Le poète et universitaire Refaat Alareer a été tué par une frappe aérienne israélienne

Le poète, écrivain, professeur de littérature et militant palestinien Dr. Refaat Alareer a été tué aujourd’hui dans une frappe aérienne israélienne ciblée qui a aussi tué son frère, sa soeur et les quatre enfants de sa soeur. Sa femme Nusayba et leurs enfants lui survivent.

Dr. Alareer était un professeur de littérature et d’écriture créative apprécié à l’Université islamique de Gaza, où il enseignait depuis 2007.

Il a été le co-éditeur de Gaza Unsilenced (2015 [Gaza non réduite au silence]) et l’éditeur de Gaza Writes Back: Short Stories from Young Writers in Gaza, Palestine (2014 [Gaza réplique : nouvelles écrites par de jeunes écrivains de Gaza]). Dans sa contribution à la collection Light in Gaza: Writings Born of Fire [Lumière à Gaza : Ecrits nés du feu], parue en 2022, contribution intitulée « Gaza Asks: When Shall this Pass? [Gaza se demande : quand cela passera-t-il ?] », Refaat écrivait :

« Cela passera, je continue à l’espérer. Cela passera, je continue à le dire. Parfois je le crois. Parfois non. Et alors que Gaza continue à haleter, s’efforçant de survivre, nous luttons pour que cela passe, nous n’avons pas d’autre choix que de riposter et de raconter ses histoires. Pour la Palestine. »

Dr. Alareer était aussi l’un des fondateurs de We Are Not Numbers, une organisation sans but lucratif lancée à Gaza après l’attaque d’Israël en 2014 et consacrée à créer « une nouvelle génération d’écrivains et de penseurs palestiniens qui peuvent apporter ensemble un profond changement à la cause palestinienne. »

Sur son populaire compte Twitter, «  Refaat in Gaza » Dr. Alareer condamnait avec véhémence les atrocités commises contre son peuple par les forces israéliennes, ainsi que par les gouvernements américains successifs qui les facilitent.

Ce bouleversant poème, épinglé à son profil depuis le 1er novembre, s’adresse à l’avenir terrible qu’Alareer pouvait voir se profiler et à la résistance qui donnait de l’espoir à tant de ses followers dans ces temps très sombres :

« Si je dois mourir, que ce soit un conte.
#FreePalestine
#Gaza
Si je dois mourir,
tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes objets
pour acheter un morceau de tissu
et quelques cordes
(prends-le blanc avec une longue traine)
afin qu’un enfant, quelque part à Gaza,
regardant le ciel dans les yeux
attendant son père parti dans un feu d’artifice —
et sans dire adieu à quiconque
pas même à sa chair
pas même à lui-même —
voit le cerf-volant, mon cerf-volant que tu as fabriqué, s’envoler
au-dessus de lui
et pense pour un moment qu’un ange est là
ramenant l’amour
Si je dois mourir
que cela apporte l’espoir
que ce soit un conte. »

Sa mort, annoncée au début de l’après-midi, a suscité une vague de chagrin, et de colère, parmi ses amis, ses collègues, ses anciens étudiants et ses followers :

Sur le compte X (ex: Twitter) de Middle East Eye, le 8 décembre 2023 :

« Le professeur Refaat Alareer a été tué par les forces israéliennes, a annoncé son ami jeudi.
Alarrer était le co-fondateur du projet « We Are Not Numbers » [Nous ne sommes pas des nombres], un professeur à l’Université islamique de Gaza et un des écrivains, poètes et militants les plus importants de Gaza. »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Mosab Abu Toba, le 7 décembre :

« Mon coeur se brise, mon coeur est brisé, mon ami et collègue Refaat Alareer a été tué il y a quelques minutes avec sa famille. Refaat est professeur d’université & écrivain & éditeur. Je ne veux pas le croire. Nous aimions ramasser des fraises ensemble. J’ai pris une photo de lui cet été. »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Assal Rad, le 7 décembre 2023 :

