Le Bureau des droits humains des Nations Unies critique l’usage de certaines « méthodes et des moyens utilisés pour faire la guerre » dans l’attaque contre la ville de Jénine
Les Nations ont exprimé leur inquiétude que le cessez-le-feu à Gaza pourrait être mis en danger par l’attaque d’Israël contre la ville cisjordanienne de Jénine, attaque qui a impliqué ce que le porte-parole des droits humains des Nations Unies a qualifié d’« utilisation injustifiée et disproportionnée de la force. »
Thameen al-Kheetan, du Bureau des droits humains des Nations Unies, a qualifié la tactique israélienne à Jénine d’« opérations mortelles », après qu’Israël a ciblé un camp de réfugiés dans le centre de la ville et a assiégé un hôpital à proximité.
« Nous sommes profondément inquiets de l’utilisation de la force létale illégale à Jénine, en Cisjordanie occupée », a-t-il dit vendredi, critiquant « les méthodes et les moyens développés pour faire la guerre, en violation du droit sur les droits humains … cela inclut de multiples frappes aériennes et des tirs apparemment au hasard contre des résidents non armés essayant de fuir ou de se mettre à l’abri ».
Les forces israéliennes ont continué leur répression de grande ampleur dans toute la Cisjordanie tandis que l’attaque contre le camp de réfugiés continuait, dans une opération qu’Israël a appelée « Mur de fer ».
Les forces de sécurité [israéliennes] ont lancé des raids sur des villes autour de Naplouse et de Jénine, et l’agence palestinienne d’informations Wafa a dit que des bulldozers militaires israéliens s’étaient enfoncés dans le camp de réfugiés, détruisant plusieurs maisons. Des centaines de personnes ont fui le camp et les zones environnantes depuis que les forces israéliennes y ont commencé leur opération il y a quatre jours.
Tard vendredi, une frappe israélienne de drones contre un véhicule près de la ville cisjordanienne de Qabatiya a tué deux personnes. L’armée israélienne a dit que l’attaque avait ciblé « une cellule terroriste » à l’intérieur, mais n’a donné aucun détail supplémentaire.
Kheetan a dit que le Bureau des droits humains des Nations Unies avait vérifié que plus de 12 Palestiniens ont été tués et au moins 40 blessés depuis que l’attaque a commencé, ajoutant que la majorité d’entre eux n’auraient pas été armés. Le personnel médical de l’hôpital du gouvernement près du camp a dit que des membres du personnel avait été blessés après avoir été visés par des balles réelles.
Benjamin Netanyahou a dit que l’objectif de l’opération était de cibler des militants palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine, pour les empêcher de lancer des attaques sur le territoire israélien. Des critiques ont accusé le Premier ministre d’étendre le combat en Cisjordanie pour apaiser son allié d’extrême-droite, Bezalel Smotrich, et maintenir sa coalition au pouvoir.
Smotrich a menacé de quitter le gouvernement si Israël ne reprend pas le combat à Gaza après la fin de la première phase du cessez-le-feu, début mars — un geste qui enlèverait la majorité parlementaire à Netanyahou et probablement déclencherait de nouvelles élections.
« Si, Dieu nous en préserve, la guerre ne recommence pas, je ferai tomber le gouvernement », a-t-il dit aux journalistes plus tôt cette semaine. Smotrich aurait décrit le deuxième gouvernement Trump comme « une opportunité » pour qu’Israël annexe la Cisjordanie.
Aseel Baidoun, de Medical Aid for Palestinians [Aide médicale pour les Palestiniens] dans la ville de Ramallah en Cisjordanie, a dit qu’elle désespérait devant les attaques d’Israël en expansion sur le territoire.
« Même lorsqu’il une porte vers la paix est légèrement ouverte, une autre commence à se fermer », a-t-elle dit. « Non seulement nous sommes confinés par les checkpoints et les fermetures de routes, mais les gens sont aussi confrontés à des attaques sans relâche de hordes de colons israéliens qui agissent en toute impunité, avec le soutien complet de l’armée israélienne. »
Elle a ajouté : « Maintenant qu’il y a une suspension de la guerre d’Israël contre les Palestiniens de Gaza, il semble que l’armée israélienne soit en train de commencer une guerre contre nous, en Cisjordanie ».
Lors d’une petite manifestation dans le centre de Jérusalem, des dizaines de militants ont brandi des pancartes dénonçant les combats en cours pendant le cessez-le-feu de Gaza et ont demandé la fin de l’attaque croissante d’Israël contre des villes de Cisjordanie.
« Je pense qu’ils veulent que nous ayons cette guerre sans fin … c’est choquant », a dit Michal Brody-Bareket, qui a fondé le groupe Mother’s Cry [Appel d’une mère] demandant la fin des combats israéliens à Gaza, où son fils a servi dans les Forces de défense israéliennes (FDI).
« Bien sûr, c’est politique », a-t-elle dit à propos de la décision d’Israël de lancer son opération à Jénine. « Tout cela, cela tourne autour de Smotrich et de l’appui du mouvement des colons qui le soutiennent. Ils veulent que nous nous battions en Cisjordanie, à Gaza, et au Liban et en Syrie, aussi, pour qu’ils puissent s’installer à ces endroits … cela coûtera plein de vies. »
Les manifestants ont été immédiatement contrés par la police israélienne qui a bousculé plusieurs d’entre eux et en a arrêté trois.
La manifestante Tamar Cohen a dit : « Ce que nous faisons en Cisjordanie en général semble un plan pour revenir à la guerre à Gaza. Ils veulent changer la Cisjordanie en Gaza.
Cela au moins semble le plan de Smotrich et de sa cohorte. Il a obtenu sa récompense pour ne pas avoir quitté le gouvernement malgré l’accord sur les otages », a-t-elle déclaré, brandissant une pancarte qui dit : « Refusez de combattre dans la guerre. »
Quatre soldates israéliennes tenues en otage par les militants palestiniens à Gaza doivent être relâchées dans les jours à venir en échange pour les Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dans le cadre d’un fragile accord de cessez-le-feu de six semaines.
Israël a lancé sa guerre la plus longue contre Gaza à la suite de l’attaque du Hamas contre des villes et des kibboutz dans tout le territoire le 7 octobre 2023, lors de laquelle environ 1200 personnes ont été tuées et 250 prises en otage, la plupart étant des civils. L’attaque d’Israël contre Gaza a tué plus de 47000 personnes au cours des 15 mois de combats.
Le Premier ministre qatari, Mohammed bin Abdulrahman al-Thani, a dit plus tôt cette semaine que Doha encourageait un début précoce de la deuxième phase des pourparlers, incluant une discussion sur la fin de la guerre, prévue pour commencer dans les semaines à venir.
Des responsables israéliens croient qu’entre le tiers et la moitié des 90 otages qui restent à Gaza sont morts. Des familles anxieuses de captifs sont rassemblées à Tel Aviv pour demander que Netanyahou et le président des États-Unis, Donald Trump, garantissent la libération de tous les otages restants.
« L’inquiétude que l’accord ne serait pas complètement mis en œuvre nous ronge tous », a dit Vicky Cohen, la mère de Nimrod Cohen, qui a été capturé dans la base militaire Nahal Oz alors qu’il servait dans les FDI.
« Tous les officiers supérieurs disent ouvertement qu’arrêter l’accord signifierait une sentence de mort pour ceux qui restent. »