Lettre de BRICUP à l’Université Sheffield Hallam au sujet de Shahd Abusalama

[Mise a jour de BRICUP (29 janvier 2022) : Lors d’une réunion hier entre Shahd Abusalama et des responsables de la branche du syndicat UCU (University and College Union) à laquelle elle est affiliée d’un côté, et la direction des ressources humaines de Sheffield Hallam de l’autre, l’enseignement de Shahd a été rétabli et la direction s’est engagée à suivre à la lettre à partir de maintenant la procédure d’enquête sur laquelle il y a eu accord.]

Cher Professeur Husbands,

J’écris au nom de BRICUP, une organisation concernée par les dimensions académiques de l’occupation illégale du territoire palestinien par Israël et de son siège écrasant de Gaza. Nos membres sont tous des universitaires du Royaume Uni, dont de nombreux juifs, ou des spécialistes de disciplines dans des domaines importants, ou les deux.

Shahd Abusalama a tout à fait le droit de communiquer énergiquement sur le traitement de son pays. Sheffield Hallam a cependant procédé à une suspension de son enseignement avant, et non après, une enquête. Le fait que votre université a agi ainsi dans les jours suivant l’annonce par le Jewish Chronicle de son intention de publier un article attaquant certains de ses posts sur les réseaux sociaux, est profondément troublant. Il semble que vous ayez préféré gérer ce que vous considérez comme un préjudice de réputation, plutôt que de protéger la liberté d’expression et la liberté académique.

Je note que votre université a adopté la définition de l’antisémitisme de l’IHRA. Celle-ci a été fabriquée non comme un moyen d’identifier des cas de préjudice, d’hostilité ou de haine envers des Juifs en tant que Juifs, mais plutôt comme un mécanisme visant à brouiller le sens de « l’antisémitisme » de manière à lui faire servir de bouclier contre les critiques d’Israël. C’est à la fois une honte intellectuelle et un désastre continu pour la liberté de parole. Je crains que son influence néfaste ait contribué, directement ou indirectement, à votre décision profondément regrettable.

Vous-même et l’Université que vous dirigez avez une responsabilité en droit, de préserver la liberté académique et la liberté de parole. Vous avez aussi le devoir de prendre soin de votre personnel et de vos étudiants, dont Shahd Abusalama fait partie, au titre des deux catégories. C’est une apatride qui a passé ses années de formation sous un siège féroce sur un petit territoire soumis à des attaques militaires répétées. Son père a passé plus de dix ans en prison pour des actions qui seraient reconnues, s’il était britannique, comme parfaitement patriotiques.

La prise de conscience et la sensibilité croissent sur les oppressions et cruautés du passé, dans lesquelles la grande Bretagne a souvent joué un rôle de premier plan, ainsi que sur les attitudes racistes sous-jacentes. L’action de votre université contre Shahd Abusalama semble suggérer que, cas unique, seuls les Palestinien.ne.s devraient se voir refuser le droit de discuter, mener des recherches et nommer la nature de leur condition.

Votre action contre Madame Abusalama a conforté ceux qui tentent de protéger Israël de critiques justifiées. Elle va les encourager à mener d’autres attaques contre ceux qui s’expriment en faveur des droits des Palestinien.ne.s. Puis-je vous exhorter à réparer une partie des dégâts en rétablissant Madame Abusalama, dans l’attente de votre enquête qui, je pense, montrera que sa présence et ses activités sur le campus peuvent être un bonus et non une menace sur la place de votre université.

Sincèrement vôtre,

Jonathan Rosenhead

Président du Comité Britannique pour les Universités de Palestine