Le blocus augmentera la pression diplomatique sur Israël, le Premier ministre d’Espagne, Pedro Sánchez, décrivantt la situation comme un « génocide »
Israël a fermé des points de passage dans le nord de Gaza, coupant la route la plus directe pour que l’aide humanitaire atteigne des centaines de milliers de personnes risquant la famine, alors que les frappes aériennes et les bombardements ont tué des dizaines d’autres dans le territoire palestinien dévasté.
Cette mesure de fermeture des points de passage jeudi augmentera la pression diplomatique sur Israël alors que l’attention se détourne de son bref conflit avec l’Iran pour se reporter vers la violence et la grave crise humanitaire à Gaza.
Pendant les 12 jours durant lesquels Israël a combattu l’Iran, plus de 800 Palestiniens ont été tués à Gaza – soit abattus alors qu’ils cherchaient désespérément de la nourriture dans des conditions de plus en plus chaotiques, soit dans les vagues successives de frappes et de bombardements israéliens.
Pedro Sánchez, Premier ministre de l’Espagne et franc critique de l’offensive d’Israël, est devenu jeudi [26 juin 2025] le dirigeant européen le plus important à décrire la situation à Gaza comme un « génocide ».
Parlant à un sommet de l’UE à Bruxelles, Sánchez a mentionné un rapport de l’UE concluant à des « indications » qu’Israël viole ses obligations vis-à-vis des droits humains selon l’accord de coopération, qui forme la base des liens commerciaux.
Le texte se référait au blocus par Israël de l’aide humanitaire pour le territoire palestinien, au nombre élevé de victimes civiles, aux attaques contre les journalistes et au déplacement massif et à la destruction causés par la guerre.
Israël nie avec véhémence l’allégation de crimes de guerre et de génocide, qu’il dit être basée sur des biais anti-Israël et de l’antisémitisme.
Le porte-parole de l’agence de défense civile de Gaza, Mahmud Bassal, a dit que les forces israéliennes avaient tué 56 personnes jeudi, dont six attendant de la nourriture dans deux endroits distincts.
Il n’y a pas eu de confirmation indépendante de cette affirmation, mais les registres médicaux des hôpitaux de terrain gérés par le Comité international de la Croix-rouge et d’autres ONG consultés par le [journal britannique] Guardian détaillent des centaines de blessures par balles chez les civils cherchant de l’aide alimentaire au cours des deux dernières semaines. Des témoins ont aussi décrit des tirs meurtriers de la part des troupes israéliennes.
L’armée israélienne a dit que les soldats avaient « fait des tirs d’avertissement » pour empêcher « des suspects de les approcher » près du couloir Netzarim au centre de Gaza, où des Palestiniens se rassemblent chaque nuit, souvent dans l’espoir d’arrêter des camions d’aide humanitaire.
La nourriture est devenue extrêmement rare à Gaza depuis qu’un blocus serré sur tous les approvisionnements a été imposé par Israël pendant les mois de mars et d’avril, menaçant de nombreuses personnes parmi les 2,3 millions de qui y vivent d’un « risque critique de famine ».
Depuis que le blocus a été partiellement levé le mois dernier, les Nations Unies ont essayé de faire entrer de l’aide humanitaire, mais ont été confrontées à des obstacles majeurs, comme des routes bloquées par les décombres, des restrictions militaires israéliennes, des frappes aériennes continues et une anarchie grandissante.
Atteindre le nord, où les besoins sont les plus grands, a été le plus difficile, mais c’était devenu plus facile quand Israël a ouvert le point de passage Zikim, permettant au blé et à d’autres produits de base d’y être transportés directement.
Les responsables de l’aide dans le territoire ont décrit la fermeture de Zikim jeudi, qu’Israël a dit être nécessaire pour empêcher le Hamas de s’emparer de l’aide, comme « très problématique » et ils ont dit qu’elle impacterait directement la distribution de l’aide.
Les nouveaux points de distribution alimentaire mis en place par une opaque organisation soutenue par les États-Unis et Israël, appelée « Fondation humanitaire pour Gaza » (Gaza Humanitarian Foundation) sont situés dans le centre et le sud de Gaza, hors d’atteinte pour la majorité du million de personnes qu’on estime se trouver au nord.
Le gouvernement israélien a ordonné la fermeture des points de passage du nord après des images sur les réseaux sociaux montrant des hommes armés gardant une livraison d’aide. Les rivaux israéliens de droite de Netanyahou ont allégué qu’ils étaient des membres du Hamas, mais les travailleurs de l’aide humanitaire et d’autres personnes de Gaza ont dit que les gardes étaient loyaux à un conseil de dirigeants communautaires locaux qui avait organisé la protection d’un convoi de fournitures indispensables.
La Haute Commission des Affaires tribales, qui représente des clans influents du territoire, a dit que les gardes avaient été organisées « uniquement par des efforts tribaux » et qu’aucune faction palestinienne — une référence aux groupes combattants de Gaza, dont le Hamas — n’était impliquée.
« Les clans sont venus … prendre position pour empêcher les agresseurs et les voleurs de dérober la nourriture qui appartient à notre population », a dit Abu Salman Al Moghani, un représentant de la Commission.
Lundi [23 juin], 79 camions d’organisations d’aide humanitaire et de la communauté internationale contenant de la nourriture pour les enfants, des fournitures médicales et des médicaments ont été transférés dans Gaza après avoir subi des inspections de sécurité approfondies, ont dit les autorités israéliennes. Mardi, le total était de 71.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a dit jeudi avoir livré sa première cargaison médicale dans Gaza depuis le 2 mars, ajoutant cependant que les neuf chargements de camion étaient « une goutte d’eau dans l’océan ».
La semaine dernière, l’OMS a dit que seuls 17 des 36 hôpitaux de Gaza étaient minimalement ou partiellement fonctionnels, le reste étant totalement incapable de fonctionner.
Israël a lancé une campagne visant à détruire le Hamas après l’attaque du 7 octobre 2023 par le groupe contre le sud d’Israël, au cours de laquelle les combattants [du Hamas et de groupes liés] ont tué environ 1200 personnes, et en ont pris 251 autres en otage. Les combattants détiennent encore 49 otages, moins de la moitié étant encore en vie.
Le nombre total de morts à Gaza dans ce conflit de 20 mois a maintenant atteint 56259, pour la plupart des civils.
Des espoirs pour un troisième cessez-le-feu sont apparus mercredi quand le président des États-Unis, Donald Trump, a dit à des journalistes qu’il croyait que « de grands progrès étaient faits à propos de Gaza ». Mais le Hamas et les responsables israéliens ont depuis suggéré qu’aucun accord n’était proche.
Taher al-Nunu, un responsable du Hamas, a dit mercredi que les discussions avec les médiateurs s’étaient « intensifiées » mais que le groupe n’avait « pas encore reçu de nouvelles propositions » pour mettre fin à la guerre.
Les responsables israéliens ont dit que des efforts pour faire revenir les otages étaient en cours « sur le champ de bataille et par des négociations ».
Sept soldats israéliens ont été tués dans une seule attaque au sud de Gaza mardi, le jour le plus meurtrier pour l’armée dans le territoire depuis qu’elle a rompu le cessez-le-feu avec le Hamas en mars.
Benjamin Netanyahou, le Premier ministre d’Israël, fait face à des appels croissants de politiciens de l’opposition, de familles des otages restés à Gaza et d’une grande partie du public israélien pour mettre un terme aux combats.