La poétesse palestinienne Dareen Tatour a été condamnée le 31 juillet 2018 à cinq mois de prison en Israël, apogée d’une saga de presque trois ans d’emprisonnement et de résidence….
La poétesse palestinienne Dareen Tatour a été condamnée le 31 juillet 2018 à cinq mois de prison en Israël, apogée d’une saga de presque trois ans d’emprisonnement et de résidence surveillée à la suite de la publication en octobre 2015 d’une vidéo présentant son poème « Résiste mon peuple, résiste leur ». Tatour, 36 ans, a déjà passé trois mois en prison avant de passer les deux années et demie suivantes en résidence surveillée. Le traitement infligé à Tatour en tant que citoyenne palestinienne d’Israël a clairement mis en lumière les conditions racistes, discriminatoires et d’apartheid réservées aux Palestiniens de ‘48, tout en dévoilant la réalité qui se cache derrière les prétentions d’Israël à la démocratie et à la liberté académique.
Tatour sera le 8 août dans la prison israélienne où elle purgera une peine deux mois de prison, reste de sa condamnation. Elle a été accusée d’incitation il y a plusieurs mois par un tribunal de Nazareth pour ses poèmes et écrits sur les réseaux sociaux. Un certain nombre de dirigeants politiques en Palestine de ‘48 occupée ont assisté à l’audience et des écrivains du monde entier ont exprimé leur soutien à Tatour. PEN International a identifié ce cas comme l’un de ceux qui visent la liberté d’expression.
« Après avoir examiné l’acte d’accusation et les preuves avancées contre elle, PEN a conclu que Dareen Tatour a été ciblée pour sa poésie et son militantisme et demande sa libération immédiate et inconditionnelle. » Jennifer Clement, présidente de PEN International, a dit que Dareen Tatour est jugée pour avoir écrit un poème. Dareen Tatour est critique envers la politique israélienne, mais les gouvernements qui se présentent eux-mêmes comme des démocraties ne brident pas les désaccords. Des mots comme ceux de Dareen Tatour ont été utilisés par d’autres poètes révolutionnaires, pendant la guerre du Vietnam, pendant d’autres guerres de libération, et on peut les trouver dans les œuvres de Sufiya Kamal du Bangladesh, ou d’Ernesto Cardenal du Nicaragua, et ainsi de suite. » Des centaines d’écrivains et d’artistes internationalement reconnus, dont Edwidge Danticat, Ahdaf Soueif, Alice Walker, Eve Ensler, Ariel Dorfman, Russell Banks et Barbara Hammer, ont demandé la libération de Tatour.
Comme Yaav Haifawi, l’un des organisateurs de la campagne de libération de Darren Tatour, l’a écrit dans l’explication détaillée de son cas, « Tatour a été suspectée à tort et la totalité de l’enquête sur son affaire est la conséquence de cette erreur. Mais sa condamnation n’est pas une erreur. Elle a été clairement identifiée comme une fière Arabe palestinienne qui résiste à son oppression et à l’oppression de son peuple. Pour cela, elle a été condamnée ».
Dareen Tatour est loin d’être le premier poète palestinien – dont nombre de poètes de la Palestine de ‘48 – ciblé par l’occupation israélienne pour être arrêté en emprisonné. L’emprisonnement et le jugement de Dareen Tatour vient comme en écho des arrestations et de l’emprisonnement de Mahmoud Darwish, Samih al-Qasim, Tawfiq Zayyad et beaucoup d’autres, sans oublier l’assassinat de Ghassan Kanafani, Wael Zuaiter, Kamal Nasser et autres poètes et écrivains palestiniens. Aujourd’hui, il y a des dizaines de journalistes palestiniens en prison, dont l’écrivaine Lama Khater, de al-Khalil, arrêtée juste la semaine dernière et retenue pour interrogatoires par les forces d’occupation israéliennes. La famille de Khater a dit que les soldats lui avaient dit que, si elle arrêtait d’écrire, elle ne serait pas arrêtée.
