L’Unicef avertit que des enfants pourraient mourir de soif à Gaza suite à l’effondrement des systèmes d’approvisionnement en eau

La peur du manque d’eau ainsi que de la famine grandit alors que le personnel médical fait état de davantage d’assassinats de Palestiniens qui cherchent de l’aide par les forces israéliennes.

L’effondrement des systèmes d’approvisionnement en eau à Gaza menace le territoire d’un manque d’eau ainsi que d’une famine dévastatrices, a prévenu l’Unicef, alors que le personnel médical a informé qu’Israël avait tué davantage de Palestiniens désespérés à la recherche d’aide.

Vendredi, au moins 24 personnes qui attendaient de l’aide au centre de Gaza ont été tuées par des tirs israéliens, d’après les autorités locales de santé, en plus d’autres morts sous les frappes aériennes.

Marwan Abu Nasser, directeur de l’hôpital al-Awda dans la ville de Nuseirat, a dit que ses équipes avaient eu à s’occuper de 21 blessés et 24 morts.

« Les blessures étaient extrêmement graves, la plupart dans la poitrine et dans la tête. Il y avait des femmes, des enfants et des jeunes parmi les blessés parce que les gens qui venaient pour recevoir de l’aide … venaient de tous les horizons », a dit Abu Nasser.

Des centaines de Palestiniens ont été tués ces dernières semaines alors qu’ils essayaient, soit d’atteindre les points de distribution de l’aide tenus par la Fondation Humanitaire de Gaza (FHG), organisation opaque américano-israélienne qui a récemment commencé à distribuer de la nourriture dans le territoire soit, plus récemment, de décharger le nombre limité de véhicules onusiens et commerciaux qui transportent de la farine et quelques autres produits élémentaires.

Les rapports de ce genre sont difficiles à confirmer de façon indépendante, mais semblent corroborés dans de nombreux détails par les interviews menées avec des témoins par le Guardian.

Khaled al-Ajouri, 33 ans, du camp de réfugiés de Jabaliya, a dit qu’il était parti de bonne heure le matin dans l’espoir d’obtenir des fournitures apportées par les camions d’aide.

« J’ai décidé de me tenir un peu à l’écart pour me protéger. Je me suis persuadé que j’étais dans une zone sure. Soudain … il y a eu des explosions et j’ai été frappé à la jambe et à la poitrine », a ajouté Ajouri.

Vendredi, il y a eu aussi des rapports sur d’autres victimes des frappes israéliennes à Gaza, avec au moins 12 personnes tuées dans une frappe aérienne sur une maison appartenant à la famille Ayyash au centre-ville de Deir al-Balah.

Mohammad al-Mughayyir, directeur de la fourniture médicale à l’agence de la défense civile à Gaza, a dit à l’AFP : « Quarante-trois martyrs sont tombés aujourd’hui depuis l’aube sous le bombardement israélien continu sur la Bande de Gaza, dont 26 attendaient pour obtenir de l’aide humanitaire. »

Les responsables de l’armée israélienne ont dit vendredi que des avions de guerre avaient attaqué 300 « cibles terroristes » à Gaza au cours de la semaine, dont des combattants individuels, des caches d’armes et des positions servant à attaquer les forces israéliennes.

L’une des frappes a tué un combattant de haut rang du territoire qui avait aidé à enterrer les corps de deux otages enlevés au cours de l’attaque menée par le Hamas en octobre 2023 dans le sud d’Israël qui avait déclenché le conflit, ont-ils dit.

Les responsables de l’armée israélienne disent que les troupes ont tiré sur des « suspects » dont ils prétendent qu’ils représentent une menace pour eux.

James Elder, porte-parole de l’Unicef, a dit à des reporters à Genève qu’il avait de nombreux témoignages sur des femmes et des d’enfants blessés alors qu’ils essayaient de recevoir de l’aide alimentaire, dont un jeune garçon qui avait été blessé par un obus de char et est mort ensuite de ses blessures.

« Il y a eu des cas où une information [a été] partagée disant qu’un site [de distribution] était ouvert, mais où il était dit ensuite sur les réseaux sociaux qu’il était fermé, sauf que l’information avait été partagée quand l’internet de Gaza était coupé et que les gens n’y avaient plus accès », a dit Elder.

La FHG envoie de l’information sur les heures d’ouverture principalement sur Facebook, auquel de nombreux Gazaouis n’ont pas accès.

La nourriture est devenue extrêmement rare à Gaza depuis qu’un sévère blocus a été imposé par Israël tout au long des mois de mars et avril, menaçant beaucoup des 2.3 millions des gens qui y vivent d’un « grave risque de famine ».

Depuis la levée partielle du blocus le mois dernier, l’ONU a essayé de faire entrer de l’aide, mais a fait face à d’énormes obstacles, dont des routes envahies de décombres, les restrictions de l’armée israélienne, de constantes frappes aériennes et une anarchie grandissante. De nombreuses cargaisons ont été arrêtées à Gaza par des Palestiniens ordinaires et déchargées.

Il y a également une grave pénurie de carburant, nécessaire aux pompes sur les forages et à la seule usine de désalinisation qui reste à Gaza. Aucun carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza depuis l’effondrement en mars d’un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël.

Elder a ajouté : « Nous sommes très bas en-dessous des normes d’urgence en ce qui concerne l’eau potable pour la population de Gaza. Les enfants vont commencer à mourir de soif … 40 % seulement des installations de production d’eau potable sont encore en fonction. »

Les réserves de carburant constituées pendant la pause au cours des 20 mois de guerre sont maintenant presque épuisées, ont dit des responsables de l’aide.

La plupart des usines de traitement des eaux usées, du réseau des égouts, des réservoirs et des canalisations ont été détruites. En mars, Israël a coupé l’alimentation électrique des principales usines de désalinisation, source vitale d’eau pour les Palestiniens de Gaza.

Israël espère que la FHG remplacera l’ancien système général de distribution de l’aide géré par l’ONU, dont les responsables israéliens prétendent qu’il permettait au Hamas de voler l’aide et de la revendre.

Les agences de l’ONU et les principales associations d’aide, qui ont livré l’aide humanitaire à travers Gaza depuis le début de la guerre, ont refusé le nouveau système, disant qu’il était impraticable, inadéquat et contraire à l’éthique. Ils nient qu’il y ait un vol généralisé de l’aide par le Hamas.

Mercredi, la FHG a dit qu’elle avait fourni plus de 30 millions de repas à la population de Gaza, « sans problème et sans incident », depuis qu’elle a commencé à s’en occuper le mois dernier.

Au cours de l’attaque du 7 octobre 2023, des combattants palestiniens ont tué environ 1.200 personnes, principalement des civils, et ont enlevé 251 otages, dont ils détiennent encore 53.

Le nombre de morts depuis que la guerre a éclaté s’élève à plus de 55.600, principalement des civils, d’après le ministère de la Santé.