Israël investit des millions dans le collège d’une colonie des Hauteurs du Golan occupées

Selon un récent rapport en langue arabe sur le site Arabs48, un collège israélien des Hauteurs du Golan syrien occupé offre un large éventail d’incitations financières aux futurs étudiants afin….

Selon un récent rapport en langue arabe sur le site Arabs48, un collège israélien des Hauteurs du Golan syrien occupé offre un large éventail d’incitations financières aux futurs étudiants afin d’augmenter les inscriptions.

D’après Arabs48, le Collège Ohalo, situé dans la colonie illégale de Katzrin réservée aux seuls Juifs, veut doubler ses inscriptions jusqu’à 2.500 étudiants dans les sept prochaines années. Dans ce but, les autorités israéliennes vont investir des millions dans la colonie, entre autres pour la construction de logements pour les nouveaux étudiants et l’attribution de subventions pouvant aller jusqu’à 75 pour cent du loyer.

Le Collège Ohalo se trouvait dans la région de Tiberius de l’Israël actuel jusqu’en 1998, lorsqu’il a déménagé à Katzrin pour devenir le premier établissement universitaire israélien des Hauteurs du Golan occupées.

Israël a occupé les Hauteurs du Golan pendant la guerre de 1967 et a déplacé la plupart de ses résidents indigènes syriens. Bien qu’il revendique ce territoire comme faisant partie d’ « Israël » et qu’il l’ait officiellement annexé en 1981, les Nations Unies ont maintes fois confirmé l’illégalité de cette occupation.

Environ 20.000 indigènes syriens -pour la plupart de la communauté religieuse Druze- vivent dans six villages qui existent encore dans le territoire occupé. Les permis de voyager délivrés par Israël à ces résidents les considèrent comme « apatrides ».

Cependant, environ 21.000 colons israéliens vivent dans 33 colonies pour Juifs seulement subventionnées par le gouvernement israélien.

« Pas de possibilité»

La colonie de Katzrin, foyer d’environ 6.700 colons israéliens, est construite sur des terres qui appartiennent au village syrien historique de Kisrin qui était le foyer de Syriens expulsés de leurs terres lorsque Israël les a occupées.

Selon Al-Marsad, organisation locale des droits de l’Homme, plus de 131.000 Syriens furent chassés du Golan quand Israël l’a occupé en 1967.

Ce programme d’encouragement a été approuvé par le gouvernement israélien et va être mis en place par le Ministère du Développement en Galilée et dans le Neguev.

Selon Arabs48, en plus de la subvention mensuelle pour le loyer des étudiants, le Collège Universitaire d’Ohalo va « accroître le nombre d’universitaires, de disciplines universitaires et de chercheurs scientifiques, à Katzrin en particulier et dans les Hauteurs du Golan en général ».

Ce rapport ajoute que « le programme va aussi encourager le tourisme local grâce à l’équivalent de 19 millions de shekels (environ 5.507.246 $) d’investissements financiers dans les musées et les parcs, le « village historique » de Kisrin et les centres religieux juifs talmudiques de la colonie ».

Et pendant ce temps, les résidents indigènes syriens ont peu de possibilités d’éducation supérieure. Il n’y a pas d’établissement reconnu d’éducation supérieure en langue arabe dans les Hauteurs du Golan.

« Nous manquons d’établissements universitaires dans les Hauteurs du Golan occupées », a dit à The Electronic Intifada Aamer Ibrahim, 24 ans, militant basé à Majdal-Shams. « Nous ne pouvons pas rester dans nos villes de naissance et étudier l’histoire d’un point de vue arabe, ou la littérature et la culture arabes, par exemple. »

« Voilà ce que nous attendons en tant que communauté occupée », ajouta-t-il. « En tant que natifs de cette terre, nous estimons impossible qu’un occupant agisse en notre nom en toute occasion. Je crois que le plus important est de voir comment construire un mouvement organisé et des campagnes de résistance.

Colonisation croissante

Les Syriens du Golan doivent donc choisir entre faire le difficile voyage en Syrie majoritairement non occupée afin d’étudier, ou s’inscrire dans les universités israéliennes, honteusement entachées de racisme anti-arabe et de complicité dans l’occupation multi-décennale des terres arabes.

Et comme la violence actuelle en Syrie n’a cessé d’empirer depuis qu’elle a éclaté en mars 2011, c’est devenu de plus en plus difficile d’étudier à Damas et ailleurs. Comme je l’écrivais pour Middle East Eye le mois dernier, les autorités israéliennes ont encore aggravé les restrictions pour les étudiants du Golan qui choisissent d’étudier en Syrie, ne les autorisant à revenir voir leur famille qu’au mieux une fois par an.

Alors que des centaines d’étudiants allaient tous les ans à Damas pour étudier, ce nombre s’est maintenant réduit à quelques douzaines.

Ce dernier programme fait partie d’un schéma plus large des autorités israéliennes pour accroître les efforts de colonisation dans les Hauteurs du Golan occupées depuis l’explosion de la violence en Syrie.

The Electronic Intifada a récemment rapporté qu’une organisation sioniste financée par le gouvernement avait récemment essayé de promouvoir un service civil pour les résidents syriens. Conscients des connections de ce groupe avec le gouvernement israélien, les locaux refusèrent de participer à ce plan.

En janvier 2014, le gouvernement israélien a approuvé un plan de développement de 30.000 dunams (environ 14.000 hectares) de terre syrienne en terre agricole. Selon un rapport publié par le groupe de droits de l’Homme Al-Marsad, « ce plan comprend l’installation de 750 fermes avec un investissement de 108 millions de dollars de la part du gouvernement israélien pour financer la formation agricole, l’amélioration des canalisations d’eau et l’accessibilité aux terres minées pendant les quatre prochaines années. »

Pétrole et gaz

« Etant donné le contexte historique et politique de cette région, l’expansion agricole proposée ne bénéficiera qu’aux colons juifs du Golan occupé et marginalisera et désavantagera économiquement encore plus les indigènes syriens de cette région », a ajouté ce rapport.

Israël avait entrepris des efforts similaires en décembre 2013 lorsque le Ministère israélien de l’Energie et des Ressources en Eau « avait accordé à la société israélo-américaine Genie Energy l’exclusivité de la recherche de pétrole et de gaz sur un rayon de 153 miles carrés dans la partie méridionale du Golan », note un autre rapport d’Al-Marsad.

Dick Cheney, ancien vice-président américain et l’un des architectes de l’invasion désastreuse de l’Irak en 2003, servira de conseiller pour le projet d’exploration dans le Golan occupé. « Cette action viole le droit international et est donc illégale », a dit Al-Marsad.

Le militant Aamer Ibrahim a dit que ces initiatives n’ont rien de nouveau.

« Depuis des décennies, Israël a essayé de détruire tous les liens culturels, politiques et historiques entre les Syriens du Golan et le reste de la Syrie », a-t-il dit. « Et au contraire, ils ont essayé de favoriser la présence sioniste israélienne et ses institutions. »