L’état ne devrait pas dire aux gens quelles causes ils peuvent soutenir ou non,’ a déclaré une enseignante rendue inemployable par le projet de loi contre lequel la plainte a été déposée.
WASHINGTON – L’Union Américaine pour les Libertés Civiques a annoncé mercredi qu’elle portait plainte au niveau fédéral contre l’état du Kansas au sujet d’un nouveau projet de loi exigeant des fonctionnaires qu’ils déclarent ne pas boycotter Israël. La plainte sera déposée au nom d’une professeure de maths du public qui, selon l’UALC, boycotte les entreprises israéliennes et internationales qui opèrent dans les territoires palestiniens occupés.
L’enseignante, selon la déclaration de l’organisation, était employée depuis 9 ans au poste qu’elle occupe actuellement, elle est également formatrice pour enseignants. Au début de l’année scolaire 2017-18, il lui a été demandé pour la première fois de signer un document, conformément avec la loi « anti-BDS » récemment passée au Kansas. Le document exige des employés qu’ils confirment ne pas participer au boycott d’Israël. Et, comme indiqué dans le texte de loi, déclarer le contraire les rendrait inemployable par l’état.
L’enseignante, Esther Koonz, est membre de l’Eglise Mennonite des Etats-Unis, et explique que sa décision de ne pas acheter des produits fabriqués dans les colonies est basée sur ses croyances religieuses. Elle refusa de signer le document, et par conséquent, ne put participer aux programmes organisés pour les enseignants par l’état du Kansas.
Le projet de loi du Kansas est similaire aux lois « anti-BDS » qui furent passées par de nombreux états ces dernières années. L’UALC affirme que de telles lois contredisent le Premier Amendement car ils nuisent à la liberté d’expression. “Le Premier Amendement interdit le gouvernement d’utiliser ses leviers financiers pour imposer un examen idéologique,” a déclaré Brian Hauss, un avocat de l’organisation pour les droits civiques.
Il ajouta que « cette loi est une tentative inconstitutionnelle du gouvernement de réduire au silence une partie d’un débat public en contraignant les gens à ne pas exprimer leurs croyances, notamment celle de participer au boycott politique. » L’UALC déclara ne pas prendre position, en tant qu’organisation, sur le sujet du boycott d’Israël ou de quelque autre pays, mais que de choisir de s’engager dans ce genre de boycott est un droit protégé par le Premier Amendement.
L’enseignante explique également que « vous n’avez pas besoin de partager mes croyances ou d’être en accord avec mes décisions pour comprendre que cette loi viole mes droits de liberté d’expression. L’état ne devrait pas dire aux gens quelles causes ils peuvent soutenir ou non. Je suis déçue de ne pouvoir être une formatrice de maths pour l’état du Kansas à cause de mes opinions politiques. »
L’organisation de gauche Jewish Voice for Peace, qui soutient les actions BDS, a exprimé son soutien à la plainte de l’UALC, expliquant que « la législation du Kansas exige des employés de l’état qu’ils signent une déclaration certifiant qu’ils ne boycottent pas Israël ou ’les territoires sous sa juridiction,’ y compris les entreprises qui font des affaires en Israël ou dans les colonies illégales. Cela signifie non seulement que les individus sont contraints par le gouvernement d’abandonner leur droit d’exprimer une opinion politique, mais cela signifie également que le gouvernement des Etats-Unis accroît sa protection politique des colonies illégales d’Israël. »
La plainte reçu une autre déclaration de soutien, celle-ci du président de New Israel Fund, Daniel Sokatch, qui expliqua que bien que son organisation ne soutient pas le BDS, elle s’oppose aux tentatives de nuire à la liberté d’expression afin de protéger les colonies : « Ne nous leurrons pas : cette législation a pour but de bâillonner ceux qui s’opposent aux colonies. C’est une extension de la politique israélienne de colonisation conçue pour s’assurer qu’il n’y ait jamais de solution à deux états. Cela nuit à Israël, et cela nuit aux libertés fondamentales en Amérique. »