Les universités israéliennes sont confrontées à des centaines d’actions de boycott « explicites » de la part d’universités étrangères, selon un rapport

Un rapport publié par l’Association Israélienne des chefs d’Universités, dit que les tentatives de boycott viennent de plus en plus d’institutions plutôt que d’étudiants, ‘orientées par des considérations politiques’. Les liens personnels de chercheurs avec des collègues étrangers en ont aussi été affectés.

Des chercheurs israéliens ont fait état de centaines de cas de boycott académique et de difficultés dans la coopération avec des institutions étrangères au cours des derniers mois, selon un rapport publié lundi par l’Association Israélienne des Dirigeants d’Universités.

Depuis octobre dernier, 200 plaintes ont été soumises à l’association, est-il dit dans le rapport. Entre l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023  et le 7 octobre 2024, 300 plaintes supplémentaires ont été soumises.

L’association a commencé à recueillir ces rapports après avoir décidé que chaque université devrait désigner quelqu’un pour traiter du boycott académique, à la suite de l’augmentation de ces cas depuis le 7 octobre 2023 et monter un groupe de travail également.

Le rapport a dit que la coopération institutionnelle avec des universités étrangères a connu une diminution dramatique. En Espagne , par exemple, elle a presque complètement cessé, tandis que des universités importantes des Pays-Bas et de Belgique  ont aussi annoncé qu’elles mettaient fin à  la coopération académique avec les institutions israéliennes.

Un autre problème, selon le rapport, est la difficulté croissante à avoir des communications scientifiques publiées dans des revues et dans des livres. Les revues scientifiques freinent la publication d’articles de chercheurs israéliens, tandis que des chercheurs étrangers refusent de réaliser des évaluations collégiales d’articles présentés par des Israéliens.

Une manifestation propalestinienne à l’Université de Harvard en octobre 2023. Crédit : Joseph Prezioso / AFP

La tendance est aussi à une chute dans le financement de la part de fondations de recherche étrangères. Parfois, de crainte des chercheurs étrangers de voir leurs propres allocations de recherche souffrir de la situation, ces derniers ont demandé à des collègues israéliens de quitter des consortiums de recherche internationaux, selon le rapport.

Les liens personnels de chercheurs avec des collègues étrangers en ont souffert. Ainsi, même si une institution n’a pas officiellement décidé de cesser de coopérer avec des universités israéliennes, les chercheurs disent que leurs collègues étrangers, souvent, ne veulent pas continuer à mener des recherches communes ou écrire des articles communs.

« Dans un certain nombre de cas, des enseignants et des étudiants ont pris des mesures personnelles de boycott des Israéliens, en déclarant explicitement leurs intentions clairement orientées par des considérations politiques », selon le rapport.  

Des professeurs israéliens ont aussi rapporté avoir eu des annulations d’invitations à des conférences. Lorsque ce n’est pas le cas, la conférence est parfois perturbée par des protestations et des manifestations .

Il est dit dans le rapport que pendant les premiers mois de la guerre, après octobre 2023, la contestation académique contre Israël consistait principalement en manifestations étudiantes. Mais maintenant, le boycott vient principalement des institutions elles-mêmes et de membres du corps enseignant des universités, la plupart des plaintes soumises au conseil concernant des institutions d’Europe et des États Unis . Le rapport a décrit plusieurs tentatives d’étendre le boycott académique d’Israël. En mai dernier, par exemple, l’Université de Gand en Belgique  a voté la rupture des liens académiques avec les universités israéliennes à cause de leurs liens avec la défense qui les rendent complices de violations des droits humains.

Manifestants brandissant des pancartes dans le parc des anciens élèves de l’Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles, Californie, USA, l’an dernier. Crédit: David Swanson / Reuters

L’université a ensuite essayé de persuader d’autres universités de Belgique et au-delà de rompre leurs liens avec le monde académique israélien et elle a même demandé à la Commission Européenne d’interdire aux institutions israéliennes de participer à des projets recevant des fonds de l’Union Européenne. La commission a cependant rejeté cette demande, ce qui a eu pour résultat le retrait de l’université de Gand de projets ayant des partenaires israéliens.

Le rapport a aussi averti que le boycott académique d’Israël pourrait s’intensifier maintenant que le président des États-Unis, Donald Trump, est de retour à la Maison Blanche. L’aspect positif, est-il écrit, est que la politique de l’administration Trump commence à encourager « des changements administratifs dans les institutions d’enseignement supérieur aux États-Unis, qui insistent sur le maintien d’une neutralité institutionnelle ». 

Mais en même temps, le sentiment pro-israélien que Washington est en train de propager « crée des réactions, en particulier parmi les membres du personnel enseignant qui militent pour le maintien de la liberté d’expression sur les campus, pour la préservation du droit de manifester et qui soutiennent souvent aussi le mouvement de boycott ». 

En outre, selon le rapport, la relation étroite d’Israël avec l’administration Trump, « peut rendre plus difficile au monde académique israélien d’établir des liens avec des universités étrangères à l’avenir, en particulier avec des universités d’Europe, dont les directions académiques ne soutiennent pas le nouveau narratif promu par l’administration Trump dans les universités américaines ».

  • Photo: L’université Hébraïque de Jérusalem, l’an dernier. Crédit : Olivier Fitoussi