Il a été clair dès le début de la querelle à propos du théâtre Le Tricycle, lors de l’été 2014, que l’ingérence et les menaces du gouvernement sur le financement….
Il a été clair dès le début de la querelle à propos du théâtre Le Tricycle, lors de l’été 2014, que l’ingérence et les menaces du gouvernement sur le financement avaient joué un rôle déterminant dans la capitulation du théâtre. Aujourd’hui, nous en détenons la preuve irréfutable sous la forme d’une vantardise de la bouche même du secrétaire d’État britannique à la Culture.
Sajid Javid s’est joint au Premier ministre David Cameron cette semaine pour confondre les actions non violentes du boycott – ou dans le cas du Tricycle, simplement le refus d’un financement par le gouvernement d’Israël pendant l’assaut militaire de cet État contre Gaza – avec les agressions violentes contre des personnes et des institutions juives. Lors d’une allocution au Conseil des représentants des juifs britanniques dimanche, Javid a mérité sa réputation sans tache de soutien aux tactiques d’intimidation par les groupes lobbyistes pro-Israël. Selon les Nouvelles Juives, Javid a présenté le boycott culturel comme « une forme de la plus ancienne haine au monde ».
Javid a déclaré aux représentants qu’il « n’avait aucune tolérance pour le boycott culturel d’Israël ». Et d’ajouter, « qu’il soit culturel, éducatif ou qu’il s’agisse du désinvestissement, la réponse est la même ».
Citant le boycott de l’année dernière du Festival britannique du film juif (UKJFF) par le théâtre Le Tricycle à Kilburn, Javid a déclaré : « Je suis intervenu. J’ai pensé que c’était purement et simplement inacceptable et une faute. J’ai été extrêmement clair sur ce qui pourrait arriver à leur financement (du théâtre) s’ils tentaient, ou si quelqu’un tentait, à nouveau ce genre de chose ».
Sajid est alors en contradiction avec l’assurance donnée par son propre ministère alors que celui-ci répondait à une plainte en novembre :
Le secrétaire d’État a exprimé sa propre préoccupation personnelle devant les actions du théâtre concernant l’UKJFF qui ont politisé des relations culturelles de longue date. Vous savez peut-être que le secrétaire d’État a écrit à l’UKJFF pour expliquer qu’il ne pouvait pas intervenir dans cette affaire. Il n’y avait pas à s’ingérer dans les libertés artistiques. Tant le secrétaire d’État que le ministre de la Culture respectent pleinement le principe de pleine concurrence, spécialement quand il s’applique à la liberté d’expression et à l’activité artistique.
Dans un envoi précédent, nous avions révélé que, en s’adressant à la conférence annuelle du Syndicat des étudiants juifs en décembre, Javid a confirmé son ingérence, mais sans être explicite sur la menace qu’il avait utilisée pour forcer la capitulation du théâtre :
Quand j’ai entendu parler de l’interdiction par le Tricycle, j’ai su que je ne pouvais pas tout simplement le laisser faire.
Il est totalement inacceptable pour un théâtre d’agir de cette façon, et je n’ai pas répugné à le dire à ses directeurs.
Et je suis content de pouvoir dire cela, après de longues discussions, le Tricycle et le Festival britannique du film juif ont réglé leurs différends.
Cette « résolution » a été atteinte – c’est maintenant encore plus clair – en tenant une partie sous la menace d’un fusil : « Cédez ou vous perdez votre financement ». Un débat est nécessaire d’urgence sur les implications de la menace du secrétaire d’État à la Culture sur l’indépendance des organisations d’art du Royaume-Uni. En dépit de la vantardise de Javid, le secrétaire à la Culture n’a aucun pouvoir réel pour décider quels groupes peut obtenir un financement – tout au moins, ce n’est pas de cette façon que le financement de l’art est censé fonctionner au Royaume-Uni. (*)