Tous les signataires de ce texte sont humanistes – et juifs. Juif, chacun l’est bien sûr à sa façon. Mais en la circonstance, croyant ou pas, pratiquant ou pas, sioniste ou pas, ayant ou non développé des relations fortes avec Israël, les différences comptent peu. Le point commun de tous les signataires de ce texte est qu’ils donnent à leur attachement au judaïsme une portée éthique.
La violence perpétrée contre le cortège accompagnant la journaliste américano-palestinienne vers sa dernière demeure est contraire aux valeurs du judaïsme.
Tous les signataires de ce texte sont humanistes – et juifs. Juif, chacun l’est bien sûr à sa façon. Mais en la circonstance, croyant ou pas, pratiquant ou pas, sioniste ou pas, ayant ou non développé des relations fortes avec Israël, les différences comptent peu. Le point commun de tous les signataires de ce texte est qu’ils donnent à leur attachement au judaïsme une portée éthique. Et même si certains ne sont pas habitués à le faire, c’est bien en tant que juifs qu’ils s’expriment ici publiquement.
En 2018, la Knesset déclarait Israël État-nation du peuple juif. Sans qu’aucun d’entre nous ait été consulté sur ce que pouvait signifier pareille définition, ni n’ait participé à l’élection des parlementaires qui l’adoptaient. De cette façon, la Knesset rendait d’office les juifs de diaspora et au-delà le judaïsme lui-même coresponsables de la politique menée par les instances dirigeantes de cet Etat.
Il s’agit là d’un évident abus de pouvoir. Les juifs de diaspora ne peuvent d’aucune façon intervenir dans la définition de cette politique. Et le judaïsme n’a de toute évidence rien à voir là-dedans. C’est là la seule chose que nous, juifs, voulons aujourd’hui rappeler solennellement.
Pourquoi aujourd’hui ? Parce que le vendredi 13 mai, comme vous, comme des millions de personnes dans le monde, nous avons été les témoins bouleversés de la manière dont la police israélienne s’est attaquée au cortège de ceux qui souhaitaient accompagner à sa dernière demeure la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée sur le terrain alors qu’elle couvrait la prise d’assaut du camp de Jénine le 11 mai par les forces militaires israéliennes. Témoins de la manière dont cette police s’est attaquée à ceux qui portaient son cercueil, et à son cercueil lui-même, qui a manqué de peu d’être renversé.
De tels faits, attestés par des images relayées sur toute la planète, souillent la terre dont certains croient qu’elle leur a été donnée par Dieu. Ils souillent aussi le judaïsme et notre humanité commune. Nous, juifs et humanistes, déclarons que cette police n’est pas notre police, que ses donneurs d’ordre ne nous sont rien. Et que les actes dont cette police et ses donneurs d’ordre se rendent coupables ne nous engagent pas.
Le judaïsme, quelle que soit la définition qu’on en donne, n’autorise ni n’ordonne aucun acte semblable. Héritiers, chacun à sa façon, d’une histoire séculaire faite de justes combats et de souffrances sans nom, nous, juifs et humanistes, avons de la judéité une idée incompatible avec la perpétration de tels actes. De cette judéité, nous ne détachons pas certains principes à nos yeux intangibles. Le simple respect des morts et de leur corps en fait partie.
Premiers signataires :
Jean-Christophe Attias, directeur d’études à l’EPHE.
Esther Benbassa, directrice d’études émérite à l’EPHE, sénatrice de Paris.
Dominique Vidal, journaliste et historien.
Tauba Alman, militante associative.
Simon Assoun, éducateur spécialisé et militant anticolonialiste.
Corinne Atlas, autrice.
Laurence Baur, retraitée de l’enseignement.
Sophie Bessis, historienne.
Hervé Bismuth, enseignant-chercheur à l’Université de Bourgogne
Bernard Bloch, comédien, metteur en scène et auteur.
Henri Blotnik, documentaliste.
Hervé Élie Bokobza, auteur de « Israël Palestine, la paix à la lumière de la Torah » (2009) et de « De la violence juive » (2018).
Gilbert Cabasso, professeur de philosophie retraité.
Brigitte Denker-Bercoff, enseignante-chercheuse.
Willy Estersohn, journaliste retraité, fils de parents morts à Auschwitz, Bruxelles.
Nadia Ettayeb, journaliste.
Gérard et Michèle Fay, géographe et enseignante.
Bernard Frédérick, journaliste.
Philip Golub, politologue, professeur à l’American University of Paris.
Jean-Guy Greilsamer, militant juif antisioniste.
Viviane Guelfi, enseignante.
Pierre Khalfa, économiste, Fondation Copernic.
Gérard Lévy, militant écologiste.
Laurent Lévy, retraité.
Chantal Morgenbesser, enseignante retraitée.
Dominique Natanson, juif antisioniste.
Béatrice Ores, militante antiraciste.
Richard Rechtman, directeur d’études à l’EHESS.
André Rosevègue, militant anticolonialiste, Bordeaux
Élisabeth Salomon, retraitée.
Haoues Seniguer, maître de conférences en science politique à Sciences Po Lyon.
Carol Shyman, vice-présidente du festival Palestine en vue.
Pierre Stambul, juif antisioniste, fils de déporté.
Rinke van den Brink, journaliste et écrivain, Amsterdam.
Dominique Ventre, juif antisioniste.
Leila Vidal Sephiha, femme de théâtre et chercheuse, Zurich.
Richard Wagman, militant anticolonialiste.
Michel Warschawski, militant anti-colonialiste, Jérusalem.
Idith Zertal, historienne.
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