Le gouvernement israélien impose des sanctions contre Haaretz, coupe tous les liens et enlève sa publicité

La résolution approuvée dimanche 24 n’est pas apparue sur l’ordre du jour du gouvernement publié avant la réunion hebdomadaire du cabinet et le Premier ministre Benjamin Netanyahu l’a approuvée sans passer par l’habituel examen juridique.

Le gouvernement d’Israël a approuvé dimanche une proposition du ministre des Communications Shlomo Karhi qui demande à tout organisme subventionné par le gouvernement de s’abstenir de communiquer avec Haaretz ou de placer des communications dans le journal. La proposition a été approuvée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou.

La décision, selon l’explication du gouvernement, est une réaction à « de nombreux éditoriaux qui ont nui à la légitimité de l’État d’Israël et à son droit à l’auto-défense, et tout particulièrement les remarques faites à Londres par l’éditeur de Haaretz, Amos Schocken, qui soutient le terrorisme et appelle à imposer des sanctions au gouvernement ».

La proposition n’est pas apparue sur l’ordre du jour du gouvernement publié avant la réunion hebdomadaire du cabinet. Le bureau du procureur général, qui n’était pas informé de l’intention de voter sur la proposition, ne l’a pas examinée du tout et n’a pas présenté son avis, comme c’est le cas habituellement. La résolution a été présentée aux ministres pendant la discussion, sans avis juridique.

Dans un discours à la conférence de Haaretz à Londres le mois dernier, Schocken a dit que « le gouvernement Netanyahou ne s’inquiète pas d’imposer un régime d’apartheid cruel à la population palestinienne. Il néglige le coût des deux côtés pour défendre les colonies tout en combattant les combattants de la liberté palestiniens, qu’Israël appelle terroristes ».

Après un large tollé public, Schocken a clarifié ses remarques, en expliquant que sa mention sur les combattants de la liberté palestiniens n’était pas une référence au Hamas. « J’aurais dû dire : les combattants de la liberté qui ont aussi recours à des tactiques terroristes — qui doivent être combattues. L’utilisation du terrorisme n’est pas légitime. »

« En ce qui concerne le Hamas », a ajouté Schocken, « ce ne sont pas des combattants de la liberté, car leur idéologie affirme essentiellement : ‘Tout est à nous, les autres devraient partir’».

Les commentaires de Schoken ont incité Karbi à lancer une campagne renouvelée exhortant à un boycott du journal par le gouvernement. Il y a un an, il avait approché le secrétaire du cabinet, Yossi Fuchs, avec un projet de résolution afin de faire cesser les publications du Bureau de la communication gouvernementale dans Haaretz et d’arrêter toutes les souscriptions au journal des employés de l’État — y compris dans les Forces de défenses israéliennes, la police, le service des prisons d’Israël, les ministères et les compagnies détenues par l’État.

Haaretz a réagi à la décision du gouvernement par la déclaration suivante : « La résolution opportuniste de boycotter Haaretz, qui a été votée dans une réunion du gouvernement aujourd’hui sans aucun examen juridique préalable, est une autre étape dans le parcours de Netanyahou pour démanteler la démocratie israélienne. Comme ses amis Poutine, Erdoğan et Orbán, Netanyahou essaie de réduire au silence un journal critique indépendant. Haaretz ne reculera pas et ne se transformera pas en un opuscule gouvernemental qui publie les messages approuvés par le gouvernement et son leader. »