Les fluctuations de la politique ont ciblé un large éventail de produits, suivi par un groupe israélien de défense des droits humains. La dernière version en date du blocus est un blocus quasiment total.
Israël maintient depuis longtemps le blocus de Gaza, en autorisant seulement par moments l’entrée de produits réputés “vitaux pour la survie de la population civile” . Gisha, un groupe israélien de défense des droits humains qui se consacre à la liberté de mouvement des Palestiniens, a regroupé des listes de produits interdits – allant des journaux aux cahiers, aux épices et aux friandises – à partir de discussions avec des hommes/femmes d’affaires palestinien.nes et d’organisations internationales qui importent des marchandises dans la bande de Gaza. Ces graphiques illustrent une partie de ce qui était autorisé et interdit d’entrée entre 2007 et 2011, sur la base de ce que Gisha a trouvé .
Israël avait déjà limité les mouvements de biens et de personnes entre Gaza et la Cisjordanie au moins depuis le début des années 1990. En 2006, après que le Hamas a remporté 74 des 132 sièges aux élections législatives palestiniennes de 2014, Israël a accru le blocus imposé un an plus tôt, dans l’espoir qu’en rendant la vie tellement difficile aux Palestiniens de Gaza, ils se tourneraient vers le Hamas par désespoir. Dov Weiglass, un conseiller d’Ehoud Olmert, alors premier ministre, a décrit ainsi la stratégie : « L’idée est de mettre les Palestiniens au régime » disait Weiglass, « mais de ne pas les faire mourir, de faim ».
Cela n’a pas marché. À l’été 2007, le Hamas s’est battu contre son adversaire le Fatah dans les rues de Gaza et a gagné. Le groupe a pris le contrôle de la bande de Gaza et la réponse d’Israël a été d’instaurer un blocus permanent, limitant gravement l’accès de Gaza au monde extérieur. Le blocus a été formalisé à un degré tel que l’armée israélienne a commandé sa propre étude en vue de déterminer le nombre minimum de calories nécessaire aux Palestiniens pour échapper à l’état de malnutrition.
L’indignation internationale sur le blocus s’est faite plus forte et, en mai 2010, un groupe de plusieurs bateaux – la Flottille de la Liberté pour Gaza – a pris la mer pour briser le blocus. Des missions antérieures plus modestes avaient réussi à apporter quelque soulagement à Gaza (comme le faisait le vaste système de tunnels de Gaza). Cette fois, 10 000 tonnes d’aide étaient à bord des bateaux. Des commandos israéliens ont attaqué le Mavi Marmamra, le plus gros navire du groupe, dans les eaux internationales, faisant neuf morts.
En juin 2010, sans doute à cause de la colère due à l’attaque du Mavi Marmara, Israël a commencé à relâcher le blocus et à permettre le retour de certains biens de consommations à Gaza, finalement. « Gisha est heureuse d’apprendre que la coriandre ne représente plus une menace pour la sécurité d’Israël » notait l’organisation dans une déclaration .
Israël a créé en 2008 une liste de produits « à double usage », interdits comme pouvant être reconvertis en objectif militaires, publiée seulement en 2010. Un rapport d’Oxfam a établi que les restrictions israéliennes sur les produits « à double usage » – dont, par exemple l’eau et les pompes pour eaux d’égout – étaient bien au-delà des normes internationales. « Le processus consistant à lister des produits “à double usage” paraît arbitraire et n’est pas transparent » concluait Oxfam.
Le blocus s’est relâché ou resserré au cours des années. En 2018, plus de 1 000 marchandises ont de nouveau été interdites d’entrée à Gaza – dont des robes de mariée, des éponges de ménage, des biberons et des couches – ainsi que les livraisons de carburant et de gaz après qu’Israël a partiellement fermé la frontière commerciale avec Gaza, en représailles à des actions de quelques Gazaouis qui allumaient des feux en Israël au moyen de cerf-volant et de ballons.
Depuis le 7 octobre, le blocus est devenu presque total. Les restrictions sur la nourriture et sur les biens de première nécessité menacent désormais la survie même de la population civile de Gaza. En mars 2024, CNN fait un reportage sur les produits qu’Israël a le plus souvent refusé aux Gazaouis, généralement sous le prétexte de leur « double usage ». CNN liste quelques-uns des plus fréquents : ventilateurs, cylindres à oxygène, produits anesthésiants, systèmes de filtration de l’eau, appareils à rayons X et béquilles.
D’autres articles interdits par Israël : « dattes, sacs de couchage, médicaments anti-cancéreux, tablettes de purification de l’eau et trousses de maternité, d’après le rapport. Les dattes pourraient être salvatrices pour une population affamée, mais elles ont été interdites d’entrée à Gaza parce que, selon des sources ayant informé CNN, les graines rendaient les datte suspectes sur les images de l’inspection aux rayons X. Les sacs de couchage ont été interdits « parce qu’ils étaient verts », a dit à CNN un représentant de l’aide humanitaire « le vert c’est militaire et selon la liste de 2008, militaire équivaut à double usage ». Ce qui a commencé comme une politique délibérée pour amener l’économie de Gaza à un arrêt net est maintenant utilisé pour mettre à genoux sa population.