Les organisateurs comptent sur plus de 35 000 participants lors du deuxième week-end de protestation ■ L’armée israélienne déploie des effectifs supplémentaires et confirme ses règles d’ouverture du feu ■ Un avion des FDI attaque un Palestinien armé près de la frontière
Une semaine après que des snipers de l’armée israélienne ont tué 19 habitants de Gaza et en ont blessé des centaines, la deuxième vague des manifestations de la Marche du Retour va débuter ce vendredi matin (6 avril) près de la frontière entre Gaza et Israël. Les marches de vendredi dernier ont attiré 35 000 personnes, et les organisateurs s’attendent à ce que leur nombre augmente.
En prévision des rassemblements de vendredi, des bulldozers s’activaient mercredi à agrandir le terrain accueillant un campement de tentes près de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, et à installer des tas de sable près de la clôture frontalière pour protéger les manifestants des tirs israéliens.
Les Gazaouis ont aussi rassemblé des pneus, qu’ils ont l’intention de brûler près de la clôture dans l’espoir que la fumée noire et épaisse gênera les tirs des soldats sur les manifestants. Sur les médias sociaux, la manifestation de ce vendredi est déjà surnommée la Journée du Pneu.
Un avion des Forces de défense d’Israël (FDI) a ouvert le feu dans la nuit de mercredi sur un Palestinien armé à proximité de la clôture frontalière, dans le nord de la bande de Gaza, selon une déclaration du porte-parole des FDI. Le ministère palestinien de la Santé a confirmé avoir trouvé un corps à l’est de la ville de Gaza, et indique que cet homme est mort à la suite de la frappe aérienne israélienne.
Jeudi (5 avril), dans un communiqué distinct, le ministère palestinien de la Santé a signalé que trois pêcheurs avaient été blessés par des tirs de balles réelles des FDI au large de Gaza.
Les FDI renforceront leur déploiement le long de la frontière de Gaza, en prévision des rassemblements d’habitants de Gaza vendredi à proximité de la clôture frontalière. Les règles d’ouverture du feu, qui autorisent les snipers à tirer sur quiconque se rapprocherait de la clôture dans l’intention de la franchir et d’entrer en Israël, restent en vigueur. Néanmoins, l’armée mènera une enquête interne pour examiner les circonstances qui ont entraîné des morts et des blessures lors des manifestations de la semaine dernière et d’autres incidents de frontière pendant la semaine.
Le ministère palestinien de la Santé a annoncé jeudi qu’un habitant de Rafiah âgé de 34 ans avait succombé à une blessure à la tête subie lors de la manifestation de vendredi, ce qui porte à 20 le nombre de décès consécutifs à ce rassemblement.
Mercredi (4 avril), comme cela s’est produit pendant toute cette semaine, quelques jeunes manifestants se sont approchés de la clôture frontalière et ont attiré le feu israélien. Selon le Croissant Rouge, deux jeunes gens ont subi des blessures légères aux jambes par balles réelles lorsqu’ils se sont approchés de la frontière près de Nahal Oz en compagnie de dizaines d’autres jeunes hommes.
Des militants du Hamas, y compris des membres de sa branche armée, ont joué un rôle important dans les préparatifs et les manifestations elles-mêmes. Une grande quantité de pneus a été rassemblée dans la bande de Gaza, et il serait prévu d’y mettre le feu et, par ailleurs, d’utiliser des miroirs, dans l’espoir que les snipers auront du mal à repérer leur cible à cause de la fumée et des reflets éblouissants.
En raison des tensions, des troupes des brigades Givati et Nahal seront déployées le long de la frontière, apportant leur renfort aux effectifs de la brigade Golani et du corps des blindés qui sont déjà sur zone. Des officiers supérieurs superviseront les opérations, avec à leur tête le chef du Commandement Sud, Eyal Zamir. Avigdor Lieberman, ministre de la Défense, et le chef d’état-major Gadi Eizenkot ont rendu visite cette semaine à la Division de Gaza pour veiller à ce que les leçons de la semaine dernière soient tirées et à ce que la semaine à venir soit bien préparée.
Selon les organisateurs des manifestations, les événements de vendredi dernier (30 mars) montrent que la dite Marche du Retour est une protestation non violente portant un message unifié, approuvé par toutes les factions palestiniennes, ce qui encouragera davantage de personnes à s’y associer. Ils s’attendent également à voir des manifestations de solidarité dans les villes du monde arabe et islamique, ainsi qu’en Europe. Les organisateurs estiment que la manifestation de vendredi dernier et celles, plus réduites, qui ont suivi au cours de la semaine ont suscité l’attention internationale et ont propagé dans le monde entier les sujets soulevés par les manifestants.