Le taux quotidien de décès à Gaza plus élevé que dans n’importe quel autre conflit majeur du XXIe siècle – Oxfam

L’armée israélienne tue 250 Palestiniens par jour, beaucoup d’autres vies étant mises en danger par la faim, la maladie et le froid

L’armée israélienne tue les Palestiniens à un taux moyen de 250 personnes par jour, ce qui excède le taux quotidien de décès de n’importe quel autre conflit des dernières années, a déclaré Oxfam aujourd’hui, alors que l’escalade des hostilités approche de son 100e jour.

Par ailleurs, plus de 1200 personnes ont été tuées dans les horribles attaques du Hamas et d’autres groupes armés en Israël le 7 octobre et 330 Palestiniens ont été tués depuis en Cisjordanie.

Sally Abi Khalil, directrice d’Oxfam pour le Moyen-Orient, a déclaré : «  L’échelle des atrocités qu’Israël inflige à Gaza est vraiment choquante. Depuis 100 jours, la population de Gaza a enduré un véritable enfer. Il n’y a aucun endroit où l’on est en sécurité et la population entière risque la famine. »

« Il est inimaginable que la communauté internationale regarde se produire le conflit le plus meurtrier du XXIe siècle, tout en bloquant continuellement les appels à un cessez-le-feu. »

15 janvier 2024 CLARIFICATION :  En utilisant des données disponibles publiquement, Oxfam a calculé que le nombre moyen de morts par jour à Gaza est plus élevé que dans tout récent conflit armé majeur, comme en Syrie (96,5 morts par jour), au Soudan (51,6), en Iraq (50,8), en Ukraine (43,9), en Afghanistan (23,8) et au Yémen (15,8). 

L’agence d’aide humanitaire avertit que les habitants sont de plus en plus coincés dans des zones de plus en plus petites, étant contraints, à cause du bombardement constant, à fuir des endroits dont on leur avait dit auparavant qu’ils étaient sûrs, mais nulle part à Gaza n’est un endroit vraiment sûr. Plus d’un million de personnes — plus de la moitié de la population — ont été forcées à chercher un refuge à Rafah à la frontière égyptienne. Le personnel d’Oxfam à Rafah fait état d’une surpopulation massive, avec très peu d’eau et de nourriture, et des médicaments essentiels épuisés. Cette crise est accrue par les restrictions d’Israël sur l’entrée de l’aide, fermant les frontières, imposant un siège, et refusant un accès sans entraves. Actuellement, seulement 10% de l’aide alimentaire hebdomadaire nécessaire peut entrer.

A-delà des victimes directes, Oxfam alerte aussi sur la menace massive pour la vie, soit à cause de la faim, soit à cause de maladies. L’apparition d’un temps froid et humide a rendu la situation encore plus critique, avec une pénurie de couvertures, pas de combustible pour les appareils de chauffage et pas d’eau chaude. Une des organisations partenaires d’Oxfam, les Comités agricoles palestiniens de secours (PARC) ont décrit la situation de ceux vivant dans des tentes comme « pire que tout ce que vous pouvez imaginer », les abris de fortune laissant entrer la pluie, étant emportés par le vent et les gens étant obligés de recourir à des mesures désespérées comme de vendre de précieuses provisions de nourriture ou d’eau pour obtenir une couverture.

 Mutaz, un ingénieur qui a été déplacé à Al-Mawasi avec sa famille a dit : « La pluie ruisselait de tous les côtés de la tente. Nous devions dormir sur le sac de farine pour le protéger de la pluie. Ma femme et trois de mes filles utilisent une couverture la nuit. Il n’y a assez de couvertures que pour quatre. Nous n’avons rien. »

Plus tôt dans la semaine, un camp à Jabaliya a été inondé par des eaux usées quand les canalisations et une station de pompage ont été endommagées par des frappes aériennes israéliennes. Le manque d’eau potable et d’un assainissement adéquat pose un risque sanitaire énorme. Les cas de diarrhée sont 40 fois plus nombreux qu’à la même époque l’an dernier, bien qu’en réalité le nombre de cas soit sans doute significativement plus élevé.

