L’Université de Birzeit condamne une atteinte à la liberté universitaire après que des universitaires ont été forcés à quitter la Palestine

Depuis le début de l’année universitaire (2017-2018), des dizaines de détenteurs de passeports étrangers, dans bien des cas d’origine palestinienne mais dépourvus de titres de séjour, vivant et travaillant dans….

Depuis le début de l’année universitaire (2017-2018), des dizaines de détenteurs de passeports étrangers, dans bien des cas d’origine palestinienne mais dépourvus de titres de séjour, vivant et travaillant dans le territoire palestinien occupé, se sont vus refuser l’entrée dans le pays, ou ont vu leur demande de renouvellement de visa refusée par les autorités israéliennes. Pour la seule Université de Birzeit, nous avons 15 membres du personnel enseignant qui ont demandé le renouvellement de leur visa et pour qui ce renouvellement a été refusé ou fortement retardé.

Ces personnes sont des membres à temps plein de notre personnel qui travaillent dans les différents départements de notre campus, et certains sont des enseignants chevronnés ou sont même à la tête de départements. Les professionnels actuellement menacés enseignent au niveau de la licence, de la maîtrise ou du doctorat à l’Université de Birzeit, font partie de commissions universitaires, et organisent des colloques ou conférences publiques qui répondent aux besoins de la population palestinienne. Quelques professeurs ont déjà été contraints de quitter le pays, notamment un membre du département d’anglais et de littérature et un professeur d’histoire européenne de l’Institut Ibrahim Abu Lughod d’Études Internationales qui a consacré toute sa carrière universitaire, depuis quatre décennies, à la Palestine et à l’université.

Ces professeurs internationaux jouent un rôle essentiel non seulement en fournissant un enseignement de qualité à l’Université de Birzeit, mais aussi en contribuant au développement à long terme de l’enseignement supérieur palestinien. Si cette politique se poursuit, les universités palestiniennes, y compris celle de Birzeit, seront plus que jamais maintenues à l’écart de l’environnement universitaire mondial. Notre capacité à assurer un enseignement de rang mondial sera encore amoindrie si nous perdons les perspectives internationales, les expériences professionnelles diverses et les compétences de haut niveau que ces enseignants apportent à la vie universitaire palestinienne et à la vie du campus dans son ensemble. Dans l’environnement universitaire mondial du 21e siècle, la présence d’un corps enseignant multinational est une clé de l’excellence pour les universités du monde entier. Si l’Université de Birzeit et l’enseignement supérieur palestinien dans son ensemble se voient refuser le droit d’engager des enseignants d’origine nationale diverse, ce qui nous est refusé, en dernière instance, est notre droit de dispenser un enseignement d’une qualité et d’un niveau conformes aux normes mondiales en vigueur.

Le droit à l’éducation est un droit humain fondamental défini à l’Article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cet article souligne le lien crucial entre l’éducation et la mise en œuvre à l’échelle mondiale de perspectives, d’une compréhension et de liens entre des nations et des peuples divers :

« L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l’amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix. »

Une longue suite de résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies et d’arrêts de la Cour internationale de Justice affirment l’obligation pour Israël d’exercer ses responsabilités de puissance occupante en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ainsi que dans la bande de Gaza, conformément au droit international humanitaire (notamment la Convention de La Haye de 1907 et la Quatrième Convention de Genève de 1949) et aux dispositions applicables du droit international en matière de droits humains. Israël est obligé en vertu du droit international de protéger et de faciliter le fonctionnement des institutions civiles palestiniennes, y compris l’enseignement supérieur. Il incombe à tous les États signataires de ces résolutions de veiller à ce qu’Israël remplisse ses obligations à l’égard du système éducatif palestinien en vertu du droit international ; cet État doit notamment exercer son contrôle sur l’entrée et la présence d’universitaires étrangers de manière à éviter d’infliger un préjudice inutile à l’enseignement supérieur palestinien et au droit fondamental à l’éducation de la population occupée.

Nous lançons un appel aux hommes et aux femmes du monde entier – et aussi aux gouvernements, aux institutions, aux universitaires et aux associations – en leur demandant de dénoncer ces mesures et de protéger notre droit fondamental à la liberté universitaire à l’Université de Birzeit et dans la totalité de l’enseignement supérieur palestinien.