‘Des chaînes peuvent emprisonner un poète physiquement, restreindre ses mouvements et l’assigner à domicile, mais elles ne peuvent pas restreindre ses pensées, sa langue, ses mots et ses poèmes.’
Ce sont les mots de Dareen Tatour à la Fondation danoise Carl Scharnberg lorsque, en juin 2017, nous lui avons attribué un prix – de 2.000 euros – pour soutenir son combat pour la poésie, l’art et la justice.
Nous tous à la fondation ressentons fortement le besoin d’encourager Dareen à poursuivre son combat. Et nous sommes tout à fait sûrs que, s’il était encore en vie, mon père Carl Sharnberg (1930-1995) – poète et militant politique – aurait certainement fait partie de ses soutiens et aurait certainement fait imprimer ses poèmes pour qu’ils soient lus au Danemark.
Qui était le poète Carl Scharnberg ?
On appelait mon père le poète du travailleur. Non sans raison. Pendant deux générations, il a voyagé à travers le pays, donnant des entretiens et récitant des extraits de son œuvre littéraire dans des réunions syndicales et dans les écoles du mouvement travailliste. En chemin, il a écrit environ trente livres : romans, nouvelles, essais et recueils de poèmes.
En vérité, il a réussi le tour de force unique de faire aimer la poésie à l’homme de l’atelier – la poésie de Carl en tout cas – parce que ses poèmes sont réalistes et en même temps sensibles, engagés et séduisants.
En cours
Choisir – ce n’est pas céder et se soumettre
et doucement baisser la voix,
ou se laisser aller à de belles paroles
en évitant un choix gênant.
Choisir, c’est plus que prendre un risque,
beaucoup plus qu’une question de métier.
Choisir c’est, malgré votre peur enfouie,
faire ce à quoi vous voulez échapper.
(Poème de Carl Scharnberg)
Le combat pour la paix
Influencé par son expérience d’enfant pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Carl Scharnberg est devenu un militant politique, avec un intérêt particulier pour le combat pour la paix dans le monde. Il a fondé la campagne danoise contre les armes nucléaires dans les années 1960 – qui a réussi à garder le Danemark sans armes nucléaires sur son sol. Pendant le reste de sa vie, il a toujours soutenu la grande quantité de mouvements pour la paix dans le monde – avec ses poèmes et en prenant la parole dans les manifestations.
« Points de vue officieux »
A partir de 1968 et jusqu’à sa mort, Carl Scharnberg a alimenté un grand nombre de périodiques syndicaux et de publications populaires grâce à un ‘service de presse’ privé et indépendant. En coopération étroite avec des écrivains, poètes et illustrateurs célèbres, il a diffusé tous les mois des articles, des affichettes, etc. dans tout le pays, assortis d’une permission générale de les reproduire ou de les copier. On les appelait « points de vue officieux ».
Une fondation pour la solidarité, les droits de l’Homme et la paix
Après la mort de mon père en 1995, beaucoup de gens dans les syndicats, avec lesquels il travaillait depuis des dizaines d’années, ont décidé de créer une fondation pour soutenir les artistes et les militants qui travaillaient dans le même esprit que lui. Notre famille, mon frère, ma mère et moi, avons été très touchés par cette idée et l’avons toujours soutenue depuis lors.
Depuis plus de vingt ans, la fondation attribue tous les ans des prix et des subventions. Les prix sont annoncés en juin, en lien avec la date de naissance de Carl. Jusqu’à maintenant, nous avons ainsi reconnu et soutenu les contributions de 73 différentes personnes, associations et mouvements qui travaillent pour la solidarité, les droits de l’Homme et la paix.
La poétesse palestinienne Dareen Tatour fait maintenant partie de ces personnes fortes et courageuses. Nous tous devons faire ce que nous pouvons pour la soutenir !