Sally Abi Khalil a déclaré : « Alors que les atrocités de masse continuent, des vies sont perdues et les provisions ne peuvent entrer. Le blocus total d’Israël sur la Bande de Gaza restreint l’aide vitale, y compris la nourriture, les fournitures médicales, l’eau et les équipements sanitaires.

« En plus du taux de décès déjà horrible, beaucoup d’autres personnes pourraient mourir de faim, de maladies évitables, de diarrhée et de froid. La situation est particulièrement préoccupante pour les enfants, les femmes enceintes et ceux et celles souffrant déjà d’une pathologie.

 « La seule façon d’arrêter le bain de sang et d’empêcher que beaucoup d’autres vies ne soient perdues est un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages et l’autorisation de faire entrer des fournitures cruciales. »

La Cour internationale de justice a organisé une audience sur la légalité de l’attaque prolongée d’Israël contre Gaza, et pourrait émettre une ordonnance d’urgence pour la suspension de la campagne militaire d’Israël. Oxfam soutient tous les efforts en vue d’enquêter et de s’attaquer à tous les crimes d’atrocités de masse, quels que soient les coupables.

15 janvier 2024 CLARIFICATION: Oxfam a calculé les taux quotidiens de morts liés aux conflits dans les pays indiqués, en utilisant des données publiques des Nations unies ou de sources universitaires, et en divisant le nombre total de morts par la durée de chaque conflit. Cependant, ce calcul ne représente pas les taux respectifs de morts pendant les périodes les plus dures des hostilités. Après un examen supplémentaire, Oxfam est confiant dans le fait que Gaza a le taux de décès le plus sanglant de n’importe quel conflit des 24 dernières années, mais les chiffres exacts varieront pendant les périodes de conflit plus intenses. Oxfam a par conséquent enlevé le mot « massivement » (« excède massivement le taux quotidien de décès… ») dans le paragraphe d’introduction.

Notes

  • Les chiffres sont basés sur les endroits où les données étaient disponibles, d’autres conflits pour lesquels il n’y a pas de données n’ont pas été inclus.
  • Les statistiques des morts par jour sont basées sur les morts des civils et des combattants.
  • Selon UNOCHA, il y a eu 23074 morts rapportés à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 7 janvier 2024, une moyenne de 250,8 par jour et 330 morts pour l’instant en Cisjordanie.
  • Les statistiques des morts par jour pour l’Afghanistan, l’Iraq, la Syrie et le Yémen viennent de : Human Cost of Post-9/11 Wars: Direct War Deaths in Major War Zones, Afghanistan (October 2001 October 2019); Iraq (March 2003 October 2019); Syria (September 2014-October 2019); Yemen (October 2002-October 2019); and Other. Neta C. Crawford and Catherine Lutz, 13 novembre 2019.
  • Les sources pour les statistiques de l’Ukraine : UN OHCHR. Les sources pour les victimes des combattants depuis février 2022 sont https://theloop.ecpr.eu/estimating-troop-losses-on-both-sides-in-the-russia-ukraine-war/; https://www.reuters.com/world/europe/ukrainian-group-says-more-than-30000-troops-have-died-russias-invasion-2023-11-15/. Ces chiffres sont les meilleures estimations.
  • Les chiffres pour le Soudan viennent de UNOCHA (15 avril – 7 décembre 2023).
  • Selon l’UNRWA, plus d’un million de personnes ont fui vers le gouvernorat de Rafah.
  • Selon le Réseau de la sécurité alimentaire, l’aide humanitaire alimentaire ne satisfait que 10% des besoins hebdomadaires, alors que 2, 2 millions de personnes ont besoin chaque jour de nourriture.
  • Selon l’Affichage quotidien du Centre conjoint d’opérations humanitaires (JHOC), 9 janvier 2023, le nombre de cas connus souffrant de diarrhée aqueuse aiguë à Gaza est 40 fois plus élevé qu’à la même période l’an dernier, mais doit être en fait plus élevé encore à cause du manque de données sur les zones non accessibles.

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