Le ministre des Affaires étrangères Caspar Veldkamp dit à la haute diplomate de l’UE Kaja Kallas qu’il pense qu’Israël viole ses obligations sur les droits humains liées à l’accord commercial
Le gouvernement néerlandais, considéré comme l’un des plus loyaux alliés d’Israël dans l’Union européenne, appelle à une révision urgente de l’accord d’association UE-Israël, la base de l’accord de libre échange commercial israélo-européen, a dit au Guardian le ministre des Affaires étrangères néerlandais Caspar Veldkamp.
Veldkamp a décrit l’interdiction israélienne de livraison d’aide humanitaire à Gaza comme « catastrophique, vraiment lamentable » et une claire violation du droit humanitaire international.
Il a écrit à la cheffe du service des Affaires étrangères de l’Union européenne, Kaja Kallas, pour demander une révision urgente, en disant qu’il pense qu’Israël viole maintenant l’accord d’association.
Veldkamp, ancien ambassadeur des Pays-Bas en Israël, a dit qu’il s’attend à ce que le problème soit discuté dans une réunion informelle de deux jours entre les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne commençant mercredi en Pologne.
L’UE est le plus grand partenaire commercial d’Israël. Le gouvernement néerlandais a dans le passé mené des actions pour bloquer toute discussion d’une suspension de l’accord d’association, un levier promu de la manière la plus persistante par l’Irlande et l’Espagne.
Expliquant sa position, Veldkamp a dit : « Vous ne pouvez pas affamer la population de la Bande de Gaza. C’est contre le droit international. C’est moralement mauvais. C’est dangereux. Je ne pense pas que ce soit dans l’intérêt même d’Israël. »
Les chances pour un cessez-le-feu sont apparues « très, très minces », a-t-il dit, rendant la situation « insupportable ».
Le gouvernement néerlandais mettrait un veto à toute extension du plan d’action entre l’UE et Israël, l’accord mettant en oeuvre celui d’association qui est entré en vigueur en 2000, a-t-il ajouté.
L’Article 2 de l’accord d’association EU-Israël stipule que leurs relations sont basées sur le respect des droits humains et des principes démocratiques.
Des ONG ont exhorté à de multiples reprises une UE divisée à prendre une position plus ferme, mais aucune mesure n’a été prise pour suspendre cet accord lors de sa rencontre avec Israël en février.
Dans sa lettre à Kallas, Veldkamp a dit que le système de distribution de l’aide humanitaire proposé par Israël apparaissait incompatible avec « les principes de neutralité, d’impartialité et d’indépendance ».
Parlant au Guardian à Londres, après une rencontre avec le secrétaire des Affaires étrangères britannique David Lammy, il a dit que les Pays-Bas étaient « très inquiets sur la conduite actuelle de la guerre, particulièrement depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars et le blocus de l’aide humanitaire ».
Il a aussi contesté les priorités de Netanyahou, en disant qu’un cessez-le-feu était la manière la plus efficace pour que les otages soient libérés.
« Les critiques augmentent en Israël contre le Premier ministre, du fait qu’il ne donne pas assez la priorité à la libération des otages, et il a maintenant affirmé lui aussi qu’il ne donne pas à cela la priorité absolue, mais qu’il donne la priorité au combat contre le Hamas », a-t-il dit.
« Maintenant, le Hamas doit libérer les otages dès que possible. Le Hamas doit déposer les armes. Le Hamas ne peut pas faire partie de la future gouvernance de la Bande de Gaza », a-t-il dit. « Je sais qu’il y a aussi des plans de l’Égypte, un des négociateurs des pourparlers de cessez-le-feu veut voir le leadership du Hamas partir pour un pays tiers ».
La Cour internationale de justice siégeant à La Haye, le gouvernement néerlandais sent qu’il a un devoir supplémentaire de respecter les jugements de la CIJ.
« Je n’ai aucune illusion que le Hamas n’appliquera jamais le droit humanitaire international, mais d’une démocratie comme Israël, [oui] ; les démocraties combattent différemment et Israël doit respecter le droit humanitaire international et avec les dernières déclarations des ministres israéliens, comme le ministre Smotrich disant qu’il vise une destruction totale de la Bande de Gaza, nous ne pouvons ignorer plus longtemps de telles déclarations.
« Je dis cela comme quelqu’un qui se sent proche d’Israël, et comme ancien ambassadeur, ce n’est pas une politique durable pour Israël, et il est temps de travailler à la paix ».
Ses remarques et leur impact potentiel pour l’Union européenne arrivent quelques jours avant que Donald Trump ne s’envole vers le Moyen-Orient pour ses premières visites internationales majeures depuis son investiture. Trump n’a pas jusqu’à présent critiqué la stratégie de Netanyahou.