Le Bureau des Droits de l’Homme de l’ONU a publié aujourd’hui un rapport sur la détention arbitraire, prolongée et incommunicado par les autorités israéliennes, qui affecte des milliers de Palestiniens depuis le 7 octobre.
GENÈVE – Le Bureau des Droits de l’Homme de l’ONU a publié aujourd’hui un rapport sur la détention arbitraire, prolongée et incommunicado par les autorités israéliennes, qui affecte des milliers de Palestiniens depuis le 7 octobre. Le rapport traite aussi d’allégations de torture et autres formes de traitement cruel, inhumain et dégradant, dont des agressions sexuelles sur des femmes et des hommes.
Depuis le 7 octobre, des milliers de Palestiniens – dont du personnel médical, des patients et des résidents fuyant le conflit, ainsi que des combattants capturés – ont été emmenés de Gaza en Israël, le plus souvent entravés et les yeux bandés. Des milliers d’autres ont été arrêtés en Cisjordanie et en Israël. Ils ont généralement été tenus au secret, sans qu’on leur donne une raison pour leur arrestation, ni accès à un avocat ou à un contrôle juridictionnel effectif, précise le rapport.
On sait qu’au moins 53 détenus palestiniens sont morts dans les établissements militaires et les prisons israéliennes depuis les horribles attaques du Hamas et autres groupes armés palestiniens contre des civils israéliens le 7 octobre.
Le nombre stupéfiant d’hommes, de femmes, d’enfants, de médecins, de journalistes et de défenseurs des droits de l’homme détenus depuis le 7 octobre, pour la plupart sans charges ni procès et détenus dans des conditions déplorables, ainsi que les rapports faisant état de mauvais traitements et de torture et de violation des garanties d’un procès équitable, soulève de sérieuses inquiétudes au sujet du caractère arbitraire et de la nature fondamentalement punitive de ces arrestations et détentions, a dit le Chef des Droits de l’Homme de l’ONU Volker Türk.
« Les témoignages rassemblés par mon Bureau et autres organismes laissent percevoir une série d’actes épouvantables tels que, entre autres, le supplice de l’eau et le lâcher de chiens sur les détenus, en violation flagrante du droit international sur les droits de l’homme et du droit humanitaire international », a-t-il dit.
Lundi, les autorités israéliennes ont dit qu’elles enquêtaient sur un certain nombre de soldats qui auraient violé un prisonnier palestinien au début du mois au centre de détention Sde Teiman dans le désert du Negev.
A Gaza, ce sont principalement des hommes et des adolescents qui ont été arrêtés. Beaucoup d’entre eux ont été arrêtés alors qu’ils s’étaient abrités dans des écoles, des hôpitaux et des immeubles résidentiels, ou bien aux checkpoints au cours de leur déplacement du nord au sud, indique le rapport.
L’armée israélienne n’a pas l’habitude d’expliquer publiquement les raisons de l’arrestation de Palestiniens à Gaza, bien qu’elle ait dans certains cas prétendu l’affiliation à des groupes armés palestiniens ou leurs ailes politiques.
Israël n’a pas non plus fourni d’informations sur le sort ou la localisation de nombre de ces détenus, et le Comité International de la Croix Rouge (CICR) s’est vu refuser l’accès à leurs lieux de détention.
Les conditions dans les structures de détention régies par l’armée semblent pires, dit le rapport, ajoutant que des enfants font partie des détenus et, dans certains cas, conjointement avec des adultes.
Les détenus ont dit qu’ils étaient maintenus dans des structures ressemblant à des cages, dénudés pendant de longues périodes, ne portant que des couches. Les témoignages ont évoqué les yeux bandés sur longue durée, la privation de nourriture, de sommeil et d’eau, et la soumission à des chocs électriques et à la brûlure de cigarettes. Certains détenus ont dit que des chiens avaient été lâchés sur eux et d’autres ont dit qu’ils avaient subi la torture de l’eau, ou que leurs mains étaient attachées et qu’ils étaient suspendus au plafond. Certaines femmes et certains hommes ont également parlé de violence sexuelle et fondée sur le genre.
Les récits des otages enlevés par le Hamas et autres groupes armés palestiniens en octobre dernier ont aussi fait état de conditions de captivité épouvantables, dont le manque de nourriture et d’eau et les mauvaises conditions sanitaires, ainsi que le manque d’air frais et de lumière du soleil. Certains ont dit avoir été battus lors de leur transport à Gaza, ou d’avoir vu d’autres otages frappés en captivité ; opérés ou recousus sans anesthésie. On a aussi fait état de violence sexuelle et fondée sur le genre en captivité. Par ailleurs, le rapport critique l’Autorité Palestinienne pour sa continuation de la détention arbitraire et de la torture ou autres mauvais traitements en Cisjordanie, apparemment principalement pour réprimer les critiques et l’opposition politique.
« Le droit humanitaire international protège tous ceux qui sont détenus, exigeant qu’ils soient traités humainement et protégés contre tout acte de violence ou menace de violence », a dit Türk.
« Le droit international exige que tous ceux qui sont privés de leur liberté soient traités avec humanité et dignité, et il interdit strictement la torture ou tout autre mauvais traitement, dont le viol et autres formes de violence sexuelle. La détention incommunicado prolongée, au secret peut aussi être reconnue comme une forme de torture. »
Le Haut Commissaire a réitéré son appel à la libération immédiate de tous les otages encore détenus à Gaza. Tous les Palestiniens arbitrairement détenus par Israël doivent être libérés. Il a également demandé des enquêtes rapides, approfondies, indépendantes, impartiales et transparentes sur tous les incidents qui ont conduit à de graves violations du droit international ; de s’assurer que les auteurs soient tenus pour responsables et que toutes les victimes et leurs familles voient satisfait leur droit à un recours et à des réparations.