Le corps enseignant du Pitzer College en Californie a massivement voté en faveur de deux motions soutenant le mouvement de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits palestiniens. Alors que les attaques d’Israël contre le système éducatif palestinien augmentent, professeurs et étudiants défendent les droits palestiniens.
27 novembre 2018— Plus tôt ce mois-ci, les enseignants du Pitzer College en Californie ont massivement voté en faveur de deux motions soutenant le mouvement de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits palestiniens.
Dans la première motion, les enseignants ont rejeté une décision prise l’an dernier par le président et les administrateurs de Pitzer[[Pitzer est un College au sens américain, c’est-à-dire un établissement d’enseignement supérieur de premier cycle.]] de rendre nulle une résolution du Conseil des étudiants soutenant BDS. Cette résolution du Conseil des étudiants, adoptée en avril 2017, visait à empêcher qu’une subvention pour des activités étudiantes soit utilisée pour acheter des biens d’entreprises complices dans l’occupation militaire illégale des territoires palestiniens par Israël.
Dans la deuxième motion, les enseignants ont appelé le Pitzer College à suspendre le programme d’échange universitaire avec l’université de Haifa jusqu’à ce qu’Israël cesse de restreindre l’admission selon l’ascendance ou les discours politiques et « adopte des politiques accordant des visas pour des échanges avec les universités palestiniennes sur une base totalement égale à ce qui se fait pour les universités israéliennes ».
Daniel Segal, Jean M. Pitzer Professeur d’anthropologie et professeur d’histoire, a expliqué :
« En tant que corps enseignant de Pitzer, nous avons massivement voté pour exprimer qu’il est inacceptable que le président de notre université et son conseil d’administration violent l’autonomie du conseil des étudiants dans le contrôle de ses fonds, en ciblant, comme base à cette interférence, les inquiétudes des étudiants à propos de la relation de Pitzer à la Palestine et à Israël. C’est la première fois dans l’histoire de l’université qu’il y a une tentative pour déroger à l’autonomie des étudiants quand ils décident comment accorder leurs subventions. C’est antidémocratique et contre tous les principes. Le conseil de Pitzer essaie d’appliquer une « exception palestinienne » à la libre expression.
Ce qui est important ici n’est pas seulement le résultat, qui est un soutien clair du corps enseignant en faveur des droits palestiniens. Ce qui est aussi important est que les enseignants de Pitzer ont voté après s’être informés des réalités de la vie des Palestiniens et des politiques et pratiques de l’état israélien. Mes collègues de Pitzer ont, pour résumer, rempli leurs responsabilités en tant qu’intellectuels. »
Samia Botmeh, professeure et doyenne à l’université Birzeit en Cisjordanie palestinienne occupée et responsable militante dans la Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI), a déclaré :
« Les enseignants et les étudiants de l’université Pitzer défendent les droits palestiniens à un moment critique. Les attaques d’Israël contre l’éducation palestinienne ne sont pas nouvelles, mais dans les deux dernières années, elles n’ont fait qu’augmenter.
J’ai des collègues avec des passeports étrangers, dont des professeurs chevronnés enseignant à mon université depuis des années, qui se sont vus refuser des visas ou des renouvellements de visas. Israël contraint les universitaires enseignant en Palestine occupée à abandonner leurs vies et leurs étudiants. Beaucoup d’entre eux ont des origines palestiniennes, tous sont confrontés à la menace d’être expulsés à cause de leur origine ethnique ou de leur engagement pour l’éducation palestinienne.
Israël repousse aussi beaucoup de nos étudiants internationaux aux frontières, les empêchant de s’inscrire à des cours ou de continuer leurs études en Palestine.
La répression par Israël de la liberté universitaire palestinienne et la perturbation de l’éducation palestinienne font partie intégrante du régime militaire qui nous est imposé et des efforts pour contrôler chaque aspect de notre vie.
Il est réconfortant de voir des collègues universitaires du monde entier se dresser à cette occasion pour s’assurer que ni eux, ni leurs institutions ne soient complices de ce dommage à l’éducation et à la vie des Palestiniens. C’est une responsabilité professionnelle et éthique. »