À l’attention : du haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, Mr Josep Borell, du chef de la délégation de l’Union en Cisjordanie et dans la bande de Gaza,….
À l’attention :
du haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères, Mr Josep Borell,
du chef de la délégation de l’Union en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, Mr Tomas Niklasson
Le 30 juin, des dizaines de soldats armés de l’occupation israélienne ont arrêté le défenseur palestinien des droits de l’homme Mahmoud Nawajaa, en pleine nuit, à son domicile près de Ramallah, ils l’ont menotté et lui ont bandé les yeux devant sa famille, et ils l’ont conduit à la prison de Jalameh, un centre d’interrogatoire haute sécurité à l’intérieur de l’État d’Israël. Mr Nawajaa est un dirigeant communautaire respecté et il est le coordinateur général du Comité national palestinien du BDS [[Le Comité national palestinien du BDS (BNC) est une large coalition de plus de 200 organisations de la société civile palestinienne – ONG, syndicats, groupes confessionnels, organisations artistiques, communautaires et de réfugiés – et il dirige le mouvement mondial et pacifique de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) pour la liberté, la justice et l’égalité pour tous les Palestiniens. Le BDS est un mouvement antiraciste et anticolonial qui s’inspire largement du mouvement anti-apartheid sud-africain et de celui des droits civiques aux États-Unis.]].
Depuis son arrestation, les autorités israéliennes détiennent Mr Nawajaa sans inculpation et elles lui refusent le droit de rencontrer ses avocats. En outre, sa détention dans la prison de Jalameh, qui se trouve à l’intérieur de l’État d’Israël, constitue un acte de déportation illégale, une violation grave de la Quatrième Convention de Genève (articles 49 et 147), et un crime de guerre en vertu du Statut de Rome de la Cour pénale internationale (article 8²) [[ Article 8², paragraphe 2, point a) vii) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Articles 49 et 147 de la Quatrième Convention de Genève.]].
L’arrestation du militant palestinien Mahmoud Nawajaa par les soldats israéliens est une tentative de plus pour réprimer les défenseurs palestiniens des droits de l’homme et les dirigeants communautaires, et, en particulier, de le persécuter en tant que responsable du mouvement non violent, dirigé par les Palestiniens, de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) qui conduit une résistance civile mondiale au régime d’apartheid qu’Israël impose au peuple palestinien.
Cependant, cette arrestation n’est pas un incident isolé ; récemment, de nombreux dirigeants de la communauté palestinienne et étudiants palestiniens ont été incarcérés dans des prisons et centres de détention israéliens. Aujourd’hui, quelque 4700 prisonniers politiques sont détenus dans les prisons israéliennes, dont 160 enfants et 365 personnes internées sans inculpation ni procès dans le cadre de la détention administrative.
Il est important de noter que la Convention internationale sur l’élimination et la répression du crime d’apartheid définit la « persécution d’organisations et de personnes par la privation des droits et libertés fondamentaux au motif qu’elles s’opposent à un apartheid » comme étant l’un des actes inhumains commis pour maintenir un système d’apartheid. Nous sommes fermement convaincus que ces arrestations, y compris celle de Mr Nawajaa, s’inscrivent dans un tel mode de persécution.
Mahmoud Nawajaa est l’un des principaux défenseurs palestinien des droits de l’homme, il est très estimé en Palestine et dans le monde pour son plaidoyer inlassable et fervent en faveur des droits de son peuple, les indigènes palestiniens, et du BDS en tant que moyen pour aider à la réalisation de ces droits. Front Line Defenders, l’un des groupes de défense des droits de l’homme les plus respectés au monde, spécialisé dans la protection des défenseurs des droits de l’homme, a demandé sa libération immédiate.
« L’UE », comme l’a exprimé dans une déclaration Madame Federica Mogherini, alors haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, « tient bon dans la protection de la liberté d’expression et de la liberté d’association, conformément à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, (…) y compris en ce qui concerne les actions du BDS ».
En plus, le 11 juin, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a décrété à l’unanimité que l’appel au boycott d’Israël est reconnu comme un droit civil.
L’UE s’est également engagée à soutenir et à protéger les défenseurs des droits de l’homme dans les pays non membres de l’UE, conformément à ses directives sur les défenseurs des droits de l’homme.
Nous, Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine, coalition de 40 organisations de la société civile et ONG de 20 pays européens, nous nous joignons aux appels déjà nombreux pour la libération immédiate de Mahmoud Nawajaa.
Nous vous demandons, à vous représentants de l’UE, de préciser quel type d’actions l’UE va entreprendre pour assurer la libération immédiate de Mr Nawajaa et de tous les prisonniers palestiniens détenus sans inculpation ni procès.
En outre, nous estimons qu’il est grand temps pour l’UE d’aller au-delà de la critique des violations des droits de l’homme et du droit international commises par Israël, et de prendre des mesures concrètes.
Il est temps que des mesures concrètes soient mises en œuvre par l’UE et les gouvernements européens, et notamment la suspension de l’Accord d’association UE-Israël et l’exclusion de la participation aux Programmes-cadres de l’UE qui sont financés par l’argent des contribuables européens. L’UE a des outils à sa disposition qui peuvent changer les dynamiques dangereuses sur le terrain et renforcer l’efficacité d’une responsabilisation, et de la responsabilité internationale, telles qu’exposées dans les lois internationales et européennes.
La Coordination européenne des comités et associations pour la Palestine (ECCP)