« Nous sommes trop humains. Brûlez Gaza maintenant » dit un député israélien chevronné

Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi est un des nombreux dirigeants israéliens à avoir fait des déclarations génocidaires contre les Palestiniens

Nissim Vaturi, le vice-président d’extrême droite du Parlement israélien a fait sourciller et a suscité de la colère en affirmant sur les réseaux sociaux que la guerre d’Israël à Gaza – qui a tué et blessé plus de 40 000 personnes et déplacé environ 70% de la population – est « trop humaine ».

« Toutes ces préoccupations pour savoir si oui ou non il y a internet à Gaza montre  que nous n’avons rien appris », a écrit  vendredi Vaturi, un membre du parti Likoud du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, après que la cellule de guerre du pays a approuvé la livraison extrêmement limitée de carburant dans la bande de Gaza assiégée. « Nous sommes trop humains. Brûlez Gaza, c’est tout ! »

N’autorisez pas l’entrée de carburant, n’autorisez pas l’entrée d’eau jusqu’à ce que soient rendus les otages ! » a ajouté Vaturi, en référence à environ 240 Israéliens et autres personnes kidnappés par des militants dirigés par le Hamas lors de l’attaque d’infiltration du 7 octobre qui a tué environ 1 200 personnes dans le sud d’Israël.

Quand le journaliste israélien Ben Caspit a répondu à ce post par un commentaire dans lequel il craignait que les mots de Vaturi puissent alimenter « une propagande anti-israélienne », le député a rétorqué : « Votre crainte nous tuera. Cessez d’être humain ».

La plateforme de réseaux sociaux X – dont le propriétaire multimillionnaire Elon Musk est dans une situation délicate pour avoir publié un post antisémite – a détruit le tweet de Vaturi et d’autres dont un dans lequel il écrivait que  Israël ne devrait laisser vivant à Gaza « qu’un vieil homme » pour qu’il puisse « dire à tout le monde » ce qu’il s’est passé là.

Vaturi a récemment poussé à la suspension de sa collègue Aida Touma-Suleilman, une membre du parti Hadash de gauche, pour des commentaires critiques de la conduite de l’armée israélienne à Gaza et pour avoir appelé à la protection de civils des deux côtés, disant notamment « qu’un enfant est un enfant », qu’il soit israélien ou palestinien. 

Plus de 5 000 enfants palestiniens comptent parmi les plus de 12 300 personnes tuées pendant les 43 jours de bombardement et d’invasion de Gaza par Israël, qui ont aussi estropié  au moins 30 000 autres personnes, d’après  des représentants officiels de la santé à Gaza. La moitié des maisons dans la bande de Gaza en guerre a été endommagée ou détruite, et autour de 1,7 millions de Palestiniens déplacés de force. Des milliers de gens sont manquants, dont on craint qu’ils ne soient enterrés sous les décombres. En Cisjordanie et à Jérusalem Est illégalement occupées, plus de 200 Palestiniens ont été tués par des soldats israéliens et des colons depuis le 7 octobre, tandis que plus de 2 800 autres ont été arrêtés.

Vaturi est loin d’être le seul à faire ce que les experts juridiques appellent des déclarations d’intention de génocide.

Plus tôt ce mois-ci, le président d’Israël Isaac Herzog a affirmé  qu’il n’y a pas de civils innocents à Gaza, tandis que le ministre de la Défense, Yoav Gallant promettait de “tout éliminer” là-bas.

Galit Distel Atbaryan, membre de la Knesset du Likoud de Netanyahou, a dit que « Gaza devrait être rayée de la carte ».

Ariel Kallner, autre parlementaire du Likoud, a exhorté à une « Nakba qui éclipse la Nakba de ‘48 », en référence à l’expulsion forcée et au nettoyage ethnique de plus de 750 000 Arabes de Palestine pendant la fondation de l’État moderne d’Israël en 1947-49.

Et encore une autre députée Likoud, Tally Gotliv, a exigé  rien moins qu’un « baiser d’apocalypse » – c’est à dire l’utilisation d’armes nucléaires israéliennes non déclarées. « Pas pour aplatir un quartier”, a-t-elle clarifié, mais pour écraser et aplatir Gaza. Sans pitié”.

Le ministre de l’agriculture, Avi Ditcher, qui a dit : « Nous déployons maintenant la Grande Nakba » a été réprimandé par Netanyahou pour avoir dit tout haut ce qu’on pense tout bas.

Netanyahou l’a dit tout haut le mois dernier lors d’une adresse télévisée lorsqu’il a appelé  l’invasion terrestre imminente de Gaza par Israël une « mission sainte » et qu’il a invoqué Amalek, l’antique ennemi biblique des Israélites que Dieu avait commandé à « son peuple élu » d’exterminer, dans ce que les critiques ont appelé « un appel explicite au génocide ».

Notant que des déclarations d’intention de commettre un génocide sont un élément-clef du crime, le spécialiste israélien de l’holocauste, Raz Segal, a dit  à Democracy Now! Lors d’une interview le mois dernier que “si ce n’est pas une intention spécifique de commettre un génocide, je ne sais vraiment pas ce que c’est ».

Nous voyons la combinaison d’actes génocidaires et d’une intention spécifique » a-t-il ajouté.

« C’est bien sûr un cas d’école de génocide »

Brett Wilkins fait partie de l’équipe de rédaction de Common Dreams.

Traduction SF pour l’AURDIP