Ramallah, le 19 mai 2022 – La semaine dernière, des soldats israéliens se sont servies d’une jeune fille Palestinienne de 16 ans comme bouclier humain devant un véhicule militaire israélien,….
Ramallah, le 19 mai 2022 – La semaine dernière, des soldats israéliens se sont servies d’une jeune fille Palestinienne de 16 ans comme bouclier humain devant un véhicule militaire israélien, alors qu’ils se déployaient dans Jénine, ville dans le nord de la Cisjordanie occupée.
Ces soldats israéliens ont obligé Ahed Mhohammad Rida Mereb, 16 ans, à se tenir devant un véhicule militaire israélien le 13 mai, vers 8 h du matin, dans le quartier d’Al Hadaf, à Jénine, alors que des Palestiniens armés tiraient intensément sur la position des forces israéliennes, selon une information recueillie par Defence for Children International – Palestine. Les forces israéliennes ont ordonné à Ahed de se tenir devant le véhicule militaire pendant deux heures alors qu’elles-mêmes étaient assises à l’intérieur.
« Le droit international est explicite et il interdit absolument l’utilisation d’enfants comme boucliers humains par des forces armées ou des groupes armés » affirme Ayed Abu Eqtaish, directeur du Programme de responsabilisation à Defense for Children International – Palestine. « Les forces israéliennes, en mettant intentionnellement un enfant en grave danger pour se protéger, commettent un crime de guerre ».
Les forces israéliennes ont assiégé la maison d’Ahed vers 6 h du matin, le 13 mai, dans le but d’arrêter son frère de 20 ans, selon les documents recueillis par DCIP. Les forces israéliennes ont ordonné à Ahed, à ses parents, et à ses deux jeunes frères de sortir de leur maison et de se rendre dans une cour de l’autre côté de la rue. Les forces israéliennes ont échangé des tirs avec le frère aîné d’Ahed, qui était resté dans la maison. Vers 8 h du matin, des Palestiniens armés ont tiré intensément sur un véhicule militaire israélien, c’est alors que les forces israéliennes ont donné l’ordre à Ahed de se tenir à l’extérieur du véhicule militaire.
« Des balles ont été tirées sur le véhicule militaire depuis toutes les directions » a dit Ahed à DCIP. « Je tremblais et je pleurais, et je criais aux soldats de me laisser partir parce que les balles passaient au-dessus de ma tête, mais l’un d’eux m’a ordonné en arabe, par une petite fenêtre du véhicule militaire ‘Reste où tu es, et ne bouge pas. Tu es une terroriste. Reste à ta place jusqu’à ce que tu dises au revoir à ton frère’ ».
Ahed a tenté de pencher sa tête sur le côté pour esquiver les balles, mais l’un des soldats israéliens lui a ordonné de se tenir droite, selon une information recueillie par DCIP. Ahed s’est tenue devant le véhicule militaire israélien pendant environ deux heures, avant de courir vers un arbre tout proche et de s’effondrer à terre, selon la documentation recueillie par DCIP.
Environ deux heures plus tard, les forces israéliennes ont évacué la maison de deux étages d’Ahed, où elle vivait avec ses parents, ses trois frères, ses grands-parents, deux oncles et leurs épouses, et leur huit enfants âgés d’un an à 11 ans, selon l’information recueillie par DCIP. Après l’évacuation de la famille, les forces israéliennes ont bombardé la maison à coups de grenades autopropulsées, et la maison a pris feu. Les forces israéliennes ont également tiré à balles réelles sur la maison, selon les documents obtenus par DCIP.
Les forces israéliennes se sont retirées du quartier d’Ahed vers 11 heures du matin. Elle a appris alors que les forces israéliennes avaient arrêté son frère aîné et que les habitants du quartier avec publié sur les réseaux sociaux qu’elle avait été utilisée par les forces israéliennes comme bouclier humain, ce qui avait amené les Palestiniens armés à cesser leurs tirs sur le véhicule militaire israélien.
Ahed a été transférée par un véhicule privé à l’hôpital de Jénine où elle a été soignée pour un stress mental intense et un grave manque d’oxygène, selon les documents recueillis par DCIP.
L’utilisation de civils comme boucliers humains, où des civils sont contraints d’aider directement à des opérations militaires ou utilisés pour protéger des forces armées ou des groupes armés ou des objets contre des attaques, est interdite par le droit international. La pratique est également interdite par la loi israélienne sur la base d’une décision prise en 2005 par la Haute Cour de justice israélienne.
Depuis 2000, DCIP a documenté au moins 26 cas impliquant des enfants palestiniens ayant servi de boucliers humains à l’armée israélienne. Tous ces cas, sauf un, sont ultérieurs à la décision de la Haute Cour israélienne de justice. Et un seul de ces cas a conduit à la condamnation de deux militaires, pour « comportement inapproprié » et « abus d’autorité ». Les deux ont été dégradés et condamnés à trois mois de prison avec sursis.