Nulle part n’est sûr à Gaza alors qu’Israël commet des massacres dans les zones qu’il a désignées comme « zones de sécurité » pour les civils. Les gens craignent que la visite de Joe Biden ne donne à Israël le feu vert pour rayer Gaza de la carte.
La situation à Khan Younis est horrible. Étant donné qu’Israël a dit aux habitants du nord de Gaza de fuir vers le sud, les gens sont venus ici pensant que ce serait un havre sûr et qu’il n’y aurait plus de frappes aériennes, de destruction ou de ciblage de civils. C’est l’inverse qui s’est produit.
Le bombardement continue. La nuit d’hier a été sanglante à Khan Younis. Des bombardements indiscriminés. Des bruits terrifiants jamais entendus jusqu’alors, même à Gaza. Chaque missile faisait trembler le sol et les maisons.
Jusqu’à maintenant des gens fuient vers le sud depuis les zones de Zaytoun et de Shuja’iyya de la ville de Gaza au nord. Des familles entières transportent ce qu’elles peuvent de leurs biens et attachent même des meubles sur leurs voitures. Elles se dirigent vers Khan Younis et Nuseirat.
Dans le sud, à Bureij – région désignée par l’armée israélienne comme « zone de sécurité » où étaient dirigés les civils en fuite – Israël a commis un massacre dans une école qui abritait des réfugiés. À Khan Younis, une autre famille a aussi été visée par une frappe aérienne, dans laquelle 30 personnes ont été tuées tandis que leur maison s’écrasait sur elles. Ces massacres sont commis quotidiennement. Ils visent des civils directement dans leurs maisons, dans les écoles et dans l’espace public. Depuis la nuit dernière et jusqu’à cet après-midi, plus de 100 personnes sont devenues de martyrs dans ces soi-disant « zones de sécurité ». L’armée israélienne dit aux gens d’aller là et ensuite les bombarde. Cela a commencé dès le premier jour de l’évacuation vers le sud, lorsqu’un convoi de voitures de civils fuyant la ville de Gaza a été touché par une frappe aérienne.
Le plus remarquable à Khan Younis ce sont les files d’attente incroyablement longues devant les boulangeries et les supermarchés. Les produits alimentaires aussi se raréfient. Les gens sont à la recherche de farine, de riz, de haricots, de lentilles ou de tout autre produit sur lequel ils peuvent mettre la main dans les magasins. Peu y arrivent. Les vendeurs disent que la raréfaction est due à la coupure des livraisons depuis le nord, la plupart de ces produits venant généralement de la ville de Gaza. Les réserves de nourriture existantes ont déjà été épuisées.
Tout cela au beau milieu d’un blackout presque total. Nous luttons pour charger nos appareils ou pour trouver un endroit pourvu en électricité ou d’une connexion internet. Avant la guerre, les gens avaient déjà l’habitude de pannes partielles et utilisaient les batteries de voitures pour éclairer leur maison le soir lors des coupures programmées. Mais même ces batteries se sont vidées. Certains se sont mis à chercher des bougies.
Chaque maison du sud de Gaza est suroccupée à un point insupportable. Il n’est pas une maison n’ayant pas trois ou quatre familles sous son toit. Toutes sans électricité, sans accumulateurs, sans lumière, voire sans nourriture. L’eau est rationnée.
Le ministère de la santé de Gaza a commencé à faire appel aux habitants de Gaza qui pourraient avoir fait chez eux des réserves de carburant en prévision du froid de l’hiver, pour qu’ils en fassent don au ministère. Les hôpitaux sont au bord de la rupture d’énergie et s’ils en ont, ils vont être transformés en morgues. Les hôpitaux de la soi-disant « zone de sécurité » reçoivent des ordres d’évacuation de l’armée israélienne. L’hôpital koweitien spécialisé de Rafah n’a été averti d’une menace de bombardement que deux heures avant. L’équipe de l’hôpital a refusé de partir.
Au vu de nouvelles récentes sur une invasion terrestre à partir de dimanche, les gens à Khan Younis appréhendent la visite attendue de Biden en Palestine mercredi prochain. Nombreux sont ceux qui pensent qu’à son arrivée il va une fois de plus donner le feu vert à Israël pour effacer Gaza de la carte.