« ‘Mon message aux peuples libres du monde est de bouger, de faire pression, de mobiliser et d’aller dans la rue … Les gens de Gaza veulent être en sécurité, nous ne voulons pas être tués.’
L’universitaire et militant palestinien Refaat Alareer parlait ainsi à Democracy Now en octobre. Il a été tué aujourd’hui par Israël. »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Séamus Malekafzali, le 7 décembre 2023 :

«  Refaat Alareer, professeur de littérature anglaise à Gaza, a enregistré beaucoup de ses cours et les a mis en ligne. Je voudrais vous encourager tous à les regarder et à voir l’amour qu’il avait pour la poésie, pour Shakespeare et pour la Palestine. »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Dr. Beth Kitson, le 7 décembre 2023 :

« Extrait d’un essai de 2021 dans le New York Times par Refaat Alareer, qui a été tué aujourd’hui avec sa famille.
‘J’ai acheté à Amal ses friandises favorites : des dragées et des biscuits au chocolat. Quand je suis revenu, nous avons arrangé une version muette de ‘Senna Helwa’ (‘Bon anniversaire’), bien moins bruyamment que nous la chantons d’habitude. Amal a souri timidement. Je l’ai regardée et j’ai promis de l’emmener manger le plus gros des gâteaux quand ‘cela’ sera terminé. Lundi, pris par surprise par les attaques, je n’ai pas raconté d’histoires à mes enfants avant de dormir, comme d’ordinaire. C’était une erreur que j’essaierai de ne pas répéter. »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Muhammad Shehada, le 7 décembre 2023 :

« Israël a tué le professeur Refaat al-Areer, un des plus importants écrivains, poètes et militants de Gaza, qui a passé sa vie à essayer de faire entendre la voix de Gaza au monde extérieur.
Il a été tué dans la maison de sa soeur lors d’une frappe aérienne ciblée qui a aussi tué son frère, sa soeur et ses quatre enfants … »

Sur le compte X (ex: Twitter) de Jehad Abusalim جهاد أبو سليم, le 7 décembre 2023 :

« Je connaissais Refaat Alareer depuis mes 17 ans. Il m’a enseigné mon premier cours d’écriture en anglais. Plus qu’un enseignant, c’était un mentor, un ami et il se souciait vraiment de ses étudiants, au-delà de la classe. Sa passion était la langue anglaise, mais il ne l’enseignait pas comme un moyen de se dissocier de la société, comme c’est habituel pour beaucoup d’anglophones des classes moyenne et supérieure dans le Tiers monde. Pour Refaat, l’anglais était un outil de libération, une voie pour se libérer du siège prolongé de Gaza, un instrument de téléportation qui défiait les grilles d’Israël et le blocus intellectuel, académique et culturel.
Quand Refaat m’a enseigné l’anglais ainsi qu’à mes amis, il a fait en sorte que nous lisions Malcolm X, ou el-Hajj Malik el-Shabazz, comme il nous rappelait souvent de le nommer. Il soulignait qu’apprendre une langue exige de comprendre sa culture et d’être critique et conscient que la langue n’est pas indépendante des questions de pouvoir et de représentation.
Le chemin de Refaat pour apprendre et enseigner a été parsemé de combats. Sa vie a été difficile, marquée par d’importantes pertes familiales. Pourtant, il a persévéré, il a riposté et répliqué. Un jour, beaucoup d’entre nous, étudiants de Refaat, partagerons des morceaux de son histoire. Aujourd’hui, cependant, rappelons-nous que Refaat a une famille à Gaza pleurant un père et un mari aimant. Si nous devons à Refaat quelque chose, c’est de continuer notre combat jusqu’à un cessez-le-feu, jusqu’à la fin de la destruction de Gaza. Alors, #CeasefireNOW ! (Sur cette photo, Refaat, Youssef Aljamal et moi sommes sur le ferry de Staten Island, pendant la tournée de Refaat aux Etats-Unis en 2014 pour présenter son livre @GazaWritesBack.)