d’électricité, les autorités israéliennes ayant coupé l’approvisionnement d’électricité et de combustible le 7 octobre et la centrale électrique de Gaza ayant épuisé ses réserves, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Le manque d’électricité a exacerbé la crise alimentaire puisque la réfrigération n’est pas possible et que l’irrigation et l’activité agricole sont à l’arrêt. Les réserves en combustible et les générateurs de secours dans les hôpitaux ne dureront probablement pas plus de 24 heures.

Les autorités israéliennes ont coupé l’approvisionnement en eau à Gaza le 9 octobre et, depuis, les trois usines de désalinisation de l’eau à Gaza ont dû cesser leurs opérations, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). La grande majorité des Palestiniens de Gaza n’ont pas accès à de l’eau potable et certains ont recours pour boire à l’eau sale des puits, soulevant des inquiétudes à propos des maladies transmises par l’eau. Alors même que les autorités israéliennes ont affirmé reprendre leur approvisionnement en eau dans le sud de Gaza hier, il n’y a pas d’électricité pour faire fonctionner les pompes à eau, les frappes aériennes israéliennes ont endommagé beaucoup de canalisations et très peu d’eau était auparavant potable à Gaza.

Le bilan psychologique sur les enfants palestiniens de Gaza est encore alourdi par les difficultés pré-existantes auxquelles ils ont été confrontés avant la récente série d’attaques militaires israéliennes.

  • Un enfant sur quatre avait déjà besoin de soutien psycho-social, selon l’UNICEF en 2018.
  • Plus de la moitié dépend pour sa survie d’une forme ou d’une autre d’assistance humanitaire selon l’UNICEF en 2018.
  • Quatre enfants sur cinq vivent dans la dépression, le deuil et la peur, selon un rapport de 2022 de Sauvez les enfants [Save the Children]

Le traumatisme subi par les enfants palestiniens de Gaza s’étend au-delà de la souffrance personnelle. Etre témoin des morts d’autres enfants aggrave leur détresse, laissant des cicatrices indélébiles sur leur bien-être mental. Des familles entières ont été effacées en un clin d’oeil, ébranlant les fondations mêmes de ces foyers. Des enfants qui trouvaient jadis réconfort dans les bras de leurs familles sont maintenant orphelins. Les répercussions émotionnelles pour ces enfants sont profondes, car ils font face non seulement à la peine de la situation actuelle dans leur cité, mais aussi au défi décourageant de naviguer dans la vie sans le soutien fondamental de leurs familles.

Les frappes aériennes israéliennes ont détruit deux des trois lignes principales de communication mobile dans la Bande de Gaza, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies. La compagnie palestinienne de télécommunications (Paltel) est encore capable de fournir une connexion internet minimale dans Gaza mais elle craint que la connexion ne soit complètement perdue si des dommages supplémentaires sont causées aux lignes.

« L’Etat d’Israël n’a d’autre choix que de faire de Gaza un endroit où, de manière temporaire ou permanente, il sera impossible de vivre », a dit aux médias israéliens le Major Général de réserve Giora Eilan. « Créer une crise humanitaire sévère dans Gaza est un moyen nécessaire pour atteindre l’objectif. Gaza deviendra un endroit où aucun être humain ne peut vivre. »

« Les animaux humains doivent être traités comme tels. Il n’y aura ni électricité, ni eau [à Gaza], il n’y aura que destruction. Vous avez voulu l’enfer, vous aurez l’enfer », a dit le Major Général Ghassan Alian, chef de la Coordination des activités du gouvernement dans les Territoires (COGAT).

Selon le droit international, le génocide est interdit : il consiste à assassiner délibérément un grand nombre de personnes d’une nation particulière ou d’un groupe ethnique particulier dans le but de détruire cette nation ou ce groupe, en totalité ou en partie. Le génocide peut être la conséquence d’assassinats ou de la création de conditions de vie qui sont si intolérables qu’elles amènent à la destruction du groupe.

Le droit humanitaire international interdit les attaques sans distinction et sans proportion et exige de toutes les parties d’un conflit armé de distinguer entre cibles militaires, civils et objets civils. Déployer des armes explosives dans des zones civiles densément peuplées constituent des attaques sans distinction et exécuter des attaques directes contre des civils ou des objets civils équivaut à un crime de guerre.

Les autorités israéliennes ont imposé une politique d’encerclement de la Bande de Gaza depuis 2007 en contrôlant strictement et en limitant l’entrée et la sortie des individus ; en maintenant des restrictions sévères sur les importations, y compris de nourriture, de matériaux de construction, de combustibles et d’autres items essentiels ; ainsi qu’en interdisant l’exportation. Israël continue à maintenir un contrôle complet sur les frontières, l’espace aérien et les eaux territoriales de la Bande de Gaza.