Le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas a demandé à Israël de restituer le matériel qu’il a confisqué et qui est évalué à plus de 40 000 euros ; Israël aurait dû remettre préalablement les ordres de démolition, ce qu’il n’a pas fait.
Le gouvernement néerlandais a déposé une protestation auprès d’Israël contre la confiscation de matériels donnés pour le système hybride photovoltaïque (diesel avec batterie solaire) du village palestinien de Jubbet Adh-Dhib, indique une déclaration écrite du ministère des AE néerlandais adressée à Haaretz par le bureau des Pays-Bas à Ramallah.
Le gouvernement néerlandais a fait un don de 500 000 euros pour ce projet d’électrification situé au sud-ouest de Bethléhem en Cisjordanie, dont 350 000 euros pour l’électrification de Jubbet Adh-Dhib. Le ministère des AE a prié Israël de restituer le matériel et il « étudie en ce moment les autres mesures pouvant être prises » dit-il.
Une source proche des diplomates néerlandais en Cisjordanie a fait savoir à Haaretz que sous ces déclarations formulées à mots mesurés couvait une colère du gouvernement des Pays-Bas, qui est un ami proche d’Israël, et ce au détriment du projet humanitaire.
Mercredi matin, des responsables de l’Administration civile (l’organisme israélien qui gouverne la Zone C en Cisjordanie) ont confisqué 96 panneaux solaires et l’équipement électronique du système électrique de Jubbet Adh-Dhib. Le système a été installé par l’organisation israélo-palestinienne Comet-ME il y a neuf mois, et il est financé par les Pays-Bas.
Selon Comet-ME, qui installe les systèmes hydriques et énergétiques pour les Palestiniens, le matériel qui n’a pas été confisqué lors du raid israélien a été endommagé. Le coût du matériel confisqué et endommagé est évalué à 40 000 euros, toutefois les dommages matériels et sociaux sont beaucoup plus importants car cette saisie entraîne immédiatement la perte de l’électricité pour les 30 familles du village et ses bâtiments publics.
Les ordres d’arrêt des travaux et de démolition n’ont pas été remis aux habitants antérieurement au raid, comme l’exige la législation relative à l’urbanisme et à la construction. Les ordres pour l’arrêt de la construction et ceux pour la confiscation n’ont été remis aux habitants que lors du raid lui-même. S’ils avaient été remis à l’avance, le village et ses représentants auraient pu engager une action administrative ou juridique.
Jubbet Adh-Dhib a été créé en 1929. Il est situé dans ce que les Accords d’Oslo désignent comme la Zone C, et se trouve donc sous le contrôle administratif et militaire d’Israël. Depuis 1988, le village demandait à l’Administration civile de le connecter au réseau électrique, mais cela lui était refusé. En 2009, l’Administration civile a confisqué son système d’éclairage public à énergie solaire. Depuis, le village a reçu deux générateurs d’organisations humanitaires, bruyants et polluants et qui ne fournissent de l’électricité que trois heures chaque jour. Un certain nombre d’avant-postes israéliens, non autorisés, ont été installés près du village et profitent d’une connexion au réseau électrique et de l’accès aux autres infrastructures.
Comet-ME est une organisation israélo-palestinienne qui fournit les services de base pour l’électricité et l’eau potable aux collectivités hors réseau, en utilisant des méthodes durables sur le plan environnemental et social. Comet-ME affirme que son initiative à Jubbet Adh-Dhib constitue l’un des projets les plus ambitieux de l’organisation. Un projet qui a été mis en œuvre avec l’aide d’un comité de 160 femmes habitant le village. Un village dont l’économie était autrefois basée sur l’agriculture et l’élevage et qui est aujourd’hui largement dépendant des salaires de la plupart des hommes qui l’habitent, et qui travaillent en Israël. Les femmes du comité ont dit à Comet-ME qu’elles espéraient faire revenir au village ceux qui l’avaient quitté à cause de ses conditions de vie difficiles en raison du manque d’électricité et de permis de construire, et qu’elles voulaient utiliser l’électricité pour élever le niveau de l’éducation et de l’apprentissage dans leur communauté.
L’avocat Michael Sfard, conseiller juridique de Comet-ME, a déclaré à Haaretz que cette confiscation constituait « une violation caractérisée du droit international qui interdit aux puissances occupantes d’endommager les installations humanitaires sans fournir de solutions de rechange ».
Le porte-parole du Coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires a publié une réponse qui déclare : « (Mercredi) des panneaux solaires et des panneaux électriques qui étaient installés sans avoir obtenu au préalable les autorisations adéquates ont été confisqués à Jubbet Adh-Dhib. En outre, il a été remis aux détenteurs des panneaux un ordre pour l’arrêt des travaux dans une pièce électrique illégale dans ce lieu », évoquant ainsi probablement les générateurs du village.