L’armée dit qu’elle étudie la possibilité d’utiliser ce système pour déployer des méthodes approuvées de dispersion des foules dans le cadre de ‘préparatifs pour affronter ceux qui perturbent l’ordre’.
L’armée israélienne a installé, dans la ville d’Hébron en Cisjordanie, un système télécommandé de dispersion des foules, qui comporte la capacité de tirer des grenades assourdissantes, des gaz lacrymogènes et des balles à tête spongieuse.
Ce système, encore en phase expérimentale, a été installé dans la rue Shuhada, sur un barrage routier dans la zone qui, dans le passé, a été le foyer de manifestations et d’affrontements entre les Palestiniens et l’armée d’Israël.
L’armée dit qu’elle étudie la possibilité d’utiliser ce système pour déployer des méthodes approuvées de dispersion des foules, qui ne comportent pas de tirs à armes réelles. Après publication, elle a précisé que, étant en phase expérimentale, ce système n’utilisera que des balles à tête spongieuse, en dépit de plusieurs incidents au cours desquels des balles à tête spongieuse ont causé de graves blessures en Cisjordanie et en Israël au long des années.
Le système installé à Hébron a été créé par Smart Shooter [Tireur intelligent], société qui conçoit des systèmes pour suivre et verrouiller des cibles en utilisant un traitement d’images fondé sur l’intelligence artificielle. Elle s’enorgueillit de la précision de ses frappes sur des cibles définies par son système, que l’on peut contrôler à distance.
En Cisjordanie, ce système n’a été installé qu’à Hébron.
« Le système a été placé au centre d’une zone densément peuplée, avec des centaines de passants. Toute déficience de cette technologie aurait des conséquences sur quantité de personnes », dit Issa Amro militant des droits de l’homme à Hébron. « Je le vois comme faisant partie d’une transition du contrôle humain au contrôle technologique. Nous Palestiniens sommes devenus un objet d’expérimentation et d’entraînement pour l’industrie de haute technologie de l’armée israélienne, qui ne rend aucun compte pour quoi qu’elle fasse », dit-il.
L’année dernière, le Washington Post a révélé qu’Israël avait commencé à utiliser en Cisjordanie une technologie de reconnaissance faciale appelée « Blue Wolf » [Loup Bleu] pour contrôler et surveiller les Palestiniens. Ce système est une base de données nourrie de détails et de photos de Palestiniens, dont les numéros d’identité, l’âge, le sexe, l’adresse, les numéros de plaques d’immatriculation, les liens avec d’autres individus, le statut professionnel en Israël, ainsi que les impressions négatives notées par les soldats sur des Palestiniens lors de leurs rencontres.
Des caméras de reconnaissance faciale ont été installés ces dernières années à Hébron sur les barrages routiers. En 2018, l’armée israélienne a commencé à utiliser un drone capable de larguer des gaz lacrymogènes sur des manifestations dans la Bande de Gaza et, en 2021, Haaretz rapportait que la police avait commencé à utiliser ces drones contre les manifestants en Israël. En plus, un système permettant de tirer à distance à balles réelles a été installé à Gaza.
Un porte-parole de l’armée a répondu à ce rapport en disant : « Dans le cadre de l’amélioration des préparatifs de l’armée pour affronter les gens qui perturbent l’ordre dans la zone, elle étudie la possibilité de se servir de systèmes télécommandés pour l’utilisation des mesures améliorées de dispersion des foules. On n’y inclut pas le contrôle à distance des tirs à balles réelles. »