La police a dit aux propriétaires des commerces spécialisés en livres en anglais et en arabe sur le conflit israélo-palestinien et sur l’histoire de Jérusalem, qu’ils étaient soupçonnés de trouble à l’ordre public. Leur avocat dit que les policiers ont vraisemblablement fait marche arrière une fois qu’ils ont réalisé qu’ils n’obtiendraient pas d’approbation sur des accusations d’incitation.

La Police israélienne a assailli dimanche deux librairies iconiques de Jérusalem Est, alléguant que les livres qui y étaient vendus constituaient des incitations, mais ensuite les policiers ont arrêté les propriétaires sur soupçon de trouble à l’ordre public.
Après avoir saisi les livres et arrêté les propriétaires des magasins, la police a décidé de changer le chef d’inculpation d’incitation à suspicion de trouble à l’ordre public, maintenant les propriétaires en garde à vue jusqu’au matin. Ils seront présentés au tribunal lundi matin pour une audience, la police ayant demandé une prolongation de huit jours de leur détention.

La police a obtenu du tribunal correctionnel du Juge Chavi Tucker de Jérusalem un mandat de perquisition des magasins et le juge Gad Arenberg a approuvé une extension d’une journée de la détention.
Cette chaine de librairies éducatives est la plus connue de Jérusalem Est , située dans trois lieux sur la rue Salah al-Din et dans le complexe de l’hôtel de l’American Colony. Les librairies sont spécialisées en livres en arabe et en anglais sur le conflit israélo-palestinien et sur l’histoire de Jérusalem et elles sont bien connues des chercheurs, diplomates, journalistes et des touristes.
Dimanche après-midi, des officiers de la police israélienne ont attaqué les magasins de la rue Salah al-Din, fouillé les locaux, examiné les livres pendant un long moment, confisqué des dizaines de livres des deux librairies et arrêté les propriétaires, Mahmoud Muna et son neveu, Ahmad Muna, deux personnalités bien connues de Jérusalem Est. Les officiers ont présenté un mandat de perquisition signé quatre jours plus tôt par le juge Tucker.
« Ils ont utilisé Google Translate pour traduire les livres et dès qu’il y avait quelque chose qu’ils n’aimaient pas, ils prenaient le livre » a dit Mourad Muna, le frère de Mahmoud. « Ils ont même trouvé un exemplaire de Haaretz avec une photo des otages et ont demandé ce que c’était , disant que c’était de l’incitation. Ils ont pris tous les livres qui avaient un drapeau palestinien en couverture ».
Le propriétaire du magasin, Imad Muna, a dit à DPA qu’ « apparemment, quelqu’un s’était plaint des contenus des livres ».

La plupart des livres, à part une dizaine, ont été rendus par la police
https://twitter.com/nirhasson/status/1888712324623569343
L’avocat Nasser Odeh, qui représente les propriétaires, a déclaré que pendant leur interrogatoire, on leur a dit qu’ils étaient soupçonnés de trouble à l’ordre public, non d’incitation.
Pour ouvrir une enquête pour incitation, la police a besoin de l’approbation d’un ministère public. Il semble que les policiers aient réalisé qu’ils n’avaient aucune chance d’obtenir cette approbation, aussi ont-ils changé le chef d’accusation pour l’infraction plus commune de « trouble à l’ordre public ». Je n’ai jamais vu un cas où quelqu’un soit en garde à vue une nuit pour une suspicion de trouble à l’ordre public » a dit Odeh.

La Police d’Israël a dit de l’incident dans une déclaration : « (Les enquêteurs de la police) ont engagé plusieurs opérations d’investigation dans lesquelles ils ont été confrontés à beaucoup de livres au contenu incitant à des actes caractéristiquement nationalistes palestiniens, dont un album de coloriages pour enfants dont le titre était « Du fleuve à la mer ».
La police nationale va continuer à agir contre l’incitation et le soutien au terrorisme, tout en maximisant ses capacités et ses moyens… avec le traçage et l’arrestation de ceux qui sont impliqués (dans de telles activités) et dans des infractions conçues pour nuire aux citoyens d’Israël ».

Des représentants diplomatiques des Pays-Bas, du Royaume Uni, de Belgique, du Brésil, de France, de Suisse, d’Irlande, de Suède et de l’UE se sont tous rendus au Palais de Justice où l’audience doit se tenir, pour montrer leur soutien aux propriétaires de la librairie.
Steffen Seibert, l’Ambassadeur d’Allemagne en Israël, a écrit sur les réseaux sociaux qu’il était « préoccupé d’entendre parler de l’attaque et de la détention (des propriétaires) en prison ».
« Comme de nombreux diplomates, j’apprécie de consulter des livres à la librairie éducative. Je sais que ses propriétaires, la famille Muna, sont de fiers jérusalémites partisans de la paix, ouverts à la discussion et à l’échange intellectuel » a-t-il dit.