USS a « matériellement » réduit son exposition à la dette et aux titres israéliens sous la pression de ses membres
Le plus grand fonds de pension du secteur privé de Grande-Bretagne a vendu 80 millions de livres sterling [= c. 94 millions d’euros] d’actifs israéliens, rejoignant une vague de retrait mondial des fonds de retraite de la région en conflit sous la pression du public.
Le régime de retraite des universités [Universities Superannuation Scheme (USS)], gérant 79 milliards de livres sterling [= c. 92 milliards d’euros], et comptant plus de 500 000 membres, a « matériellement » réduit son exposition aux investissements israéliens, y compris dans la dette du gouvernement et les devises israéliennes au cours des six derniers mois, ont dit deux personnes informées sur la question. L’USS a commencé à vendre à perte le portfolio d’obligations et de devises en mars, ont dit ces personnes.
L’USS a refusé de commenter.
Cette mesure fait suite à une pression soutenue de la part des membres du fonds de pension, inquiets du bilan d’Israël en matière de droits humains dans les territoires palestiniens occupés depuis le début de la guerre avec le Hamas l’an dernier.
Les membres de l’USS sont en grande partie des employés du secteur de l’enseignement supérieur, dont des enseignants dans de prestigieuses universités comme Oxford ou Cambridge.
Dans son dernier report annuel, publié le mois dernier, l’USS a dit qu’il avait « un devoir légal d’investir selon les meilleurs intérêts financiers de [ses] membres et bénéficiaires ».
À l’époque, il a déclaré qu’il avait réduit son exposition au Moyen-Orient « en réponse aux risques financiers qui ont fait leur apparition ». Dans le passé, le fonds de pension a aussi cessé d’investir dans l’industrie du tabac et l’extraction de charbon thermique.
La guerre a commencé en octobre quand le Hamas a exécuté un raid transfrontalier qui, selon les autorités israéliennes, a tué 1200 personnes à l’intérieur d’Israël. L’offensive de l’État juif sur Gaza qui a suivi a tué presque 40000 personnes, selon les autorités de santé de la Bande de Gaza.
L’Union des universités et collèges universitaires (University and College Union, UCU), qui représente des membres de l’USS, a dit que cela avait soulevé des inquiétudes sur le fonds de pension, en ce qu’il investissait dans des entreprises figurant sur la liste de surveillance des Nations Unies parmi celles qui violent le droit international.
« Nous saluons ce qu’ils ont fait en se débarrassant des obligations et devises du gouvernement israélien, mais nous voulons qu’ils aillent plus loin et désinvestissent des entreprises qui soutiennent le gouvernement israélien dans son conflit à Gaza », a déclaré Dooley Harte, responsable d’UCU.
La décision de l’USS suit des actions similaires d’autres fonds de retraite importants qui se sont retirés de leur exposition israélienne sous la pression de leurs membres.
En juin, KLP, qui gère le plus grand fonds de pension privé de Norvège, a déclaré s’être désinvesti de sa participation de près de 70 millions de dollars [= c. 65 millions d’euros] au groupe industriel américain Caterpillar, à cause du risque que son équipement ne soit utilisé pour violer les droits humains des Palestiniens.
Pension Denmark, un des plus gros fonds de pension au Danemark avec plus de 800000 membres, a aussi retiré tous ces investissements des banques israéliennes.
Au Royaume-Uni, les régimes de retraite du secteur public dont les liquidités sont liées à des groupes fournissant des armes à Israël sont sous pression de se débarrasser de leurs avoirs.
Cependant, le conflit a aussi offert à quelques investisseurs des opportunités pour récupérer des actifs dans cette région du Moyen-Orient accablée par les conflits.
En mai, le Financial Times a rapporté que des conseils municipaux locaux aux États-Unis étaient parmi les plus acheteurs récents d’obligations israéliennes les plus enthousiastes. Israel Bonds, le souscripteur officiel pour la dette, a dit à l’époque que, depuis le début de la guerre le 7 octobre de l’an dernier, il avait vendu plus de 3 milliards de dollars [= c. 2, 75 milliards d’euros] de la dette dans le monde entier, trois fois le montant annuel.
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État de Palestine
Mission palestinienne au Royaume-Uni
Communiqué de presse sur le désinvestissement du plus grand fonds de pension privé du Royaume-Uni des actifs israéliens
Londres, 9 août 2024 :
Le plus grand fonds de pension privé du Royaume-Uni, l’USS (Universities Superannuation Scheme), a désinvesti 80 millions de livres sterling des actifs israéliens impliqués dans l’occupation coloniale illégale du territoire palestinien.
Nous saluons cette politique basée sur des principes car elle nous rapproche de la paix et de la justice dans la région.
Elle nous rapproche aussi d’une application littérale du jugement de la CIJ du mois dernier selon lequel la présence continue d’Israël dans le territoire palestinien occupé et les colonies qui y sont installées sont illégales et qu’il faut y mettre fin, avec un démantèlement de toutes les colonies.
Nous espérons que la décision importante de l’USS deviendra bientôt générale et inclura toutes les entreprises figurant sur la liste des Nations Unies de celles complices du projet de colonisation illégale d’Israël dans le territoire occupé.
Sanctions, embargos d’armes et désinvestissement des entreprises impliquées dans les nombreuses violations du droit international par Israël sont les outils les plus puissants pour aider à mettre fin aux crimes de guerre d’Israël, à l’occupation illégale d’Israël et ils préparent le terrain à une paix juste et durable.
Nous demandons instamment aux autres investisseurs britanniques d’adopter une politique d’investissement éthique cohérente avec le droit intérieur et le droit international et de suivre la décision fondée sur des principes et efficace de l’USS.
Dans notre cas, comme cela l’a été pour l’Afrique du Sud de l’apartheid, désinvestissement et sanctions sauvent des vies et ouvrent la voie à un meilleur avenir.