Dans un longue et émouvante interview par Mondoweiss, Tatour a évoqué les expériences vécues avec ses compagnes prisonnières. « Chaque prisonnière que j’ai rencontrée et connue a une histoire qui vaut la peine d’être connue. Chacune apporte un message humain important. Il y a 45 prisonnières palestiniennes que j’ai personnellement connues et qui m’ont laissée avec des sentiments et des souvenirs inoubliables. Je veux aider à faire entendre leurs voix…
Après ma libération, je projette de me consacrer au mouvement des femmes. Je projette de créer une association de femmes palestiniennes qui puisse se joindre aux associations de défense des droits des femmes à travers le monde. Bref, ces trois dernières années m’ont fait aimer plus que jamais les femmes et j’espère changer les choses avec elles. »
Samidoun, Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, dénonce la condamnation de la poétesse palestinienne Dareen Tatour, dernier exemple de la répression militaire violente des arts, de la culture et de l’expression littéraire palestiniens. Le cas de Tatour met en évidence la réalité du régime israélien envers les citoyens palestiniens en Palestine de ‘48 occupée – c’est-à-dire une attaque et un déni de leur existence, leur identité et même leur créativité.
Qu’ils affrontent les tribunaux militaires qui condamnent 99,74 % des Palestiniens conduits devant eux, les audiences de la détention administrative qui envoient les Palestiniens en prison sans charge ni procès ou les tribunaux « civils » qui criminalisent la poésie et infligent des condamnations extrêmes aux enfants de Jérusalem, le système israélien tout entier est fondé sur la dépossession et le déni des Palestiniens et est fondamentalement et profondément injuste et raciste.
Son cas met aussi en lumière le rôle des Palestiniennes dans la conduite du mouvement de libération ainsi que dans la création artistique et la culture. A travers l’histoire du mouvement de libération et de la culture de résistance palestiniens, l’art et l’organisation des femmes ont toujours tenu une place centrale – et même essentielle – dans le développement de la lutte anti-coloniale et dans la production créative qui l’a accompagnée.
Liberté et justice pour Dareen Tatour et tous les Palestiniens emprisonnés et persécutés !
AGISSEZ !
1. Plusieurs organisateurs de la campagne pour libérer Darren Tatour ont lancé « Poème en procès », campagne pour faire connaître l’affaire et soutenir ses continuels défis juridiques. Les organisateurs appellent les musiciens, poètes et autres artistes à créer des œuvre fortes en y incorporant le poème incriminé de Tatour. « Avec votre accord, nous avons l’intention de sortir un album de propositions exclusivement numérique qui serait disponible à la vente dans plusieurs programmes. Tous les produits de la vente seront utilisés pour aider à la contestation juridique de Dareen contre sa condamnation. SVP soumettez votre œuvre d’ici le 28.09.2018 via Wetransfer à : poemontrial@gmail.com . » Lisez en plus sur : https://www.poemontrial.org/
2. Intensifiez le boycott culturel d’Israël. Les Palestiniens ont depuis longtemps appelé au boycott des institutions académiques et culturelles de l’État d’Israël et demandé aux acteurs et artistes de se retenir d’aller se produire en Israël tant que celui-ci continue à violer les droits des Palestiniens. Ceci inclut le rejet de parrainage d’événements culturels et de festivals de cinéma par les ambassades d’Israël à travers le monde. En réaction au mouvement croissant de boycott, les supporters de l’apartheid israélien et les représentants du régime israélien font souvent appel à « la liberté académique » et aux « échanges culturels ». L’emprisonnement de poètes comme Dareen Tatour prouve le mensonge de ce genre de déclarations et sape l’importance du boycott culturel. Trouvez en plus sur https://bdsmovement.net/pacbi, http://aurdip.org et http://usacbi.org.