Gaza est au bord de la famine. La Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire, une initiative mondiale multipartite visant à améliorer l’analyse de la sécurité alimentaire et de….

Gaza est au bord de la famine. La Classification intégrée des phases de la sécurité alimentaire, une initiative mondiale multipartite visant à améliorer l’analyse de la sécurité alimentaire et de la nutrition rapporte que la population entière de Gaza est confrontée à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Près d’un demi-million de personnes risque la famine, un problème qu’a précipité le refus du gouvernement israélien de permettre à l’aide humanitaire d’entrer dans la Bande de Gaza pendant plus de 11 semaines, malgré la destruction de la plus grande partie des systèmes d’agriculture, de pêche et d’alimentation. Au moment où nous mettions sous presse, les autorités israéliennes ont annoncé qu’une aide minimale sera maintenant autorisée dans Gaza, mais les quantités livrées jusqu’à présent sont jugées complètement inadéquates par le personnel humanitaire. L’ Organisation alimentaire et agricole des Nations Unies estime que, depuis le blocus de l’aide humanitaire, la prise de calories moyenne par personne et par jour à Gaza a dégringolé à 67% du minimum requis pour survivre, un chiffre qui devrait encore décroître au 5 juillet. Pourtant le gouvernement israélien continue à augmenter ses opérations militaires dans Gaza.
La famine n’est qu’un aspect de cette sinistre réalité. Les attaques contre les établissements de soin et les travailleurs médicaux ont eu lieu sans relâche, Gaza ayant de loin le plus grand nombre d’attaques sur un système de soins parmi tous les pays subissant un conflit en 2024. Beaucoup d’hôpitaux ont été bombardés ou détruits, particulièrement dans les régions au nord de Gaza. Les soins spécialisés sont presque inexistants. L’Hôpital européen de Gaza, le seul établissement capable d’effectuer des opérations pour des cancers, ne fonctionne plus. Le système de santé déjà moribond a été encore affaibli par le blocus de l’aide et l’assassinat inacceptable de plus de 1400 travailleurs médicaux. Medical Aid for Palestinians, une association caritative basée au Royaume-Uni, a affirmé que « le système de santé de Gaza est systématiquement démantelé, rendant impossible de maintenir la vie des Palestiniens à Gaza ».
Le gouvernement israélien a aussi ciblé l’infrastructure civile nécessaire pour la survie des Palestiniens, 89% des systèmes d’eau et d’assainissement et 92% des logements étant détruits ou endommagés. Avec des zones militaires interdites d’accès couvrant maintenant 70% de Gaza et le déplacement d’environ 90% de la population vers des espaces de vie surpeuplés avec peu d’accès à de l’eau potable et à l’assainissement, les maladies infectieuses sont omniprésentes. La sombre situation de la santé sur le terrain est maintenant exposée dans une lettre de l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés palestiniens des Nations Unies. En comparant des données annuelles de 2023 et 2024, les cas de diarrhée aqueuse aiguë ont été multipliés par 36, le syndrome de jaunisse aiguë (indicatif de l’hépatite A) par 384. Les Palestiniens sont maintenant forcés de vivre dans des conditions inhumaines où la maladie prolifère.
Un webinaire récent sur la situation à Gaza a rapporté que chaque jour, en moyenne, 35 enfants sont tués à Gaza, arrivant à un total d’au moins 18000 enfants tués dans ce conflit. Des enfants pré-adolescents arrivent [aux urgences] avec des blessures par balles. Les enfants meurent de malnutrition chronique et ceux qui survivent pourraient ne jamais récupérer. Gaza héberge aussi la plus grande cohorte d’enfants amputés de l’histoire moderne. Au-delà des blessures physiques, le traumatisme psychologique de voir leurs maisons détruites et leurs familles tuées laissera des cicatrices permanentes. L’héritage d’une telle destruction se fera sentir pendant des générations à venir.
Pendant trop longtemps, le gouvernement israélien a agi dans l’impunité totale. Parlant lors du même webinaire de la crise humanitaire actuelle, Nick Maynard, un chirurgien britannique qui a effectué plusieurs tournées à Gaza, a dit qu’il avait été témoin de « nombreux exemples de crimes de guerre clairs ». Mais en dépit des déclarations souvent répétées des médecins et des experts de santé publique sur les atrocités commises contre la population civile à Gaza, beaucoup d’académies médicales et d’organisations professionnelles de santé qui prétendent s’engager pour la justice sociale, se sont tues. Leur silence est moralement inacceptable.
L’indifférence a aussi régné au Conseil de sécurité des Nations Unies, même après des informations répétées qui y ont été présentées sur « la mort, les blessures, la destruction, la faim, la maladie, la torture, d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, les déplacements répétés, sur une vaste échelle » à Gaza. « Allez-vous agir — de manière décisive— pour empêcher le génocide et garantir le respect du droit humanitaire international ? », a demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies Tom Fletcher, Chef des secours aux Nations Unies. Une déclaration commune du Royaume-Uni, de la France et du Canada avertit qu’une action concrète sera prise si Israël ne cesse pas son offensive militaire renouvelée et ne lève pas ses restrictions sur l’aide humanitaire. L’histoire du conflit Israël-Palestine et le contexte géopolitique environnant sont complexes, mais la communauté internationale doit agir sur la base de ces preuves indiscutables pour protéger la santé de la population palestinienne.